marquée par un regard dans le rétro, porté par les étudiants d’art ou les stylistes en herbe. « C’est une démarche à la fois créative, artistique, nostalgique et sentimentale », poursuit Laurent Cotta. RÉPERTOIRE DE STYLES
Vintage
Les dressings d’antan ont aussi la cote auprès du monde du spectacle. Le cinéma convoque le passé et la garderobe qui va avec. À la sortie de Bonnie & Clyde ou Cabaret, les modeuses cinéphiles s’entichent de l’élégance incomparable des années 30. Dans les années 80, les looks vibrent au rythme de la new wave et du ska. Les jeunes se réapproprient les pantalons cigarettes et les blousons ajustés des 50’s. Les années 90 customisent les 70’s, tandis que la décennie 2000 s’égaie au contact du revival des 80’s ou plébiscite le grunge des 90’s. Côté créateurs, quand
Karl Lagerfeld officie chez Chloé dans les années 70, il détourne le style bourgeois. Les looks BCBG s’érotisent, shootés dans Vogue par Guy Bourdin. Aujourd’hui, Marc Jacobs s’empare d’un simple détail rétro pour créer toute une collection. Les égéries de mode sont aussi prescriptrices. À la fin des années 90, Kate Moss s’affiche dans des modèles griffés Ossie Clark, surnommé le « King de King’s Road », période Swinging London. Et l’engouement atteint son paroxysme en 2001, lorsque Julia Roberts rayonne lors de la soirée des Oscars dans une robe Valentino millésimée 1992. Dès lors, pas un tapis rouge sans qu’une starlette ne se pavane dans un trésor vintage ! PACO RABANNE ET COURRÈGES : SO 2012 ! Face au succès des expositions « de mode », les grandes maisons n’hésitent © D.R.
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Circa
La robe Circa de Paco Rabanne, vintage 1980.
plus à constituer leurs propres musées. « La cote des costumes anciens était inexistante dans les années 80. L’intérêt que les maisons de luxe portent aujourd’hui au vintage en a fait grimper la valeur », explique l’historienne Florence Müller. À l’instar de Chanel ou Dior, qui découvrent que leur histoire est un signe de distinction et d’authenticité. Écrire le « roman » de la marque devient primordial pour exister sur le marché mondial. Ainsi, certaines pièces peuvent atteindre des milliers d’euros dans les salles de ventes, provoquant du coup l’intérêt de différents acteurs : Didier Ludot pour ses clientes, les maisons pour leurs archives, les musées et tous ceux qui travaillent sur le futur de la mode. Cet hiver, l’Hôtel Drouot faisait salle comble lors de la vente d’une collection complète de robes et d’accessoires Paco Rabanne. La robe Circa, née en 1980, a même atteint des records. Estimée à 2 000 euros, cette prouesse stylistique a été adjugée 10 000 euros ! Mais Paco Rabanne ne s’endort pas sur ses lauriers pour autant, le designer Manish Arora a été engagé pour raviver l’esprit de son prêtà-porter, en sommeil depuis 2006. « André Courrèges et Paco Rabanne ont marqué l’histoire de la mode. Pour la première fois, deux couturiers créaient sans citer le passé, définitivement tournés vers le futur », explique Didier Ludot. Pas étonnant que la maison Courrèges, délaissée depuis 2002, ait attiré l’attention de Jacques Bungert et Frédéric Torloting. Après un an de négociation, les deux publicitaires viennent de racheter la marque. Ils ne prévoient ni défilés, ni directeur artistique – bien trop coûteux – mais des rééditions de pièces, telles que la robetrapèze, les blousons en vinyle ou la minijupe, en vente sur le site Internet. « Faites porter une robe Courrèges à n’importe quelle Jemme, elle paraîtra dix ans de moins ! », poursuit Didier Ludot. À bon entendeur… LA FRIPE N’EST PAS VINTAGE Réservé autrefois aux initié(e)s, le vintage est désormais ancré dans les mœurs, « devenu le complément
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