CULTURE ESSENTIELS 22 Le Centre Pompidou au féminin pluriel Par Mireille Sartore À gauche : Germaine Richier, « L’Eau », 1953-1954. Bronze, 147 x 62 x 98 cm. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne. À droite : Marlene Dumas, « Primitive Art », 1987. Gouache, crayon gras et encre de Chine sur papier, 23 x 31,7 cm. L’exposition-collection du centre Pompidou consacrée aux femmes artistes n’a même pas été inaugurée (le 27 mai prochain) qu’elle suscite déjà polémiques et interrogations, exprimées notamment lors de sa présentation officielle à la presse, le 10 mars dernier, devant un auditoire quasi exclusivement féminin. D’un côté, il y a celles qui jugent le sujet de ce nouvel accrochage thématique sur près de 7 500 m² (tout un niveau plus la moitié d’un autre) totalement discriminatoire envers les hommes artistes et donc quelque part, sans valeur historique ni artistique, et d’autre part, celles qui pensent que elles@centrepompidou rend enfin justice à ce deuxième sexe si peu considéré dans l’histoire de l’art du XX e siècle à forte tendance phallocratique (17,7% des artistes de la collection sont des femmes). Autre polémique, qui n’en serait pas une aux États-Unis où le mécénat d’art est un faire-valoir formidable des entreprises : l’incontournable présence de la marque Yves Rocher, sponsor principal de l’institution publique qui peut faire grincer les dents de certains « puristes » … Tous les hommes exclus ! Pour le directeur Alfred Pacquement, ce projet unique au monde ayant sollicité toutes les forces conservatrices du musée sur une longue période, s’inscrit parfaitement dans la volonté « de poursuivre la politique de rotation – engagée depuis l’année 2000 – des collections du musée national d’Art moderne, la première en Europe et l’une des deux premières au monde ». Une institution-phare, donc, avec pour vocation première, rappelait le président Alain Seban lors de la conférence de presse, de « s’engager dans son époque, de s’investir dans une véritable politique sociétale ». « Par elles@centrepompidou, nous avons surtout voulu mettre le sujet en avant, montrer plus que juger une pluralité de vues singulières ayant traversé un siècle d’histoire », explique Camille Morineau, commissaire générale de ce parcours thématique et chronologique réunissant plus de 200 artistes et 500 œuvres toutes disciplines confondues, où l’homme a été volontairement exclu ! De par son caractère exceptionnel, l’expocollection donnera pour la première fois la parole aux artistes commentant leurs propres œuvres, sur cartels ou via des audioguides spécifiques, et certaines d’entre elles seront conviées pour des lectures publiques, auxquelles s’ajouteront celles d’écrivains ou de « femmes remarquables » (Elisabeth Badinter, Françoise Héritier, Camille Laurens, Christine Angot, etc.). Sans oublier les cycles cinémas, vidéos, rencontres... (1) À noter aussi la création d’un site web sans précédent avec blogs de discussion, diffusion de portraits filmés inédits et d’une fresque chronologique interactive. (1) voir agenda Centre Pompidou, ouvert de 11 h à 21h, sauf le mardi. Tél. 01 44 78 14 63. www.centrepompidou.fr mai 2009 www.cotemagazine.com PHOTO AGENCE PHOTOGRAPHIQUE DES MUSÉES NATIONAUX/ADAGP, PARIS, 2009 La première collection européenne d’art moderne et contemporain se conjuguera au féminin pendant près d’un an dans une exposition sans précédent. The Pompidou Centre in the feminine plural Europe's top collection of modern and contemporary art gets in touch with its feminine side through an unprecedented ear-long exhibition. Even before it opens on 27 May, the Pompidou Centre's collection exhibition on female artists is already sparking off fierce debate and disagreement, notably at the official presentation to the pressin March, to an almost exclusively female audience. On the one hand were those who judged the subject of this new theme exhibition covering nearly 7500m² to be highly discriminatory towards male artists and therefore to an extent devoid of historical or artistic value, on the other those who think that elles@centrepompidou at last does justice to a'second sex'given precious little regard in 20th-century art history with its strong phallocentric leanings (only 17.7% of artists in the Pompidou collections are women). The other polemic, which would never arise in the USA where art patronage represents a considerable value-added for companies, is the unmissable presence of the Yves Rocher cosmetics brand, the public institution's main sponsor, which is causing some purists to grind their teeth. For director Alfred Pacquement, this world-unique project that has mobilised all the museum's curating energies over a long period of time is perfectly in line with the institution's decision to "pursue a policy of rotating the collections belonging to the Musée National d’Art Moderne, the leading museum of its kind in Europe and one of the top two in the world." No men allowed ! CENTRE POMPIDOU, MUSÉE NATIONAL D'ART MODERNE/PHOTO PHILIPPE MIGEAT "Through elles@centrepompidou we above all wanted to emphasise the subject, to show rather than judge a plurality of singular visions throughout a century of history," explains Camille Morineau, general curator of this chronological themeddisplay of 500 artworks by some 200 artists, from which men have been deliberately excluded. The exceptional nature of this collection exhibition is underlined by the fact that for the first time artists are commenting on their own works and some are being invited to give public readings, as are writers and Remarkable Women including Elisabeth Badinter and Françoise Héritier. In addition there are film cycles, videos, forums etc and a special new website with blogs, special film portraits and an interactive chronological panorama. |