URBAN COLL. & THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART Par Mireille Sartore PARIS Raoul Dufy, grand artiste méconnu Raoul Dufy : great artist misunderstood Défaire une réputation pour mieux la reconstruire. C’est l’ambition du musée d’Art moderne de la ville de Paris qui présente jusqu’au 11 janvier 2009 une rétrospective époustouflante du peintre français. En 1946, l’écrivaine Gertrude Stein, grande amie de Picasso, publie un texte où elle associe étroitement l’œuvre de Raoul Dufy à la notion de plaisir. Joie de vivre et bonheur de peindre, certes, mais pas seulement. Trop longtemps, en France du moins – les États-Unis l’auraient préféré à Matisse dans les années 20-30 – le talent de ce grand peintre indépendant n’est pas reconnu à sa juste valeur. D’abord, Raoul Dufy (1877-1953) n’est pas le « suiveur que l’on a bien voulu nous faire croire », explique Sophie Krebs, commissaire de l’exposition. Fauvisme et cubisme n’ont été en fait qu’un prétexte pour affirmer son ton, son style, sa personnalité. Son vif intérêt pour l’art décoratif lui valut pourtant d’être « relégué au rang d’artiste secondaire, empêchant de voir combien Dufy, jusqu’à sa mort, se remet en cause dans sa peinture, laboratoire de sa pensée », explique Fabrice Hergott, directeur du musée. Aujourd’hui, « parce qu’un grand designer est souvent plus célèbre qu’un artiste plasticien, constate Sophie Kriebs, l’œuvre du décorateur Dufy est enfin considérée sous un nouveau jour. » Dufy-le mondain a peint beaucoup (trop ?) de chevaux de course et de bateaux ? Sans doute. Ils ont d’ailleurs contribué à sa renommée, mais la lecture moderniste de son œuvre ne doit pas pour autant en être altérée. Un peintre qui a fait du plaisir la chose la plus sérieuse du monde ne devrait jamais être sous-estimé. Raoul Dufy, le plaisir, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, 16 e - Tél. 01 53 67 40 00. www.mam.paris.fr FOCUS les rendez-vous du mois/what to do this month Venues des Etats-Unis, les deux huiles « Nice, la promenade des Anglais aux deux palmiers » (1925) et « Jeune Femme au canapé rose » (1902) de Raoul Dufy. COLL. & NORTON MUSEUM OF ART, WEST PALM BEACH Dismantle a reputation the better to rebuild it : that’s the aim of the breath-taking Raoul Dufy retrospective at the Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris until 11 January 2009. In 1946 writer Gertrude Stein, a close friend of Picasso, published an article in which she linked Raoul Dufy’s work very closely with the notion of pleasure. Joie de vivre and the pleasure of painting are there, certainly, but there’s more to Dufy than that. This great independent painter’s talents have never been properly appreciated in France, although in the United States he was better liked than Matisse in the 1920s and ‘30s. Sophie Krebs, the exhibition’s curator, explains : Raoul Dufy (1977-1953) was not an « imitator trying to impress ». For him, fauvism and cubism were only pretexts for asserting his own tone, style and personality. But because of his keen interest in decorative art he has been « relegated to the ranks of minor artists, masking the fact that rightup to his death, Dufy was constantly self-questioning in his painting. His painting was a laboratory for his thinking, » argues the museum’s curator Fabrice Hergott. Today, now that « a great designer is often more famous than a great artist » says Sophie Krebs, « the work of Dufy the decorator is seen in a new light ». Sure, Dufy was a society man and he painted a lot of boats and race horses. They helped to make him famous. But this should not affect the modernist reading of his work. A painter who made pleasure the most serious thing in the world should never be underestimated. décembre 2008 - janvier 2009 www.cotemagazine.com URBAN FOCUS 113