FESTIVAL DE CANNES 46 JOSÉ HARO Pour son come-back à Cannes, après vingt ans d’absence, Bertrand Tavernier renoue avec le genre de la fresque historique qu’il affectionne tant (Que la fête commence, La passion Béatrice). Ce nouvel opus est l’adaptation d’une nouvelle du XVII e siècle de Madame de Lafayette : La Princesse de Montpensier. Le rôle est joué par Mélanie Thierry – récemment auréolée du César du Meilleur Espoir – qui, dans une France en proie à une guerre civile, fait chavirer les cœurs de Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet et Lambert Wilson. Olivier Assayas, déjà venu six fois à Cannes dont trois fois en compétition officielle, viendra présenter la version courte d’un triptyque qu’il vient de terminer pour Canal+ sur la vie du plus connu des terroristes internationaux, Carlos. Co-écrit avec l’écrivain Dan Franck, sur la base du travail d’enquête du journaliste Stephen Smith, ce projet bien évidemment rejeté par le protagoniste en question sera certainement un des grands événements du festival. C’est l’acteur vénézuélien Edgar Ramirez vu notamment dans La vengeance dans la peau et Che, qui a eu la lourde tâche d’incarner Carlos à l’écran. Quant au Français Rachid Bouchareb, il revient avec Hors la loi, la suite en quelque sorte d’Indigènes qui avait valu aux cinq acteurs (Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan) un Prix d’interprétation collectif. Sauf que Samy Naceri n’est plus à l’affiche et que le film représentera l’Algérie et non la France. Du côté d’ailleurs... La crise peut avoir du bon parfois. Ainsi voit-on apparaître en compétition cannoise deux pays qui en avaient été jusqu’ici absents : le Tchad, où Mahamat-Saleh Haroun a tourné Un homme qui crie, et l’Ukraine, pays d’origine du documentariste Sergeï Loznitsa, qui propose sa première fiction My Joy. Quant aux cinéastes anglais et japonais Mike Leigh et Takeshi Kitano, ils sont de retour à Cannes après avoir préféré Venise et Berlin ces dernières années. Le premier, Palme d’Or 1996 pour Secrets et Mensonges, revient avec Another Year, dont le sujet reste secret. Avec Outrage, le deuxième retourne à ses premières amours : l’ambiance gangster Yakusa ! Sinon il y a aussi les « abonnés » qui aiment Cannes et inversement. l’Iranien Abbas Kiarostami, Palme d’Or 1997 pour Le goût de la cerise, présentera quant à lui Copie conforme qu’il a tourné pour la première fois hors de son pays. C’est en effet sur les terres de Toscane qu’il a placé devant sa caméra Juliette Binoche et William Shimel, venu de la scène lyrique anglo-saxonne. L’actrice française qui figure d’ailleurs sur l’affiche 2010 du festival, est, elle aussi, une grande habituée de la Croisette. Autres habitués qu’on a plaisir à retrouver : le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, les Coréens Lee Chang-dong et Im Sang-soo, le Russe Nikita Mikhalkov et l’Italien Daniele Luchetti. Et aussi le Mexicain AlejandroGonzáles Iñárritu, « né » à Cannes pourrait-on dire, tant son cinéma y a pris toute son ampleur. On se souvient de son premier long, le magnifique Amours chiennes qui avait remporté le Grand Prix de la Semaine de la Critique en 2000 ou de son labyrinthique Babel, auréolé du Prix de la Mise en scène en 2006. Cette année, c’est sans Guillermo Arriaga, son coauteur et maître dans l’art du film choral, qu’il a concocté Biutiful pour le comédien Javier Bardem, 41 ans, la grande star masculine espagnole d’aujourd’hui. A noter dans la sélection Un Certain Regard, jury présidé cette année par la réalisatrice Claire Denis – dont on salue le très beau et récent White Matérial –, la présence d’un « petit auteur » suisse... Jean-Luc Godard qui, selon Thierry Frémaux, « se fichait pas mal d’apparaître en compétition officielle, sa seule exigence étant que son film Socialisme soit projeté dans la salle Debussy du Palais des Festivals... » Un tout petit caprice, somme toute. mai 2010 www.cotemagazine.com Biutiful d’AlejandroGonzález Inárritu. La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier. In the other corners The recession has its silver lining, since two countries never previously seen in competition at Cannes make their appearance : Chad, where Mahamat-Saleh Haroun filmedUn homme qui crie (A Screaming Man), and Ukraine, birth-place of documentary-maker Sergei Loznitsa who offersup his first fiction film, My Joy.The UK's Mike Leigh and Japan's Takeshi Kitano both return to Cannes after showing a preference for Venice and Berlin these last years. The first, who took the 1996 Palme d’Or for Secrets and Lies, returns with Another Year, its subject stilla secret. The second brings us Outrage, a return to his first love : Yakuza gangsters ! Then there are the regulars who love and are loved by Cannes. Iranian director Abbas Kiarostami, 1997 Palme d’Or for Taste of Cherry, brings Copie conforme (The Certified Copy) starring Juliette Binoche and British opera singer William Shimell ; this is his first film shot outside Iran, in Tuscany. The French actressis such a regular regular at Cannes that this year she's on the Festival poster. Other familiar faces include Thai director Apichatpong Weerasethakul, Korean directors Lee Chang-dong and Im Sang-soo, Russian director Nikita Mikhalkov and Italian director Daniele Luchetti, plus Mexican director AlejandroGonzáles Iñárritu whom we might say was'born'at Cannes so important has the Festival been for his career : his first feature, the magnificent Amores Perros, won the Critics'Week prize in 2000 and his Babel the Best Director prize in 2006. This year it's without his co-author, the masterful Guillermo Arriaga, that he's concocted Biutiful for actor Javier Bardem, Spanish cinema's big male star of the moment. In the Un Certain Regard selection, whose jury is this year led by director Claire Denis (her recent White Material is superb), we note the presence of a Swiss auteur director by the name of… Jean-Luc Godard, who, Thierry Frémaux tells us, "didn't give a damn about being in the official competition, all he wanted was for his film Socialisme to be screened in the Palais des Festivals's Salle Debussy." A pardonable little caprice ! LE JURY DU 63 E FESTIVAL DE CANNES JURY DES LONGS MÉTRAGES Tim Burton, Président Kate Beckinsale - Actrice/Grande-Bretagne Giovanna Mezzogiorno - Actrice/Italie Alberto Barbera - Directeur du Musée National du Cinéma/Italie Emmanuel Carrere - Ecrivain - Scénariste - Réalisateur/France Benicio Del Toro - Acteur/Porto Rico Victor Erice - Réalisateur/Espagne Shekhar Kapur - Réalisateur - Acteur - Producteur/Inde JURY DE LA CINÉMA FONDATION ET DES COURTS MÉTRAGES Atom Egoyan, Président - Réalisateur/Canada Emmanuelle Devos - Actrice/France Dinara Droukarova - Actrice/Russie Carlos Diegues - Réalisateur/Brésil Marc Recha - Réalisateur/Espagne JURY UN CERTAIN REGARD Claire Denis, Présidente - Réalisatrice/France |