Culture
Esprit d’enFrance [page 109 ∞]
it of France Spir
COTE : La filiation avec Barbara vous agace-t-elle, vous gêne-t-elle ou vous honore-t-elle ? L : Elle m’honore, même si, une seule seconde, je ne peux imaginer me comparer à Barbara. Ma mère se passait en boucle ses disques, ainsi que ceux de Billie Holiday, durant sa grossesse. De mon côté, le l’ai beaucoup écoutée et je l’écoute encore aujourd’hui. Barbara m’a certainement influencée, presque inconsciemment, au mêmetitre qu’un Brel ou qu’un Ferré que je peux écouter des soirées entières. À part ces monstres sacrés, j’écoute principalement de la musique anglo-saxonne, du rock, de la pop…
COTE : Pourquoi ne pas écrire en anglais alors ? L : Parce que ma langue maternelle est le français et que, dans mes compositions, j’aime raconter des choses, presqu’à la façon d’un artisan, petit bout par petit bout, en prenant mon temps. C’est letexte, toujours, qui me vient en premier. C’est lui qui m’évoque la couleur musicale d’une chanson : je m’assois au piano et je cherche, comment dire, les mots, comme je veux les entendre. Sinon, mon approche des instruments est intuitive, je n’ai pas étudié la musique.
COTE : Quelles sont vos influences, vos inspirations ? L : Entre 15 et 22 ans, je me suis pris de plein fouet les échappées poétiques des grands poètes, Bataille, Artaud, Prévert, Genet ou Kerouac, qui m’ont « appris » à composer un texte. J’ai commencé à écrire avec plaisir, quand je me suis aperçue que je pouvais me détacher de moi-même. Narrer par le menu mes petits tracas ou mes courses chez Ikea, c’est l’inverse de ce qui metouche, en musique, en littérature ou au cinéma.
“ C’est letexte, toujours, qui me vient en premier.” [page 109 ∞] My mother played `
-/ “It’s always the lyrics that cometo me first.” It’s the lyrics that evokethe musical colour of the song : I sit at the piano and I search for words the way I want to hear them. Apart from that my approach to the instrumental side is intuitive. I never studied music.
her records over and over, along with Billie Holiday, when she was pregnant. I have listened to her a lot and still do. Barbara has certainly influenced me, almost unconsciously, as have Brel and Léo Ferré whom I can listen to allevening long. Apart from these idols of mine I mostly listen to English and American music, rock, pop and so on.
COTE : What are your influences and inspirations ? L : Between 15 and 22 I was head over heels for the great poetic outpourings of poets like Bataille, Artaud, Prévert, Genet and Kerouac. They taught me how to compose lyrics. I started writing for pleasure and found I could detach from myself. I’m absolutely not interested in talking about small worries or about shopping at Ikea.
COTE : Then why not write in English ? L : Because French is my mother tongue and when I write a song I liketo tell things bit by bit, taking my time, like an artisan. It’s always the lyrics that cometo me first.
© Vincent Delerm
Cet automne, L termine sa tournée démarrée il y aun an. Elle se produira le 4 octobre à Rungis (94) et le 30 novembre à Clichy (92).
L s’avoue influencée par les poètes et les grands artistes français. 110 | SEPTEMBRE 2012 - www.cotemagazine.com
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