Laurence Herszberg « Bienvenue à la maison des images » -/ « Welcome to the house of images » Par Mireille Sartore - Photo Faustine Cornette de Saint Cyr La directrice générale du Forum des Images est en mesure d’assouvir toutes nos envies de cinéma. Parce qu’elle se considère avant tout comme une spectatrice. La rue du Cinéma ? Il n’y en a qu’une au monde et c’est à Paris qu’elle se trouve. En l’empruntant dans l’enceinte du Forum des Halles, on tombe sur le multiplexe UGC le plus fréquenté d’Europe, la bibliothèque du cinéma François-Truffaut et le Forum des Images (1), rouvert en décembre dernier après trois ans de travaux « à rebondissements ». Laurence Herszberg, sa directrice générale, était bien sûr présente le jour J pour applaudir l’initiative de la première capitale à oser baptiser ainsi l’une de ses artères et mettre en place un projet urbain et culturel inédit. « Il faut donner au public une bonne raison de sortir de chez soi ! », explique cette jolie femme tout sourires, que de longues études (Sciences Po, maîtrise de droit public, DESS gestion en droit du personnel) auraient dû normalement conduire dans le bureau des ressources humaines d’une grande entreprise. Un rôle de passeur Dans la famille de Laurence, on apprécie la culture, et à Nancy, « dans la ville où je grandis, je découvre vers 14 ans le festival mondial de théâtre universitaire fondé par Jack Lang (en 1963,ndlr), je me souviens d’y avoir vu des spectacles d’une grande dureté » ; ce fameux théâtre politique des années 70 qui suscitait autant de ferveur chez les artistes que chez les spectateurs. Son premier poste la conduit par hasard à Aix-en-Provence, à la direction régionale des Affaires culturelles. C’est la révélation et la confirmation : « Aucun talent pour être sur scène mais tout à y faire derrière… ». À partir de 1981, Laurence prend part et dirige de nombreux projets culturels dans le domaine du spectacle vivant et de l’audiovisuel. Elle sera notamment l’administratrice générale du Théâtre du Gymnase à Marseille dont elle accompagne la réouverture en 1986, ou celle du Théâtre de la Colline à Paris aux côtés de Jorge Lavelli. « Il y a une excitation toute particulière lorsqu’arrive 20h25, la tension monte dans les loges, on pense avoir fait son possible pour permettre la concrétisation d’un projet, et pourtant, dans cinq minutes, tout nous échappera. » Passionnée, curieuse, Laurence éprouve une sincère admiration, voire de la fascination, pour le milieu des artistes, mais ce qu’elle préfère avant tout, c’est son « rôle de passeur », de transmission auprès des spectateurs. Un sens poussé du service public ? Plus que ça... En 1989, Laurence participe à la grande aventure de l’Opéra Bastille où elle y travaillera cinq ans comme directrice de production. « J’ai eu la chance dans ma carrière d’inaugurer trois établissements d’envergure, dont un opéra, un événement qui se produit habituellement tous les cent ans ! » Son plus beau souvenir ? Une prestation magistrale de Pavarotti dans le cadre d’une répétition générale, où le ténor n’était pas supposé chanter pour de vrai ! Frissons garantis. Les amateurs d’images de tout poil Autrefois Vidéothèque de Paris, instaurée sous le règne de Jacques Chirac, le lieu s’est appelé Forum des Images en 1998 pour refermer sa porte en 2005 (une seule entrée alors difficilement repérable) pour travaux. Entièrement repensé par l’architecte Anouk Legendre, l’espace moderne mais chaleureux (du blanc, du rose et du noir) s’étend désormais sur près de 6000 m², offrant aux amateurs d’images de tout poil un véritable lieu de vie à la programmation foisonnante. « Notre mission n’est pas celle de la Cinéma - thèque qui analyse le cinéma d’un point de vue artistique. Au Forum, le cinéma existe au milieu d’autres formes. Ce qui nous intéresse : le rapport du cinéma au monde et à la société. » Cinq salles sont dédiées à la projection (menus courts, club des jeunes parents, cycles thématiques (2), etc.) et l’Académie, « conçue dans l’esprit de l’université populaire », dispense cours de cinéma, master class (Walter Salles en mars), ateliers pratiques, colloques, etc. Une mention toute particulière pour la Salle des Collections qui permet des consultations-détente sur écrans individuels pour explorer « Paris au cinéma ». The managing director of the Forum des Images is in a position to satisfy all our cinema needs – because she considers herself above alla member of the audience. A Rue du Cinéma ? There’s only one in the world and it’s in Paris. Going down it in the Forum des Halles, you find the most-visited multiplex cinema in Europe, the Bibliothèque François-Truffaut and the Forum des Images, which reopened in December. Laurence Herszberg, its managing director, was of course there on D-day to applaud the first capital bold enough to give this name to one of its streets and setup this totally novel urban cultural project. « Role of supplier » Culture was moderately popular in Herszberg’s family, and in Nancy « the city where I grewup, I discovered the Festival mondial de théâtre universitaire at around the age of 14. I remember seeing very hard shows there » – the famous political theatre of the 1970s that aroused as much passion in the performers as in the audience members. Her first job happened to take her to Aix-en-Provence, to the Direction Régionale des Affaires Culturelles. The following was confirmed : « No talent needed to be on stage, but lots to be behind it. » Herszberg began playing her part in 1981, running numerous cultural projects in the field of live performance. Most notably she was general administrator at the Théâtre du Gymnase in Marseille then at the Théâtre de la Colline in Paris. « There’s a very special kind of excitement when 8.25pm comes : tension mounts in the boxes, you think you’ve done your work to the best of your ability and yet, in five minutes, everything will be out of our hands. » Herszberg has sincere admiration for the performers, but what she prefers above all is her « role of supplier ». In 1989, she took part in the great adventure of the Opéra Bastille where she worked for five years as production director. A lively centre Formerly the Vidéothèque de Paris, the venue changed name to the Forum des Images in 1998 before closing in 2005 for substantial refurbishment. The new space, redesigned by architect Anouk Legendre, now extends over nearly 6,000 m², offering all filmenthusiasts a lively centre with a very busy programme. « Our mission isn’t the same as the Cinémathèque’s, which analyses cinema from an artistic point of view. At the Forum, cinema exists among other forms, like new images for example. What interests us is the relationship between cinema and the world and society. » There are five screening auditoriums, while the Académie, « designed in the spirit of a people’s university », puts on weekly cinema classes and regular masterclasses, seminars, debates and practical workshops etc. Special mention must be made of the Salle des Collections that offers relaxed viewing/consultation on individual screens to explore themes like « Paris in the cinema ». (1) Forum des Images - Tél. 01 44 76 63 00 - www.forumdesimages.fr (2) Voir agenda. mars 2009 www.cotemagazine.com PORTRAIT 19