ÉVASION GETTING AWAY 40 tendance/trends PÉKIN//L’ancienne usine 798 s’est muée en lieu de création. Le Three Shadows Photography Art Center. Depuis très longtemps, Pékin est une destination touristique hors du commun. Il s’agit en effet de l’une des rares villes à pouvoir se vanter d’être, hier comme aujourd’hui, la capitale d’un véritable empire ! Pour preuve, il suffit simplement d’observer n’importe quel billet de banque chinois sur lequel pas moins de cinq langues sont utilisées. Mais comment éviter les habituels stéréotypes à son sujet ? Comment percevoir toute la complexité de cette mégalopole de 17 millions d’habitants ? La recette que nous vous proposons est simple : partir du centre pour aller vers l’extérieur en empruntant un parcours qui sera naturellement chronologique. On commencera par la Cité Interdite et l’incontournable place Tien Anmen, le Temple de Confucius, le Temple des Lamas, le Temple du Ciel, les quartiers anciens et leurs inextricables hutong… On franchira un, deux, trois, quatre, cinq puis six périphériques découvrant progressivement une ville s’inscrivant dans une modernité croissante avec ses immenses buildings et ses centres commerciaux hors normes… Ce n’est donc certainement pas un hasard si c’est passé le sixième périphérique que de nombreux artistes contemporains ont trouvé, au cours des années 2000, leurs nouveaux lieux d’expression. Ce sera tout d’abord l’étonnant District 798 dans le quartier très en vogue de Dashanzi. Cette ancienne usine promise à la démolition abrite aujourd’hui plus de 200 galeries et serait le cinquième site le plus visité de Pékin ! Symboliquement fort au point d’être soutenu aujourd’hui par des autorités, décembre 2009-janvier 2010 www.cotemagazine.com PAR RÉMI DECHAMBRE L’ARTISTIQUE BEIJING : THE NEW ELDORADO OF CONTEMPORARY ART ? Oui, on parle beaucoup des nouveaux artistes chinois… À Pékin, de véritables « quartiers artistiques » leur sont même dédiés, faisant de cette ville une nouvelle plaque tournante de l’art contemporain en Asie. -/Yes indeed, the new Chinese artists are really getting themselves talked about. In Beijing entire "art districts" are dedicated to them, making the city a new hub of contemporary art in Asia. qui ont compris tout le parti économique qu’elles pouvaient en tirer. Si la censure est discrètement présente, une certaine bienveillance a tout de même permis le développement d’autres « districts culturels » comme Cao Chang Di, Song Zhuang, Guan Yin Tang et bien d’autres plus ou moins réussis, baptisés officiellement « zones industrielles de créativité à caractère culturel » : une appellation qui traduit parfaitement l’état d’esprit des autorités dans ce domaine ! Face à ce foisonnement artistique en forme de grand bazar comptant des artistes à la cote parfois aberrante, on comprend que c’est ici que se construit une nouvelle génération d’artistes prometteurs. Si la visite du Pékin de l’art contemporain peut être une expérience distrayante et enrichissante, il est indispensable d’être bien guidé et conseillé si l’on souhaite acquérir des œuvres. Aujourd’hui, l’art contemporain chinois a 30 ans. Certains artistes ont acquis une notoriété mondiale comme Zhang Xiaogang, Zeng Fanzhi, Yue Minjun, Wang Guangyi ou Liu Xiaodong. Si, dans la jeune génération, beaucoup sont d’habiles faiseurs, d’autres sont réellement créatifs. Une qualité qui n’est pas à négliger face à un pouvoir soucieux de maintenir un certain ordre. Signe des temps : de grands artistes comme Hei Yue ou Ai Weiwei investissent même parfois le centre de Pékin pour y présenter – furtivement – des performances. Elles sont, en général, assez vite interrompues, mais témoignent du rôle majeur qu’entendent jouer les artistes dans l’évolution du pays. |