PORTRAIT 18 Par Michel Franca Patrick Thomas Président de Hermès -/Chairman of Hermès Le 5 mai dernier, le dirigeant de la grande maison de luxe était à Nice pour inaugurer l’extension de la boutique Hermès. Entretien. COTE : C’est certainement une satisfaction pour vous de fêter l’extension de cette magnifique boutique (elle passe de 110 à 180 m²) ? Patrick Thomas : La première ouver ture d’une boutique Her mès à Nice, c’était en 1962. Depuis, elle a déménagé cinq fois, mais nous avons conservé le même partenaire, la famille Sauvan. En fait, cette boutique a une histoire familiale. C’est celle de deux familles qui ont fait Hermès à Nice, ensemble. Nous avons en effet avec Mme Sauvan et son fils Jean-Marc, une relation dont on peut dire qu’elle est familiale. Après toutes ces années, on peut considérer qu’ils font partie de la Maison. Ce qui frappe dans ce nouvel espace, c’est la volonté de bien distinguer chaque métier ? La maison, en particulier, est très bien représentée ? Tous nos métiers connaissent une expansion significative, mais l’un de ceux qui, dans l’avenir, va prendre de l’ampleur, c’est la maison, l’art de vivre et l’art de la table. Un espace assez grand leur est consacré. Jusqu’à présent, nos métiers concer naient beaucoup les produits que l’on portait sur soi. Dans les années à venir, nous allons développer les gammes de produits autour de soi, à commencer par tout ce qui concer ne la maison et les arts de la table. Ce développement va se faire conformément à notre philosophie. Nous fabriquons 85% de nos produits. Il en va ainsi pour tout ce qui concerne la maison, comme, par exemple, la porcelaine ou la cristallerie, que nous réalisons dans nos ateliers près de Limoges et à Saint Louis. Nous avons d’ailleurs une légitimité ancienne dans ce secteur. Certains de nos pr o- duits sont même icôniques, je pense par exemple aux draps de bains. Notre savoir-faire est tel qu’on fait souvent appel à nous pour des chantiers de décoration et de design un peu spécifiques. Récemment, Her mès a réaménagé l’intérieur d’un hélicoptère. On a équipé aussi une Smart et une Bugatti, dont un modèle a été entièrement designé par Hermès et porte le nom de Bugatti 24 Faubourg. Nous allons de plus en plus vers des secteurs périphériques qui mobilisent les savoir -faire qui sont les nôtr es. Ceci dit, nous ne cherchons pas à for cer les choses. Notr e maison se développe pr ogressivement. Nous avançons avec prudence et doigté. Notre souci, c’est d’acquérir toujours les savoir-faire qui sont à l’origine d’un métier, tout en apportant à chaque produit cette qualité, qui est notre image de mar que. Cela ne ser t à rien de sous-traiter un pr oduit et de fair e comme tout le monde, ce que nous cherchons, c’est à créer un produit Hermès qui soit différent et ne ressemble pas aux autres. La crise vous pose-t-elle un problème ? Notre croissance s’est un peu ralentie. Nous avions des taux de plus de 10% par an, nous sommes à 3 depuis le début de l’année. La Maison est donc touchée, mais inégalement, selon les secteurs et les pays. Les secteurs les plus af fectés sont l’horlogerie, les bijoux et, un peu, le prêt-à-porter. Géographiquement, l’Europe marche bien, les États-Unis sont plutôt stables, l’Asie connaît un bel essor, à l’exception du Japon, qui était l’un de nos marchés porteurs. Les difficultés là-bas viennent de la crise, mais surtout de la contraction démographique qui afecte le pays. Sa population devrait passer de 128 millions d’habitants à 83 millions en 2050. C’est un phénomène sans précédent qui a, bien sûr, des conséquences économiques. Globalement, ce sont nos métiers légitimes qui tiennent le mieux, je pense à la maroquinerie, à la soie, aux par fums, aussi, qui résistent bien. Et cela est nor mal. Dans les périodes de crise, les gens se tournent vers les valeurs sûres et pour eux, un sac ou un carré Hermès, c’est une valeur sûre. juillet-août 2009 wwww.cotemagazine.com -/On 5 May the leading luxury firm's director was in Nice to open the extension of the Hermès shop. Interview. COTE : It must be very satisfying for you to celebrate the extension of this magnificent shop from 110m² to 180m². Patrick Thomas : We opened the first Hermès shop in Nice in 1962. Since then it's moved five times but we've kept the same par tner, the Sauvan family. In fact this shop has a family histor y, that of the two families that together made Hermès in Nice. With Mrs Sauvan and her son Jean-Marc we have what could well be described as a family relationship. After all these years we consider them part of Hermès. Very notable in this new r etail space is the desir e to r eally distinguish the various depar tments fr om each other. The homewar e department, for example, is particularly in evidence. All our depar tments are expanding significantly but one of those that are going to become more important in the future is homeware – the ar ts of living and enter taining – so we've devoted quite a large space to that. Until recently our skills were mainly focused on products to wear but in the coming years we'll be developing ranges of products for our surroundings, starting with everything to do with the home and entertaining. This development will take place in line with our philosophy. We manufacture 85% of our products and that includes ever ything for the home, for example the porcelain and glasswar e that we make in our factories near Limoges and Saint Louis. What's more, we have a longstanding reputation in the homeware sector ; some of our products are even iconic, l'm thinking of our bath towels, for example. Our knowhow is such that we'r e often called in for rather special interior decoration and design pr ojects. Recently Her mès refitted the interior of a helicopter and we've also worked on a Smar t and a Bugatti ; in fact one Bugatti model was designed thr oughout by Hermès and is namedthe Bugatti 24 Faubourg. We're increasingly getting involved in satellite activities that employ our type of knowhow. Having said that, we don't try to force things, we move forward prudently and adroitly. Our concern is to always acquir e the knowhow that underlies craftsmanship and to imbue each product with the quality that is our brand image. We seek to create Hermès products that are different and don't resemble others. Is the recession causing you any problems ? Our gr owth rate has slowed down a bit. W e had been posting growth of more than 10% per year but that's dr opped to 3% since the beginning of this year. So the company is af fected but unequally so, it depends on sector and countr y. The sectors most affected are timewear, jewellery and to a cer tain extent r eady-towear. Geographically Europe is going well, the US is relatively stable and Asia is expanding nicely with the exception of Japan, which was one of our buoyant markets. The difficulties over there stem partly from the r ecession but mostly fr om the demographic shrinkage affecting the country. Its population is likely to drop from 128 million inhabitants to 83 million by 2050. This is an unpr ecedented phenomenon that of course brings economic consequences. Overall, our "legitimate" products are holdingup the best, by which I mean leather goods and silks, and per fumes ar e also holding their own. And that's nor mal. In times of crisis people r eturn to blue-chip values and for them a Her mès bag or scar f is one of |