Styliste sympathique et talentueuse, Carine Gilson a redonné ses lettres de noblesse à la lingerie grâce à ses collections couture et glamour. Dans un milieu où la chute est souvent plus fulgurante que l’ascension, Carine Gilson a préféré, aux pressions commerciales et à la vie publique, l’effervescence discrète de son atelier bruxellois, ainsi que celle de ses deux boutiques londonienne et parisienne. Elle fait partie de la génération de ses jeunes et talentueuses créatrices qui ont choisi de redonner à la lingerie cet esprit couture quelque peu oublié depuis l’émancipation féminine. « Le défi était de maîtriser tout l’art de la corseterie mais avec les techniques actuelles de confort, de réhabiliter le fait main, la finesse et l’élégance de l’ouvrage », explique Carine Gilson. Depuis quinze ans, elle transmet ainsi son amour des belles matières à travers ses collections. Une aventure qu’elle a commencée une fois diplômée des Beaux-Arts et de l’Académie de mode d’Anvers. « À l’époque, j’étais sans le sou, mais très déterminée à faire mûrir mon idée de faire de la lingerie », confie-t-elle. Ses recherches la mènent vers un vieil atelier de confection bruxellois spécialisé dans la bonneterie. « Le lieu datait de 1928. À l’époque, il appartenait à deux frères. Ils allaient fermer faute de repreneur », se souvient-elle. Le coup de foudre opère. Le concept de sa marque germe peu à peu, Carine Gilson Lingerie Couture naît alors de l’envie de retrouver le glamour des années 30, 40 ou 50 en pleine période minimaliste. Elle choisit son emblème : l’oiseau de paradis, référence au raffinement du XVIII e siècle. La nostalgie du rétro D’ailleurs, à y regarder de plus près, ses modèles portent les influences indéniables de grandes couturières comme Madeleine Vionnet ou Madame Grès : incrustations minutieuses de dentelles sur soie, couleurs vives ou poudrées, beaux plissés sur les maillots de bain. Sa première collection est aussitôt distinguée par Barney’s à New York. D’autres magasins suivent. La créatrice belge investit Saint-Germain-des-Prés en 2004 où elle trouvera très vite une clientèle de fidèles. « C’était pour moi l’opportunité de tester la vraie valeur de mon produit auprès de la clientèle et des professionnels ». Son salon feutré de la rue de Grenelle est devenu une adresse incontournable des amoureuses de lingerie fine. « Mes créations sont à utiliser comme une parure de bijoux, des pièces que l’on dévoile discrètement avec des effets dessusdessous ». Aujourd’hui, plus de dix pays la diffusent. Mais très loin de clouer au pilori la qualité pour des logiques de production, Carine Gilson n’a qu’une fierté : pérenniser cette relation entre boutique et atelier, une conception de la mode, selon elle, en voie de disparition. 18 rue de Grenelle, Paris 7 e - Tél. 01 43 26 46 71 FAUSTINE CORNETTE DE SAINT CYR Carine GilsonPar Stéphanie Faby À fleur de peau -/Second skin Likeable and talented designer Carine Gilson has given lingerie back its pedigree thanks to her glamorous couture collections. In a world in which your fall is often more meteoric than your rise, Carine Gilson has chosen the discreet excitement of her Brussels workshop and two shops in London and Paris over commercial pressures and life in the public eye. She is of the generation of talented young designers who have chosen to give lingerie back the couture spirit. « The challenge was to master the whole art of corsetry but use today’s techniques for comfort and put hand-making, delicacy and elegance top of the agenda », explains Carine Gilson. She has been passing on her love of fine materials in this way through her collections for 15 years. Her search took her to an old clothing workshop in Brussels that specialised in hosiery. « The premises dated from 1928. At the time, it belonged to two brothers. They were going to close », she recalls. It was love at first sight. The concept for her label gradually formedand from her desire to bring back 1930s, 1940s and 1950s glamour in the middle of a minimalist era, Carine Gilson Lingerie Couture was born. She chose the bird of paradise as her emblem. Retro nostalgia If you take a closer look, her models also show undeniable influences by couturiers like Madeleine Vionnet and Madame Grès : intricately woven lace panels on silk, bright and powdered colours, and beautiful pleats on swimsuits. Her first collection was singled out instantly by Barneys New York. Other outlets followed. In 2004, the Belgian designer setup shop in Saint-Germain-des-Prés where she quickly found a loyal customer base. « It was the opportunity for me to test the true value of my product with customers and the trade. » Her hushed boutique on the rue de Grenelle has become an essential address for lovers of fine lingerie. « Today, over 10 countries distribute her creations. But far from sacrificing quality in the name of output, Carine Gilson is most proud of one thing : cultivating the relationship between shop and workshop, which, according to her, is a dying concept in fashion. mars 2009 www.cotemagazine.com PORTRAIT 17