wishing to appear metrosexual, he’s careful about how he dresses and admits to favouring the destructured look : “I like it when it isn’t quite perfect.” He also pays attention to what he eats and although he may smoke, it’s mainly for the social aspect, the rapport with others. Others… the incessant need to be open, available and listening. For him, religion is a cage in which he doesn’t want to be imprisoned, its only vocation being to do good. It’s a telling sign that Tchéky the singer called the rock band he formed Les Bienveillants [The Benevolents]. A namethat best defines his personality ? A trace of his eastern heritage ? His iPod reveals a mix of sounds that have marked him : Elvin Jones, Alex Beker, Jimi Hendrix, Television, The Velvet Underground, The Raconteurs with Jack White, even Robert Mitchum’s Calypso. If he hadn’t been an actor, he would have devoted himself to books ; he has a passion for words, beautiful texts. He refusesto be classed as an intellectual, but if he could invite some famous peopleto a posthumous dinner, he’d be curious to know what Dostoyevsky, Fernando Pessoa and Kafka would haveto say to one another.
Actor to poet Taking on a new role is a challenge, a way of developing and discovering another of his MEET RENCONTRE © D.R.
facets. Because “a director can give you insight into yourself, hetakes you wherever he wants”. With Luc Besson, friendship became synonymous with a great adventure ; they bonded implicitly over cinema. His finest memories of filming centre around discovery : Rome, gliding, learning to ride a horse in Argentina with Mario Luraschi, king of equestrian stunts. If insincerity annoys him, he prefers to control his anger and channel it into his roles. His favourite film is Crazy Heart, no doubt because he identifies with the character of Bad Blake, played by Jeff Bridges. A modern-day cow-boy whom you take as you find : flush, generous and with the same need for freedom as a horse at full gallop. So it’s not surprising he likesto recharge his batteries in the vastness of the desert, Mexican or Moroccan. He believes contemplation is a necessary virtue for a man of action. But don’t think that he’s a serious, tortured soul. Tchéky loves life and all its pleasures. His recent performance in Roman d’un trader at the Théâtre National de Nice provesthe “killer” also knows how to make people laugh. « I believe in merciless tenderness… In an astonished look… In flowing Jervour… Moving forward within your own darkness to see more clearly. » The words of the poet Zeno Bianu are engraved in his memory, as if the actor turned storyteller were reciting his own Credo. Tchéky Karyo’s husky voicetransports you into his world, as intoxicating as the dance of the whirling dervishes.
Lors d’un concert à Cannes. Quand l’homme fait corps avec sa musique…
son rapport avec les autres. Les autres, le besoin incessant d’être ouvert, disponible, à l’écoute. Pour lui, la religion est une cage dans laquelle il ne veut pas s’enfermer et dont la seule vocation serait de faire du bien. Signe qui netrompe pas, Tchéky le chanteur a baptisé le groupe de rock qu’il a créé Les Bienveillants, un qualificatif qui définit au mieux sa personnalité. Et qui sait ? Unetrace en filigrane de son héritage oriental ? Dans son iPod se mêlent des sons qui ont tatoué sa mémoire musicale : Elvin Jones, Alex Beker, Jimi Hendrix. Mais aussi le groupe Télévision, The Velvet Underground, The Raconteurs, avec Jack White, et même Calypso, le disque enregistré par Robert Mitchum. S’il n’avait pas été acteur, il se serait consacré à la lecture. Il a la passion des mots, des beaux textes. Il refuse d’êtretraité d’intello, mais s’il pouvait réunir des personnages célèbres à un dîner posthume, il serait curieux de savoir ce que Dostoïevski, Fernando Pessoa et Kafka auraient à se dire.
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De l’acteur au poète Rentrer dans un nouveau rôle est un challenge. Pour avancer, pour découvrir une autre de ses facettes. Parce qu’« un metteur en scène peut vous révéler, il vous emmène là où il veut ». Avec Luc Besson, l’amitié s’est conjuguée avec une belle aventure, le cinéma les a liés comme une évidence. Ses plus beaux souvenirs detournagetournent autour de découvertes : Rome, faire du planeur, apprendre à monter à cheval en Argentine, avec le grand maître de la cascade équestre, Mario Luraschi. Si la mauvaise foi l’énerve, il préfère maîtriser sa colère et la canaliser dans ses rôles. Son film préféré ? Crazy Heart, sans doute parce qu’il se retrouve dans le personnage de Bad Blake, interprété par Jeff Bridges. Un cow-boy d’aujourd’hui, que l’on prend comme il est, cash, généreux, avec le besoin de liberté d’un cheval au galop. Pas étonnant qu’il aime se ressourcer dans l’immensité du désert, mexicain ou marocain. Pour lui, la contemplation est une vertu nécessaire à l’homme d’action. N’imaginez pas pour autant l’homme sombre et torturé. Tchéky aime la vie et toutes ses gourmandises. Sa récente prestation dans le Roman d’un trader sur la scène du Théâtre national de Nice le prouve : le « tueur » sait aussi faire rire. « Je crois à la tendresse impitoyable… Au regard renversé… À la Jerveur fluide… Avancer dans sa propre obscurité pour y voir plus clair. ». Les mots du poète Zéno Bianu sont scotchés dans sa mémoire, comme si l’acteur, devenu conteur, récitait son propre Credo. La voix rauque de Tchéky Karyo vous emporte dans son univers, aussi grisant que la danse des dervichestourneurs. © ALAIN HANEL
Une nouvelle facette du comédien, avec son rôle décalé dans le Roman d’un trader, ici sur les planches du TNN.
mars 2012 www.cotemagazine.com
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