LE VINTAGE N’A JAMAIS QUITTÉ NOS DRESSINGS DEPUIS LES ANNÉES 60. DÉCRYPTAGE AVEC TROIS EXPERTS DE LA MODE.

-/ Vintage has been a Jeature of our wardrobes sincethe Sixties. Three fashion experts pick the present trend apart.
Vêtement en parfait état d’origine, représentatif d’un mouvement de mode ou du style d’un couturier, témoignage de la mode d’une époque particulière. » Telle est la définition d’un bon cru pour Didier Ludot, antiquaire star de la couture à Paris depuis 1974. Leterme « vintage » apparaît dans le milieu de la mode à la fin des années 90. Mais, en retraçant sa généalogie, on s’aperçoit que ses origines sont plus lointaines. Certains situent précisément le phénomène en 1971, quand Yves Saint Laurent présente sa collection Libération, inspirée de… l’Occupation. Robes en crêpe de Chine, épaules élargies, chaussures à plateformes, turbans ou sacs en bandoulière, le style des années 40 est ainsi remis au goût du jour. Certes, les références au passé ne sont pas nouvelles sur les podiums – citons le New Look de Christian Dior des années 50, qui évoque unesprit très XVIIIe – mais cette collection d’Yves Saint Laurent va bouleverser la manière de consommer la mode. « C’est un événement qui a fait scandale. La presse n’a pas aimé. Les Jemmes ont adoré ! Dès lors, elles ont commencé à chiner des pièces pour singer le style YSL », explique Didier Ludot. Pour Florence Müller(1), professeur de culture de la mode à l’Institut français de la mode, le couturier a ainsi ouvert le chemin du vintage. « Les Jemmes arpentaient les puces de Saint-Ouen pour composer des panoplies originales. Comme elles n’avaient pas les moyens de s’habiller couture, elles mixaient leurs trouvailles pour interpréter ce style rétro. »

UNE SECONDE VIE Selon Laurent Cotta, chargé de la création contemporaine au musée Galliera, le vintage est né dans la rue, dans les années 60. Les étudiantes d’alors fouillent dans les greniers de leurs grands-mères, avec l’idée de fustiger la société de consommation : « Elles dénichent chez les fripiers des pièces uniques de 1910 ou 1920, avec ce petit supplément d’âme qui fait la différence. Leurs garde-robes, bohèmes et créatives, leur permettent ainsi de se démarquer. » Voyez la célèbre boutique Biba à Londres. À cette époque, le glamour hollywoodien des années 30 s’offre une seconde vie ! La presse de la fin des 60’s est aussi un bon indicateur. Il n’est pas rare de lire dans le magazine Elle des conseils pour acquérir de « l’ancien ». Chaque décennie sera ensuite 

Vintage
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-/ “A garment in perfect original condition, representative of a fashion trend or a couturier’s style and illustrating fashion at a particular time.” That is how Didier Ludot, thetop Paris couture “antique dealer” since 1974, defines good vintage clothes. Vintage began to be a part of the fashion scene in the late 90s but its origins go much further back. Some maintain it started in 1971 when Yves Saint Laurent presented his Liberation collection inspired by the Occupation. His crêpe de chine dresses, square shoulders, platform shoes, turbans and shoulder bags brought the 40s style back into fashion again. Of course, referencesto the past are nothing new on the

runways – look at Christian Dior’s 50s New Look, very 18th-century – but that collection by Yves Saint Laurent was to changethe retail face of fashion. “It created a scandal. The press didn’t like it but women adored it and at once started hunting out clothesthat allowed them to imitatethe YSL style,” Didier Ludot explains. For Florence Müller(1), lecturer in fashion culture at the Institut Français de la Mode, the couturier opened the vintage road : “Women went hunting around the Saint-Ouen flea market to put together original outfits. They couldn’t afford to buy couture so they combined their finds to imitatethat retro style.”

A second life
But Laurent Cotta, head of contemporary creation at the Galliera museum, says vintage was born in the streets of the 60s, when students raided their grannies’ attics as a way of thwarting consumer society. “In second-hand shops they turned up unique 1910s and 1920s garments with that extra bit of soul that makes all the difference. Their creative bohemian dress madethem stand out from everyone else.” Look at the famous Biba boutique in London, and the late60s pressis also a good indicator – it wasn’t rareto read advice about buying second-hand clothes in Elle. A second life for 30s Hollywood

glamour ! From then on, each decade had its take on retro, promoted by art students and budding fashion designers. “It’s a creative, artistic, nostalgic, sentimental approach to dressing,” Laurent Cotta sums up.

The repertoire of styles
Clothes from the past are also popular with showbiz. Cinema draws on the past and the clothesto match : when Bonnie & Clyde and Cabaret came out, fashionable film-goers went a bundle on that incomparable 30s elegance. In the 80s, the in looks were all new wave and ska, with youngsters reappropriating the drainpipe 

avril 2012 www.cotemagazine.com