ART MADE IN CHINA 68 Li Fang devant ses silhouettes énigmatiques… LI FANG Les personnages de Li Fang se fondent anonymes dans une foule sans visage. Des ectoplasmes bigarrés déambulants sur de la toile blanche, vision d’un monde aseptisé, morose et solitaire. Le monde de Li Fang est clinique, exsangue de vie et en même temps lumineux. « Si je marche dans la rue, dit-elle, j’ai l’impression d’être transparente. La ville est grise, les gens sont tristes, fermés. » Li Fang ne se donne pas d’âge. Elle est arrivée à Paris en 2001 après un master à l’Institut d’art de Nankin. Depuis ses silhouettes peintes à gros coups de pinceau poursuivent une inlassable quête vers une réalité qui nous échappe. -/Li Fang's figures blend anonymously into a faceless crowd ; garishly coloured ectoplasms wandering around a white canvas ; visions of an aseptic, morose, solitary world. Li Fang's world is clinical, bloodless yet at the same time luminous. "When I walk down the street I feel as if l'm transparent," she says. "The city is grey, the people are sad, closed." Li Fang came to Paris in 2001 after a master's degree at Nanking institute of art. JEAN-MARC DECROP JEAN-MARC DECROP LI TIAN-BING Un pays, selon lui, qui ne peut se départir de l’âme de ses ancêtres et d’une urbanisation ultra contemporaine. Bien que résidant à Paris depuis 1997, date de son entrée à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts, Li Tian-Bing n’hésite pas à retourner fréquemment en Chine pour observer les nouvelles tendances artistiques de son pays et surtout se confronter à ses thèmes de prédilection. A savoir, une certaine nostalgie pour les rites et coutumes d’autrefois et l’omniprésence de la culture américaine. Là « où les traditions, ajoute-t-il, s’érodent petit à petit devant l’invasion d’une société de consommation et d’un monde submergé par ses désirs et ses envies. » -/A country he sees as unable to do withouteither its ancestors'soul or an ultramodern urbanisation. Having lived in Paris since 1997, when he entered the Ecole Nationale des Beaux-Arts, Li Tian-Bing nevertheless returns frequently to China in order to observe the new artistic trends in his country and most of all to confront his preferred themes : a definite nostalgia for the rites and customs of the past, and the ubiquity of American culture. There, he says, "where traditions are gradually eroding before the invasion of a consumer society and a world submerged by its desires and cravings." Li Tian-Bing : « J’exprime dans mes tableaux ce qui se passe aujourd’hui surtout en Chine. » HARRY KAMPIANNE Wang Keping : « Le bois, il faut savoir l’écouter. » Cet ex-garde rouge et acteur de théâtre vit en France depuis 1984, entre ses deux ateliers situés en banlieue parisienne. Que reste-t-il du temps où membre fondateur du groupe des Etoiles en 1979, il accrochait le long des grilles du Musée national des beaux-arts de Pékin, un art contestataire le poussant progressivement vers le succès international ? Une douce ironie, une « zen attitude » ? Wang Keping a 61 ans. Le bois est sa religion. En tranche, en tronc ou en tas, il sculpte tous les bois « là où l’énergie ne demande qu’à être libérée, ajoute-t-il, j’écarte toute ressemblance avec un art tribal. Ce n’est pas mon propos. À travers la forme chinoise primitive de mes sculptures, j’essaie de trouver un ton universel tout en essayant de rendre compte de ma conception de l’art contemporain. » WANG KEPING -/A theatre actor and a former Red Guard, he has lived in France since 1984. What has he retained from the time when, as a founding member of the Stars group in 1979, he hung on the fence around Beijing's national fine arts museum an anti-establishment art that gradually earned him international success ? A gentle irony, a zen attitude ? Wang Keping is now 61. Wood is his religion, in planks, trunks or stacks. He sculpts every kind of wood. "There where the energy is just asking to be liberated," he says, "I eliminate any resemblance to tribal art. I try to find a universal tone while also trying to express my conception of contemporary art." Wang Keping présentera l’exposition La Chair des Forêts du 1 er avril au 12 septembre, au Musée Zadkine, 100 bis rue d’Assas, Paris 6e. |