CULTURE ESSENTIELS 30 Miró en son jardin Par Hélène Jourdan-Gassin Joan Miró, Sobreteixims XVI, 1973 ; Tapisserie ; 190 x 315 cm. Jusqu’au 8 novembre, la fondation de Saint-Paul rend hommage à l’artiste espagnol, Joan Miró, familier des lieux et proche de la famille Maeght. -/Miró in his garden Until 8 November the Saint-Paul foundation remembers the Spanish painter Joan Miró, who knew the place wellas a friend of the Maeght family. Il existe entr e des lieux et les ar tistes qui y sont intervenus des liens que l’œil, même le plus néophyte, ne peut ignorer… La Côte d’Azur est riche de ces connivences : on pense à Matisse, à Chagall à Cimiez, à Picasso sur les r emparts d’Antibes et, d’une façon plus totale, à Miró à la Fondation Maeght. L’artiste eut grâce à Aimé Maeght l’occasion de créer dans la nature de Saint-Paul le Labyrinthe, une œuvre sculptée d’une amplitude étonnante que le public découvrit en 1964, en même temps que l’ar chitecture novatrice du bâtiment. C’est autour de ce Labyrinthe que s’est ar ticulée l’exposition Miró de l’été 2009. Restitué tel que le Maîtr e l’avait conçu (les couleurs du mur de céramique ont été r ehaussées par Artigas fils, l’Oiseau de la Tour a retrouvé son perchoir), cet ensemble montr e bien que Miró a pensé ces sculptures comme une « installation », le soulignant par une longue traînée blanche sur les murets de pierre. Mais notr e émerveillement ne s’arrête pas là car ce sont 250 œuvr es, peintur es et sculptur es majeur es, cer taines jamais montrées au public, dessins, céramiques, livr es, lithographies…, qui envahissent tous les espaces de la Fondation jusqu’à sa bibliothèque et montr ent le lien pr o- fond qui unit la famille Maeght à Joan Miró (1893-1983), monstre sacré de l’art du XX e siècle ! Après avoir découver t dans le hall Les oiseaux de pr oie foncent sur nos ombres, une stupéfiante peinture sur peau de vache, notre parcours nous amène aux toutes premières septembre 2009 www.cotemagazine.com huiles de Miró, Nord sud, Balcon, 1917, puis vers la salle où les bronzes colorés Monsieur, Madame, Femme et oiseau rencontrent les dessins noirs. Dans la salle du bas, La Ruisselante lunaire, La Ruisselante solaire, 1976, mais aussi Matador, 1969 et Gargantua, 1977, des gravures au carborundum, entour ent Femme, 1973, une sculptur e blanche en époxy. Dans la salle aux bronzes noirs, autour de Constellation silencieuse, on découvre ces singulières œuvres de 1973 que Miró nomme Sobreteixims, des peintur es en volumes qui allient laine, cor de, toile de sac à la couleur. Dans le der nier espace, on remarque Le Mur du Soleil et Le Mur de la Lune, la maquette de l’œuvr e conçue par Miró et Ar tigas pour l’UNESCO, la série des Parchemins et une très vaste collection de vases, maquettes et objets de céramique. Pour une exposition aussi riche en œuvres provenant à la fois de la Fondation et de la collection de la famille, Michel Enrici, le directeur de Fondation, a préféré à l’or dre chronologique une rencontre entre les pièces dans un par cours sinueux où le noir alterne avec la couleur. Plus encore que ces données plastiques c’est l’esprit de Miró qui fait l’unité de l’exposition. Par la magie d’un geste, d’un signe, il nous surpr end, nous amuse, nous interr oge… Comme des enfants, nous nous émerveillons ! Fondation Marguerite et Aimé Maeght, Saint-Paul-de-Vence Tél. 04 93 32 81 63 PHOTO GALERIE MAEGHT ; SUCCESSIÓ MIRÓ, ADAGP PARIS 2009 -/Between places and the ar tists who worked in them there exist links that even the most inexperienced eye cannot help but notice. The Côte d’Azur is rich in such complicities : Matisse and Chagall in Cimiez, Picasso on the rampar ts of Antibes and in a mor e compr ehensive way, Joan Miró (1893-1983) at Fondation Maeght. Aimé Maeght gave the ar tist the opportunity of cr eating his Labyrinth in the Saint-Paul countr yside, a sculptural work of astounding scope that the public discovered in 1964 at the same time as the innovative architecture of the building itself. It is around this Labyrinth that the summer 2009 Miró exhibition was conceived. Now restored exactly as the master cr eated it, this ensemble clearly shows that Miró thoughtup these sculptur es as an installation, even emphasising the fact by a long white streak on the low stone walls. But the exhibition also displays 250 other works – important paintings and sculptures, some never pr eviously exhibited, drawings, ceramics, books, prints etc – that take over all the foundation's r ooms, library included, and demonstrate the close bond between the Maeght family and Joan Miró. After discovering in the foyer The Birds of Prey Swoop down on our Shadows, a stupefying painting on cow hide, the exhibition leads us to Miró's very first oil paintings then on to the room where coloured bronzes encounter black drawings. In the lower room, carborundum engravings surround Woman (1973), a sculptur e in white epoxy r esin. In the black br onzes room we discover those singular 1973 pieces that Miró namedSobreteixims : relief paintings with wool, r ope and sacking incorporated into the paint. In the last exhibition space we admir e models of The Sun and The Moon, the work that Miró and Ar tigas cr eated for UNESCO, the Parchments series and a vast collection of vases, models and ceramic objects. For an exhibition so richly endowed with artworks belonging to the foundation and to the family's collection, dir ector Michel Enrici chose to eschew chronological order in favour of juxtaposing pieces so that black alternates with colour. But more than these aesthetic details it is Miró's spirit that unifies the exhibition. Thr ough the magic of a gesture, a sign, he surprises, amuses, questions us and just like children we marvel ! |