Décryptage
Esprit d’enFrance
it of France Spir
Par Alexandre Benoist
L’intelligence de la main une excellence « made in France » -/ The intelligence of the hand : made-in-France excellence « Le luxe naît par un métier d’art. » JeanMichel Delisle, cofondateur et président de l’Institut national des métiers d’art (INMA), administrateur du Comité Colbert, sait de quoi il parle. Hermès, Vuitton, Baccarat ou encore Daum, toutes ces grandes maisons qui représentent l’art de vivre à la française ont construit leur image sur la réputation d’un atelier. La France est d’ailleurs le seul pays à donner une définition précise de ce qu’est un métier d’art. « Il s’agit d’une activité qui nécessite un vrai savoir, une vraie formation et qui opère unetransformation de la matière en produisant de petites séries, tout en concourant à la fabrication d’un objet pérenne. » Un secteur riche de 217 métiers donc, qui offrent une vitrine d’excellence et contribuent au rayonnement de notre pays. Pour preuve, le groupe Richemont, à travers sa marque de haute horlogerie Vacheron Constantin, sera, pour les cinq années à venir, le mécène des Journées des métiers d’art, organisées par l’INMA depuis six ans au mois de mars. « Quand je leur ai demandé pourquoi un groupe suisse investissait de l’argent sur unetelle opération, ils m’ont répondu : “Il n’y a que la France qui, en matière de métiers d’art, sait de quoi elle parle !” » Les Suisses ne sont pas les seuls à le penser. « Chinois, Russes, Kazakhs, Ukrainiens, ces mécènes destemps modernes font appel aux artisans français pour leurs projets. »
Les métiers d’art sont une vitrine de l’art de vivre à la française et participent au rayonnement de la France à l’étranger.
Vers plus de création Tout va donc pour le mieux ? Pas tout à fait… Si la qualité de la main est nécessaire, elle n’est plus aujourd’hui une raison suffisante pour assurer la pérennité du secteur. « Letalent ne suffit plus. Les professionnels doivent également faire appel aux techniques commerciales, au marketing et à la communication. » Et bien sûr à la création, à travers des collaborations extérieures, afin de proposer des produits qui plaisent au public et donc se vendent… Là encore, les exemples ne manquent pas. À la fin des années 80, Philippe Starck est contacté pour relancer les couteaux Laguiole, dont le marché est inondé par les copies chinoises. Le designer français propose alors une version aluminium. Le succès est au rendez-vous. Le public redécouvre le vrai Laguiole, fait à Laguiole. Résultat : la société Laguiole-en-Aubrac, qui assure la fabrication artisanale du couteau, réalise aujourd’hui 70% de son chiffre d’affaires à l’export… Dans les années 2000, Pleyel a, quant à lui, réussi à revenir sur le devant de la scène en proposant des pianos dessinés par des artistes contemporains et des designers (Marco Del Re, Andrée Putman…). D’ailleurs, la Fondation Bettencourt a bien saisi l’importance de cette dynamique. Cette année, pour la première fois depuis sa création en 1999, le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, proposait deux distinctions : le prix Lauréat d’exception, qui consacre le chef-d’œuvre d’un artisan d’art et, nouveauté, le prix Dialogues, qui encourage l’échange des savoirs et des compétences entre un artisan d’art et un créateur. Un bel exemple à suivre… ∞ © Augustin Détienne
En haut : Maison Bonnet, tabletier. En bas : Catherine Polnecq Restaurateur detableaux
68 | SEPTEMBRE 2012 - www.cotemagazine.com
© Augustin Détienne
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