ART MADE IN CHINA 68 mai 2010 www.cotemagazine.com RÉSOLUMENT HYPE, CARRÉ- MENT JOLIE, CETTE VIDÉASTE ET PLASTICIENNE CHINOISE A CHOISI DE NE PAS CHOISIR : ENTRE L’OCCIDENT ET L’ASIE, SON CŒUR BALANCE. DISTINCTLY HIP, INDISPUTABLY ATTRACTIVE, THIS CHINESE VIDEO AND MULTIMEDIA AR- TIST HAS CHOSEN NOT TO CHOOSE BUT TO DIVIDE HER LIFE BETWEEN EAST AND WEST. PAR MIREILLE SARTORE CRÉATURE ARTY ? -/YI ZHOU, ARTY CREATURE Mixant vidéos et nouvelles technologies, l’avant-garde des artistes chinois s’ouvre aux préoccupations d’un monde en pleine mutation avec une remarquable acuité, quand l’Occident semble dormir sur ses lauriers... Voici Yi Zhou, vidéaste et plasticienne, le parfait « compromis » entre le monde de là-bas – elle est née en 1978 à Shanghai – et celui d’ici – elle vit à Paris – où elle a décidé d’étudier et vivre de son art. « It girl de l’art contemporain ou plasticienne chinoise prometteuse ? », s’interrogeait dernièrement Libération, livrant toutefois quelques éléments de réponse en faisant poser cette sexy girl sous l’objectif de Jean-Baptiste Mondino, en fourrure Nina Ricci et robe Rick Owens… À dire vrai, Yi Zhou s’en fout… du moment qu’on parle d’elle. « Si je suis une artiste à la mode ? Tant mieux. Peu importe le regard complaisant que les médias portent sur moi, car je suis sûre de durer dans le temps ! Mon travail est cohérent, pertinent, ouvert sur mon époque que j’interroge sans répit au travers de mes créations. Je suis tout sauf une météorite, je vous assure. » Dépourvue de cynisme et débordante d’énergie, Yi déconcerte, en effet. Et semble avoir tout compris des codes de l’art contemporain dont elle joue avec malice depuis ses débuts à Paris. Avant ça ? Elle a pas mal bourlingué… À 9 ans, ses parents quittent la Chine pour Rome, où elle suit les cours libres à l’Ecole des Beaux-Arts. À Londres, elle s’inscrit à Sciences Politiques puis se pose finalement dans la capitale française où elle pratique les arts plastiques et devient l’assistante de plusieurs artistes. SHANGHAI, LA FÉERIQUE, L’ÉLECTRIQUE Ancrée dans son temps mais sans attache véritable, Yi a donc choisi le virtuel comme langage universel dans ses créations. « Mon art n’est ni à proprement parlé chinois, français, anglais ou italien » (les langues qu’elle parle couramment avec l’espagnol) mais la conséquence de son passé itinérant, de ses influences multiples. L’immatériel lui colle au corps et à l’esprit, parce que facile d’accès, commode à transporter et simple à montrer (« un ordinateur ou un téléphone portable font très bien l’affaire ! ») Son œuvre se traduit par « une synthèse complexe de nouvelles technologies, de références littéraires et imaginaires », explique son galeriste parisien Jérôme de Noirmont, le premier à lui avoir consacré sa première exposition personnelle en 2002. Son plus gros « coup » ? Sa vidéo The Ear, présentée à la Fiac 2009, mettant en scène Pharrell Williams, le rappeur producteur américain le plus hype du moment, dans une libre adaptation d’une nouvelle de Gogol. Le compositeur italien légendaire Ennio Morricone signait la musique originale de la pièce, dont Yi Zhou présentera bientôt une variation, The Greatness, inspirée cette fois de la Divine Comédie de Dante, avec le même casting classieux. Charlotte Gainsbourg et le groupe Air figurent aussi à son « palmarès ». Porte-drapeau de l’electro french touch, le célèbre tandem versaillais, présentera d’ailleurs salle Pleyel, le 3 juin, une création spéciale, The Dream of Yi, que mettra en scène la jeune Chinoise. Qui s’enflamme dès qu’elle évoque son pays d’origine, et notamment « Shanghai, la féerique, l’électrique » où elle retourne régulièrement. Flattée de son succès en Asie, où semble s’opérer une meilleure compréhension de sa démarche – « parce que j’aborde les thèmes de la métamorphose, du changement » – Yi Zhou sera bien sûr présente à l’Exposition Universelle de Shanghai, « mais impossible de vous dire encore sous quelle bannière ! » En juin, en collaboration avec sa galerie chinoise Contrasts, elle exposera ses dernières œuvres à la Y Plastic Factory Studios, une ancienne usine de plastique reconvertie pour l’occasion. Entre temps, Yi vient de créer sa maison de production, filiale de Première Heure, boîte de prod française. www.yi-yo.net - www.denoirmont.com |