{Nude photography }

On n’est plus dans des archétypes de nu classique, estime Laetitia Guillemin, responsable de l’iconographie du magazine Photographe, dont le premier numéro était consacré au nu. Aujourd’hui, la question du corps et du nu se confond. Avant la Seconde Guerre mondiale, il fallait que ce soit beau. Désormais, on observe un retour à la réalité des corps. » Une réalité qui raconte une histoire, propre à chacunet à la fois universelle. « Jetravaille sur le corps. C’est une grande nuance par rapport au nu, explique Patrick Gomme, photographe. Le nu artistique, érotique, avec des jolies filles, est aujourd’hui galvaudé et me semble être quelque chose sans intérêt, déjà vu. » Alors Patrick Gomme fait poser des gens detous les jours, car chaque corps aune histoire à raconter. « Des vergetures ? Cela peut devenir esthétiquement et graphiquement intéressant ! »

Le corps fascine, intrigue, attire. Il fait peur, aussi, parfois. Le nu est depuis toujours un objet d’étude sur lequel se sont penchés les artistes. Mais l’évolution des mentalités et de la technique mène les photographes d’aujourd’hui à dénuer le nu de désir et à s’interroger sur le corps lui-même. -/ The body fascinates, intrigues and attracts, scarestoo sometimes. Nudity has always been studied and explored by artists, but changing mentalities and modern techniques are leading today’s photographers to divest the nude of desire and investigatethe body per se.

Raconter une histoire
« Une Jemme qui regarde une de mes photos s’identifie forcément à un détail et fait du coup un travail sur elle-même… Mon travail ? Il s’agit de faire prendre conscience que nous nous laissons dévorer par la profusion d’images produites par la société, affirme celui qui a longtemps travaillé dans la publicité. Une Jemmetrès mince, au XIXe siècle, évoque la pauvreté. Aujourd’hui, la Jemme svelte est valorisée pour sa capacité à prendre soin d’elle. Sa minceur est aussi le signe de son aisance financière. Je suis surpris de constater à quel point nous avons perdu de vue les repères simples. » Le photographe Olivier Valsecchi n’a, pour sa part, pas du tout l’impression de faire du nu. « Le corps est un support pour faire passer un message autre. Un support chargé émotionnellement, dénué de codes sociaux ou historiques, et qui donne un cadre intemporel. » Alors si ses modèles sont pourtant toujours issus de castings sélectifs, c’est juste pour « mieux faire passer la pilule ». Un détail, en quelque sorte. « Un message autre, comme un retour aux vraies valeurs », souligne Bruno Rédarès, président fondateur du Festival européen de la photographie de nu, qui a remarqué une évolution dans la perception du nu. « Une photo de nu réussie doit pouvoir s’adresser à tous les publics. Or, différents courants artistiques s’appuyant sur le nu pour exprimer leur besoin de provocation ont eu pour conséquence un retour à un certain puritanisme au début des années 2000. » Olivier Valsecchi parle de cadre intemporel : pour preuve, la photo de la Jemme nue servant pour

“It’s no longer about classical archetypes of nudity,” says Laetitia Guillemin, head iconographer for Photographe magazine. “Today the notions of body and nudity are blurred. Beforethe Second World War nudity had to be beautiful. Now we’re coming back to the body as it really is.” A reality that tells a story specific to each person but universal. “I photograph the body. That’s very different from photographing nudes,” explains photographer Patrick Gomme. “Artistic, erotic photography of naked pretty girls is hackneyed now and seems to me of no interest, we’ve seen it all.” So he asks perfectly ordinary peopleto pose for him, because each body has a story to tell. “Stretch marks ? They can become aesthetically interesting !”

TELLING A STORY
“A woman looking at one of my photos necessarily identifies with a detail and so reflects on herself. My aim ? To make people awarethat we’re letting ourselves be devoured by the profusion of imagesthat society produces,” states Gomme, who worked in advertising for a long time. “In the 19th century a very thin woman evoked poverty. Nowadays slim women are admired for their ability to take care of their body. And their slimness also indicatesthey are financially secure.” Photographer Olivier Valsecchi doesn’t at all Jeel he practises nude photography. “The body is a means of communicating a different message. An emotionally charged means that’s devoid of social or historical codes and

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