Haute Couture [page 100 ∞]
Esprit d’enFrance
it of France Spir
La musique comme élément de décor Lumières rouges chez Jean Paul Gaultier ou présentation en plein air pour Givenchy… Le décor est essentiel pour nous plonger dans l’ambiance. Et la musiquetient un rôle primordial. Parmi les designers sonores, deux stars suivent la caravane des défilés. Frédéric Sanchez nous reçoit dans son studio parisien. Comment définit-il au juste cette bande-son qui dure entre neuf et quinze minutes ? « Je ne vois pas les collections et ce ne sont pas les vêtements qui m’inspirent. Les créateurs me racontent l’histoire qu’ils veulent partager et sur ces mots, je mets du son. » Chacun sa façon d’aborder la musique. « Pour Bouchra Jarrar, on était dans l’émotionnel. Pour Giambattista Valli, dans le conceptuel. » Mercredi 4 juillet, 19 h 30. Chez Maison Martin Margiela, la salle se remplit peu à peu. Sur la mezzanine qui surplombe le podium, Michel Gaubert, qui signe la musique des défilés Chanel ou Valentino, s’installe derrière le matériel du son. Lui voit une partie de la collection en amont. « Je ne veux pas tout découvrir pour garder uneffet de surprise, mais j’ai une idée du Jeeling général. » Pour la ligne Artisanal de Maison Martin Margiela, l’équipe autilisé des matières recyclées. « C’est la même chose en musique. Nous créons à partir de samples. » Les premières notes retentissent. Le show peut commencer !
Laboratoire de création « J’ai été inspiré par la Manufacture de Sèvres et son bleu céleste », dévoile le couturier Gustavo Lins. « J’avais envie d’exploiter la fragilité de la porcelaine, le contraste entre sa rigidité et la souplesse de l’étoffe. Comme une armure légère qui ne sert à rien puisqu’elle se casse. » Pour la fairetenir, la maison Goossens, orfèvre depuis 1950, a doublé chaque module de métal. Des défis comme celui-ci sont la base du laboratoire que
représente la haute couture. Les partenariats entre couturiers et artisans en font toute la richesse. Ainsi, les savoir-fairetraditionnels subsistent, évoluent, se renouvellent. Stéphane Rolland a fait travailler dix corps de métiers pour imaginer de nouvellestechniques, comme la fourrure en silicone. Julien Fournié s’est associé à Dassault Systèmes pour perfectionner le 3DS Fashion Lab, un incubateur technologique dédié au design de mode. « Je suis un rat de laboratoire. Des ingénieurs m’observent pour faire avancer le processus », souligne le jeune couturier. Si son sponsor finance le défilé, on s’interroge. Comment vit-il de sa passion ? « Mes clientes achètent, donc, je réinvestis. » Pourtant, ce n’est un secret pour personne, la couture n’est pas rentable. Pour les grandes maisons, elle constitue une vitrine qui fait vendre le prêt-à-porter. Mais qu’en est-il pour les jeunes entreprises ? Alexandre Vauthier a lancé sa ligne de bijoux et son parfum, Stéphane Rolland s’aventure dans le prêt-à-porter. ∞
Présentation en plein air pour Givenchy.
Défilé de la ligne Artisanal, de Maison Martin Margiela, vu de la mezzanine du sound designer, Michel Gaubert.
© Tyrone Lebon
102 | SEPTEMBRE 2012 - www.cotemagazine.com
© Givenchy Haute Couture par Riccardo Tisci.
© Givenchy Haute Couture par Riccardo Tisci.
dieuse. Lestops arrivent en courant, outrageusement fardées. Leur garde-robe personnelle, tout droit venue de chez Zara ou H&M, représente lestendances de la rue. Bientôt, lestops enfileront des robes d’exception française. En attendant, sur le podium, elles déambulent pour une dernière répétition orchestrée par Alexis Mabille lui-même, avec, au sommet de la tête, une queue-de-cheval rigide, réalisée par la coiffeuse star Odile Gilbert. Puis, elles retournent en coulisses pour enfiler leur costume de scène. « Parfois, c’est plus long de les démaquiller du show précédent que de les maquiller pour le suivant ! », confie Carole Colombani, make-up artist. Sur lestablettes s’entassent les flacons de fond deteint M.A.C Cosmetics, partenaire de la Fashion Week. La pin-up est de retour grâce au make-up 50’s, agrémenté d’une mouche en strass Swarovksi. La maquilleuse a rencontré le couturier un mois avant le show pour faire les premiers essais. Peu à peu, le silence laisse place à un brouhaha. L’heuretourne, la pression monte.
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