ESSENTIELS CULTURE 20 Dennis Hopper, un artiste complet DENNIS HOPPER Par Mireille Sartore Le héros de la contre-culture seventies américaine fait l’objet d’une expo-rétro à la Cinémathèque française. Dennis Hopper, a complete artist The hero of Seventies American counter culture is the subject of a retrospective/exhibition at the Cinémathèque Française. Au chapitre de l’Amérique et de ses contradictions, voici Dennis Hopper. Natif du Kansas, acteur, réalisateur, artiste et grand collectionneur d’art, il symbolisa la contre-culture de son pays du début des années 60 jusqu’au début des années 80 mais n’hésita pas à donner son vote à la dynastie Bush – père et fils – lors des élections présidentielles américaines (« le tout premier de ma famille à devenir républicain ! »). L’information nous laisse perplexe même si, en octobre dernier, l’icône du nouvel Hollywood et de l’underground artistique californien se proclamait pro-Obama lors d’une rencontre avec la presse française, organisée dans le cadre de la rétrospective que lui consacre la Cinémathèque française jusqu’au 19 janvier 2009. Cinq semaines et cinq amis L’homme est complexe parce qu’il est multiple et que sa vie est tout sauf un long fleuve tranquille. Dennis Hopper a fait un trait sur les subs tances – cocaïne, alcool et acides en tous genres – qui, avoue-t-il aujourd’hui à 72 ans, lui ont ouvert un temps « les portes de la perception », mais sans lesquels il se sent mieux vivre « depuis vingt-cinq ans d’abstinence ! » Aujour - d’hui, cette exposition nous donne surtout l’occasion de découvrir un artiste complet, excédant largement son image d’acteur et de réalisateur sulfureux, devenu célèbre grâce à son premier film Easy Rider qu’il réalise à l’âge de décembre 2008 - janvier 2009 www.cotemagazine.com trente et un ans, « en cinq semaines et avec cinq amis qui débutaient dans le cinéma, et une caméra 16 mm ». On est en 1969 et Hollywood va bientôt changer de visage. Le « road-movie nihiliste et métaphysique à la bande-son explosive est le premier film indépendant à avoir été distribué par un grand studio », rappelle-t-il fièrement. Anticonfor - miste, militant, certes, Dennis Hopper apparaît aussi dans cette exposition comme un diamant à multiples facettes qui s’intéresse très tôt aux plasticiens underground de son temps comme Andy Warhol à qui il achète pour 75 $ sa première peinture de boîte de soupe Campbell ! En 1963, il cosigne un ready-made avec Marcel Duchamp de passage en Amérique et collectionne très tôt les toiles de Lichtenstein, Rauschenberg, Jasper Johns... à l’époque où Hollywood n’achète que des impressionnistes. Ses propres peintures et sculptures présentées ici en grand nombre s’inspirent d’ailleurs largement du Pop Art. Dennis s’adonne également à la photographie depuis son adolescence, plus tard, il shoote les artistes émergents de son époque et ressent une admiration sans bornes pour Cartier-Bresson et les reporters de guerre. Sinon, Dennis Hopper déteste la moto… Cinémathèque française 51 rue de Bercy, Paris 12 e Tél. 01 71 19 33 33 - www.cinematheque.fr ANDY WARHOL FOUNDATION FOR THE VISUAL ARTS/ADAGP, PARIS 2008 À gauche : Dennis Hopper, « Irving Blum and Peggy Moffitt », 1964. Tirage argentique, 40,6 x 60,9 cm. Collection Dennis Hopper, Los Angeles. À droite : Andy Warhol, « Dennis Hopper », 1971. Composition mixte. Sérigraphie faite à partir de polymère synthétique et d’encre sur toile, 101,6 x 101,6 cm. Collection Dennis Hopper, Los Angeles. In the chapter « The US and its contradictions », here’s Kansas-born Dennis Hopper, actor, director, artist and enthusiastic art collector, who symbolised his country’s counter culture from the early 1960s to the early 80s but nevertheless voted for the Bush dynasty – father and son – at American presidential elections (« the very first in my family to vote Republican ! »). A nugget of somewhat perplexing information, especially since in October this icon of new Hollywood and California’s underground arts movement stated he was pro-Obama at a French press conference held for the retrospective the Cinémathèque Française is devoting to him until 19 January. Five weeks, five friends This man is complex because he’s multi-faceted and his life has been anything but tranquil. Dennis Hopper, now 72, has givenup the cocaine, alcohol, acid and what have you that he says for a time « opened the doors of perception » but without which he now, « after 25 years of abstinence ! », feels he lives better. This exhibition above allaffords an opportunity to discover a very complete artist whose accomplishments go way beyond the image of the brazen actor and filmmaker who became famous thanks to the first film he made, Easy Rider, at 31 years old « in five weeks and with five friends starting out in movies and a 16mm camera ». That was in 1969 when Hollywood was soon to change. The « nihilistic metaphysical road movie with its explosive sound track was the first independent movie to be distributed by a big studio, » he reminds us proudly. Nonconformist and militant indeed, but in this exhibition Dennis Hopper also comes over as a multi-faceted diamond who very early on took an interest in the underground artists of his time, such as Andy Warhol whose first Campbell soup can he bought for $75 ! In 1963 he co-authored a ready-made with Marcel Duchamp, who was visiting the States, and from early on collected paintings by Lichtenstein, Rauschenberg, Jasper Johns and others, at a time when Hollywood was buying only Impressionists. His own paintings and sculptures on view here, in large numbers, are indeed largely inspired by Pop Art. Dennis Hopper has also been into photography since a teenager ; later he photographed theup-and-coming artists of his day and he has an unbridled admiration for Cartier-Bresson and war-zone photographers. Apart from that, Dennis Hopper detests motor bikes ! |