VILLA ARSON URBAN Par Mireille Sartore ÔTE CAZUR L’œuvre d’art est-elle interprétable par le langage ? L’exposition de la Villa Arson délivre une réflexion profonde sur le sujet. « Arrêtez d’essayer de me compr endre », aurait lancé Jacques Lacan à ses étudiants méditatifs lors d’un séminaire… Eric Mangion, Dean Inkster et Sébastien Pluot ont choisi de sous-titr er ainsi l’exposition qui se tient jusqu’au 30 mai à la Villa Arson et dont ils assurent le commissariat. Le titre exact en est : Double Bind (« double contrainte ») qui désigne dans une même phrase deux affirmations qui s’opposent, du type « C’est vrai ce mensonge ? v » ou « Soyez spontané » … Le propos n’est pas simple, la proposition du centre d’art niçois non plus. « Cette exposition s’inscrit dans un cycle mené depuis 2006, ayant pour but de traiter des sujets extrêmement classiques de l’histoire de l’art non pas au travers de leurs évidences, mais par le prisme de leurs ambivalences », explique Eric Mangion, directeur artistique du lieu. Le thème de la performance, par exemple, avait été abordé non pas au « travers du geste et de l’action, mais par les traces produites par les artistes ». Idem pour Double Bind qui revient sur le rapport intrinsèque reliant art et communication. « Malentendu, altération, incompréhension, aporie, confusion ou contr esens, sont autant de dysfonctionnements ou d’anomalies qui modifient en permanence le cours et la teneur de nos échanges. » Mangion et ses deux acolytes approfondissent ce vaste champ de réflexion à travers 90 pièces de 66 artistes, dont 25 ont spécialement conçu une œuvre pour l’exposition, qui a l’outrecuidance de ne pas vouloir prendre le visiteur pour un « idiot » … Sauf que livré à soi-même l’effort peut paraître vain face à l’ampleur de la tâche… La Villa Arson y remédie grâce aux médiateurs (les étudiants du centre) qui sont chargés de faire passer le message… FOCUS les rendez-vous du mois/what to do this month « Traiter des sujets extrêmement classiques de l’histoire de l’art non pas au travers de leurs évidences, mais par le prisme de leurs ambivalences » c’est le propos de la Villa Arson, avec son exposition « Arrêtez d’essayer de me comprendre ». (Ici, œuvres d’Anthony Duchêne, Pascal Broccolichi et Eric Duyckaerts). L’art autrement -/Art otherwise -/Can artworks be interpreted through language ? An exhibition at Villa Arson delivers some profound thinking on the subject. "Stop trying to understand me," Jacques Lacan once exclaimedto his pensive students during a seminar. Eric Mangion, Dean Inkster and Sébastien Pluot have chosen this as the subtitle for Double Bind, the exhibition they have curat-ed at Villa Arson, on until 30 May. Double bind meaning two contradictory affirmations contained in one phrase, such as : "Is that lie true ? " The subject isn't simple and neither is the Nice art centre's treatment of it. "This exhibition is part of a cycle running since 2006, the aim being to treat extremely classic subjects in the history of art, not through what is obvious about them but through what is ambivalent," explains Eric Mangion, the centre's artistic director. For example, performance art was tackled not "through movement and action but through the traces left by the artists". The same goes for Double Bind, which looks at the intrinsic relationship between art and communication. "Misunderstanding, alteration, incomprehension, aporia, confusion and misinterpr etation ar e just some of the malfunctionings and anomalies that perpetually modify the flow and content of our intercommunication." Mangion and his two collaborators reflect in-depth on this vast field of possibilities through 90 artworks by 66 artists, 25 of whom have produced a work specially for this exhibition, which equally avoids the conceit of treating its visitors cavalierly. Left to themselves their efforts might seem in vain given the scope of the task, so V illa Arson extends the helping hand of mediators (the centre's students) who clarify the message. Villa Arson, 20 avenue Stéphane Liégeard, à Nice. Tél. 04 92 07 73 73. www.villa-arson.org avril 2010 www.cotemagazine.com FOCUS URBAN 113