NUDE IN THE SUN NU AU SOLEIL 94 A la Monnaie de Paris jusqu’au 22 août, Willy Ronis, Nu au tricot rayé, Paris, 1970 - Tirage argentique, 30 x 40 cm. L’irruption de la photographie au XIX e siècle fait l’effet d’une bombe dans le milieu de l’art qui voit dans cette innovation technologique la mort annoncée de la peinture, du dessin, de la sculpture… Pétris d’esthétique conventionnelle et peu enclins au changement, les dignes membres des académies concernées rejettent en bloc ce nouveau médium redoutant la désacralisation de l’art occidental et sans doute la perte de leurs privilèges… En 1862, un certain Jean Auguste Dominique Ingres et une vingtaine d’autres peintres signent une « pétition » contre « toute assimilation photographique à l’art… ». Or, l’histoire de la peinture et celle de la photographie s’écrivent ensemble, tous les historiens sont d’accord sur ce fait : « Produit de la science et symbole de la modernité, la photographie, dans son aptitude à cerner le réel, se vit volontiers reconnaître [comme] nouvel outil d’investigation et de représentation du corps humain dès le milieu du XIX e siècle », déclare la conservatrice Catherine Mathon dans L’art du nu au XIX e siècle (1), et même jugée avec méfiance et mépris dans les premiers temps, elle aura des « conséquences durables, d’abord sur la manière de travailler, puis, à plus long terme, sur le regard de l’artiste et les conceptions mêmes de l’art », conclut l’Académicien Jean-Pierre Angremy dans la préface de cet ouvrage aujourd’hui de référence (mais épuisé), publié à l’occasion de deux expositions présentées par la Bibliothèque nationale de France en 1997-1998 (2). juillet-août 2010 www.cotemagazine.com Photography arrived like a bombshell in the art world of the 19th century. It was seen as announcing the death of drawing, painting and sculpture. In 1862 Ingres and some twenty other painters signed a petition against "any assimilation of photography into art". But as historians unanimously agree, from that time the histories of painting and photography are inseparable. "Product of science and symbol of modernity, for its ability to depict the real photography was soon recognized as a new tool for investigating and representing the human body," writes Catherine Mathon in L’art du nu au XIX e siècle (1). Although viewed with mistrust in the early days, it was to have "lasting consequences, first for the artists'way of working and in the long run for their way of seeing and their very conception of art" concludes Jean-Pierre Angremy of the French Academy (2). Photo Willy RONIS/Ministère de la culture et de la communication & Stéphane Kovalsky/dist. Agence Rapho |