PORTRAIT GOURMANDISE 56 Quand on voit la multiplicité de ses activités et le nombre de pays où elle exerce ses talents, on n’est pas étonné que Sylvie Douce ait parfois un peu tendance à sauter du coq-à-l’âne. Et comme pour tout arranger, la créatrice du célèbre Salon du Chocolat vient d’acquérir un château dans le vignoble bordelais où, dit elle, « j’ai un âne, six labradors, neuf vaches, deux étalons, un poney, quarante et un moutons, des paons et des oies », on peut comprendre qu’avec elle l’expression prenne parfois tout son sens au propre comme au figuré. Car cette jeune femme blonde est un véritable bâton de dynamite. Ses réponses fusent en style télégraphique, un jeu amusant qu’il faut décrypter rapidement pour la suivre quand elle explique ce qu’elle entreprend. Comment est née l’idée de créer un salon du chocolat ? Mon métier, créateur d’événements. Anticiper les tendances. Le chocolat, c’était déjà très tendance dès les années 90. Des sondages montraient que 99% des Français aimaient le chocolat et en mangeaient. Il n’y avait aucun événement autour de ce produit délicieux qui a, en plus, d’énormes qualités reconnues comme celle d’être un antidépresseur. 96% des sondés disent que le chocolat leur fait du bien ! 1995, je crée le premier salon à l’espace Branly. 4 000 m², 40 exposants « seulement » mais 40 000 visiteurs. Nous sommes débordés par la foule. 1996 on double la surface. Ensuite, on va au Carrousel du Louvre. Trop petit. Maintenant, on est Porte de Versailles sur 20 000 m². 130 000 visiteurs l’an dernier, 400 exposants venus du monde entier. Quoi de neuf cette année ? Deux pays invités d’honneur, c’est nouveau : la Suisse et l’Italie. Création des Cocoa awards, sortes d’oscars pour les meilleurs dans leur spécialité. Inauguration par Xavier Darcos et Bertrand Delanoë. Les recettes du succès ? Multiplier les animations : conférence du professeur Cabrol sur les bienfaits du chocolat, dégustations, défilé de mode où les designers font des robes que les grands chocolatiers enrobent, démonstration des grands chefs qui réalisent des recettes devant le public, etc. Plus une opération caritative qui permet de distribuer chaque année trois tonnes de chocolat dans les hôpitaux. décembre 2008 - janvier 2009 www.cotemagazine.com Sylvie Douce UNE FEMME INSATIABLE AN∂INSATIABLE WOMAN Par Gerald Asaria - Photo Faustine Cornette de Saint Cyr Portrait, interview et réponses télégraphiques d’une femme pressée qui a fait du chocolat une œuvre d’art. -/Portrait, interview and short sharp answers from, a woman in a hurry who has turned chocolate into a work of art. Un concept qui s’exporte bien… 11 e salon à New York en novembre. Au Japon 7 salons dans 7 villes différentes depuis 8 ans. Là, les femmes sont des passionnées. On en reçoit 500 000 par an. Les chefs dédicacent même les boîtes ! Troisième salon à Moscou. Pékin en 2008, Shanghai en 2009 et Madrid en mars prochain. Plus d’autres projets. Vous avez racheté un grand nom… Avec mon mari, Boissier, le chocolatier de Victor Hugo, établi depuis 180 ans à Paris. Un sauvetage de ce grand nom du patrimoine français. On refait en ce moment le merveilleux salon de thé parisien dans le 16e arrondissement et ouvrons à Tokyo un Boissier sur 250 m². Quand on lui demande si elle continue à manger du chocolat ou si elle fait un régime, elle répond avec un large sourire : Évidemment, mais comme ma maman me le préparait : râpé en copeaux sur des tartines beurrées. Un régime ? Je n’en ai pas vraiment besoin avec l’énergie que je dépense pour ma société Event International. On travaille avec Rolex, Heineken, sur la Transat Jacques Favre, Kraft, Coca Cola, J&B. J’en oublie. Heureusement, il y a Stéphanie. Stéphanie ? Ma fille. Elle est D.G. de la boîte. Cela ne l’empêche pas de faire ces jours-ci un disque de douze titres qu’elle a composés. Et bien sûr François… François ? François Jeantet, mon mari, sans qui je n’aurais pas pu faire tout ça. C’est un architecte génial qui est le commissaire général de nos salons, en fait les décors, construit aussi des maisons sublimes. Et votre château du Bordelais dans tout ça ? J’organise depuis dix ans le salon des grands vins en novembre au Carrousel du Louvre. Maintenant, nous avons le nôtre, L’Isle Fort. Comme son nom l’indique, un petit château fortifié dans L’Entre Deux Mers. Sept hectares de vignoble. J’adore me promener dans les vignes. Mon mari a eu une idée plutôt marrante : produire aussi un Rosé. C’est tendance. Son nom : Isle Douce. Pas mal, non ? |