Cette conservatrice qui a beaucoup contribué au développement de l’art contemporain en France dirige depuis huit ans les Arts Décoratifs à Paris, une institution majeure qui lui doit beaucoup. Il existe deux constantes dans le parcours – sans faute – de Béatrice Salmon, l’actuelle directrice des Arts Décoratifs (1), l’un des plus vastes et des plus riches musées au monde consacrés aux arts appliqués : l’art contemporain et la poussière ! Une boutade, bien sûr, sauf que « longtemps, l’une de mes principales attributions, explique cette jolie femme originaire de Bretagne, fut d’assurer la coordination entre les différents acteurs que l’on retrouve habituellement sur les chantiers tels les architectes, les maîtres d’œuvre, les restaurateurs, les artistes, etc. » En effet, au fil de sa carrière, Béatrice contribue à la (re)naissance de multiples projets culturels d’envergure. Dès la mise en place des Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) en 1983, Béatrice est nommée à la direction de « l’antenne bretonne » qui s’installe dans un ancien bâtiment en rénovation. Plus tard, en charge du programme de la commande publique, Béatrice Salmon gère l’aménagement d’un jardin George Sand à Nohant, une place publique à Figeac en l’honneur de Champollion et la réalisation de vitraux par Pierre Soulages pour l’Abbaye de Conques, en 1992. Un an plus tard, le centre Pompidou lui propose de rejoindre le département dessin où elle donne – toujours – une grande visibilité aux artistes contemporains. En 1995, un immense chantier attend cette jeune femme de 35 ans, « un projet tout à fait exaltant, se confie-t-elle, qui concernait la rénovation du musée des Beaux-Arts de Nancy, un bâtiment stratégique situé sur la place Stanislas, auquel devait s’ajouter une aile contemporaine ». Un an après son ouverture en février 1999, Béatrice est déjà appelée sur un autre chantier, colossal cette fois. Une « image globale » Fermé depuis 1996 pour « mettre en place un chantier qui ne va pas être réalisé pour diverses raisons », le musée des Arts décoratifs installé depuis 1905 dans l’aile Marsan du Louvre espère beaucoup de Béatrice Salmon. « Un projet délicat » qu’elle mènera à bien aux côtés de deux autres femmes dynamiques, Sophie Durrieman, directrice générale et Hélène David-Weill, présidente. Le musée rouvrira ses portes dix ans plus tard ! Quatre équipes d’architectes ont travaillé de concert à la renaissance de cette institution unique en son genre, dotée d’une collection de 150 000 pièces. « Cette maison existe depuis ses origines sur la base d’initiatives privées, même si nous avons une relation contractuelle avec l’État qui nous garantit à la fois cette adresse au sein du Louvre, ainsi qu’une subvention substantielle couvrant peu ou prou la masse salariale. » En revanche, tout le projet culturel mis en place par Béatrice et ses équipes doit être financé par les ressources propres du site (musées, école d’enseignement supérieur d’architecture et de design, bibliothèque, ateliers pédagogiques) et le mécénat privé dont s’occupe tout particulièrement la présidente. « Afin de mettre en valeur notre vertigineuse collection, nous avons décidé de n’en montrer que le meilleur – 6 000 pièces sur presque 10 000 m² –, dans un parcours chronologique allant du Moyen Âge à nos jours, mais aussi au travers d’expositions thématiques qui nous permettent de puiser indéfiniment dans nos réserves et de nous dire surtout que l’histoire n’est jamais totalement écrite. » Résultat ? L’institution paraît avoir toujours existé en l’état ! « Notre volonté était de donner une « image globale » de ce lieu regroupant tout à la fois le musée des Arts décoratifs, le musée de la Mode et le musée de la Publicité. » D’ici à la fin 2009, dix-sept expositions de formats disparates sont programmées. Les incontournables ? « Cruel choix, mais je citerais la carte blanche offerte à l’étonnant duo de graphistes Antoine & Manuel à partir de janvier 2009, la première rétrospective dédiée à la couturière Madeleine Vionnet scénographiée par Andrée Putman à l’été 2009, puis l’exposition Mobi-boom, le mobilier de 1945 à 1975, prévue à l’automne prochain. » Sinon, côté scoop, Béatrice Salmon songe déjà à une carte blanche offerte à Jean-Paul Goude et une grande rétrospective sur Jacques Doucet en 2011... (1) Intitulé adopté en 2004 à la place de « union centrale des arts décoratifs ». Expos en cours Sonia Rykiel jusqu’au 19 avril 2009 (à suivre dans notre prochain numéro) ; Petits bouleversements au centre de la table dans la galerie d’Actualité (voir news déco) ; 40 ans de pub à la télé, à partir du 4 décembre ; Quand je serai grand(e), je serai, à partir du 11 décembre dans la galerie des jouets et Kansei, design japonais à partir du 12 décembre. This arts curator who has contributed so much to the development of modern art in France, has been in charge of the Arts Décoratifs in Paris foreight years now, a huge institution which owes her an awful lot. There are two constants in the life of Béatrice Salmon, the current Director of the Arts Décoratifs, one of the largest and richest museums dedicated to applied art in the world : modern art and dust ! « For a long time, one of my main tasks was to coordinate the different people involved in the construction stage, like architects, project managers, renovators, artists, etc. » When the Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) was setup in 1983, Béatrice was appointed as director of the « Breton branch » which was opened in an old building needing renovation. Then, at the Délégation aux Arts Plastiques, Béatrice Salmon managed the landscaping of a George Sand garden in Nohant, a public space in Figeac and the stained glass windows by Pierre Soulages for the Abbaye de Conques, in 1992. A year later, the Pompidou Centre asked her to join their design department where she helped bring modern artists to the fore. In 1995, a huge task awaited this young woman, who at the time was just 35 years old, « an inspirational project, » she explains, « involving the renovation of the Musée des Beaux-arts in Nancy, which will soon have a modern wing. » A year after its opening, Béatrice was called to her next project, this one even more colossal. A « global image » » Closed since 1996, the Musée des Arts Décoratifs opened in 1905 at the Palais du Louvre was expecting a lot from Béatrice Salmon. « A delicate project » that she would manage alongside two other women, Sophie Durrieman, Managing Director and Hélène David- Weill, President. The museum would open ten years later ! Four teams of architects worked together to breathe new life into this institution which is one of a kind. « Since its foundation, this place has existed on private initiatives, even if we have a contractual relationship with the government, which safeguards this address as wellas a substantial grant which pretty much covers the salaries. » But the cultural side of things must be funded by the site’s own resources and private patronage. « To make the most of our collection of 150,000 works, we decided to show only the best (6,000 pieces), organising them chronologically, starting with the Middle Ages, rightup to the present day, as wellas in themedexhibitions which let us get the most out of our archives, and remind ourselves that history isn’t over just yet… » The result ? It’s as though this place has been here forever ! « We wanted to give a « global image » to this venue, bringing together the Musée des Arts Décoratifs, the Musée de la Mode and the Musée de la Publicité. From now until the end of 2009, 17 exhibitions have been planned. The highlights ? « I’d say the carte blanche given to the pair of graphic designers Antoine & Manuel starting in January 2009, the first retrospective dedicated to the fashion designer Madeleine Vionnet put together by Andrée Putman in the summer of 2009 and the furniture exhibition Mobiboom, le mobilier de 1945 à 1975, next autumn. » As if that weren’t enough, Béatrice Salmon is already thinking about offering free reign to Jean-Paul Goude and a major retrospective of the work of Jacques Doucet in 2011... décembre 2008 - janvier 2009 www.cotemagazine.com PORTRAIT 15