RENCONTRE 4 [RENCONTRE] Par Alexandre Benoist Mathieu Lehanneur Designer interactif -/Interactive designer COTE : Comment êtes-vous arrivé dans le design ? Mathieu Lehanneur : Un peu par hasard. Je voulais être artiste, mais je me suis rendu compte que je n’en avais pas les compétences… Alors je me suis intér essé au design en me disant que si je créais des choses qui ne sont pas belles esthétiquement au moins il y aurait toujours la solution de dire « Oui mais c’est pratique. » ! Vous obtenez votre diplôme en 2001, après 7 ans de formation à l’Ensci, école parisienne de design, et vous vous intéressez immédiatement à l’univers des médicaments. Pourquoi ? Pour gagner ma vie, quand j’étais étudiant, j’ai été cobaye pour l’industrie pharmaceutique. Et je pense que cela m’a influencé. De plus, c’est certainement aussi le fruit de mon inculture du design. Quand j’ai commencé ma formation, je n’avais aucune référence dans ce domaine, ni d’objet icône dans ma tête. J’ai donc appris cette discipline avec l’esprit frais. Cela m’a permis de façon libre, voire candide, d’aller sur des territoires différents de celui des tables ou des chaises. C’est, en effet, un domaine peu investi par les designers. Oui, l’espace était ouvert et je trouve qu’il est toujours plus excitant et plus attirant d’aller dans le champ d’à côté. Je me suis dit, aussi, qu’en tant qu’individu, je ne pouvais pas être considéré uniquement comme une cible, un consommateur ou un postérieur à poser sur une chaise mais comme un homme avec un cerveau, un appareil respiratoire, un ressenti… Dans le domaine médical, la disparition des croyances au profit de la connaissance scientifique a induit une perte de la r elation humaine, une ruptur e entre le patient et le personnel soignant. C’est un domaine trop important pour le laisser seul au scientifique ou au médecin. J’estime qu’il est nécessaire, aujourd’hui, de repenser dans ce secteur précisément l’interaction avec l’utilisateur. avril 2010 www.cotemagazine.com Exposé au Moma de New York depuis 2005, le créateur de l’année 2010 au Salon Now ! Design à Vivre a fait du corps humain et de son environnement un nouveau champ d’exploration pour le design. -/The Salon Now ! Design à Vivre's 2010 designer of the year, whose work has been in New York's MoMA since 2005, has turned the human body and its environment into a new field of exploration for design. COTE : How did you become a designer ? Mathieu Lehanneur : A bit by chance. I wanted to be an artist but realised I wasn't skilled enough, so I tur ned to design because I told myself that if I cr eated things that weren't aesthetically beautiful I could at least always say : "Y es, but they're practical" ! You graduated in 2001 after seven years studying at Ensci, the Paris design school, and you immediately began working in the medical sphere. Why ? While I was a student I earned my living by being a "guinea pig" for the pharmaceutical industry, so I think that influenced me. Plus it was certainly also a result of my lack of design culture. When I began my studies I had no design r eferences nor even any familiarity with iconic objects. That allowed me to ventur e freely, ingenuously even, into spheres other than that of tables and chairs. VÉRONIQUE HUYGHE Exemple de design galénique avec ce projet de médicament qui épouse les dents de la fourchette. |