ÉTÉ MODE D’EMPLOI 124 Ligurie, j’ai définitivement été happé par une nouvelle passion. En fait ce livr e retrace mon parcours, du jour où ayant décidé de transformer ce pointu en voile latine, j’ai découvert tout un pan inconnu du patrimoine méditerranéen. » Une grande famille dans le vent Et quelle aventure ! Car, si l’on connaît le pointu à moteur, à l’origine, cet esquif qui fraye historiquement dans nos eaux est un outil rustique pour la pêche côtière. « Les grands fonds par ici, étant pr oches du rivage, la plupar t se contentaient de rames. C’est du côté de T oulon que l’on vit les pr emiers pointus s’équiper d’une voilur e triangulaire d’influence arabe d’une vingtaine de m². Cette pratique de la voile latine importée par les Catalans se développa à Marseille. » Mais la grande famille des Voiles Latines dont les aïeux naissent au IX e siècle essaima sur tout le pour tour méditerranéen : bar quette marseillaise, bar que catalane, bette, tar tane, gourse, moure de pouar, boutr e et felouque. Ce gréement atypique fut également utilisé pour doubler l’armement des caravelles portugaises parties faire de grandes découvertes. Car son efficacité pour remonter les vents contrair es, pour « louvoyer » n’a jamais été égalée. « Son petit mât et sa très grande vergue per mettent d’orienter la voile de bien des manièr es. La voile latine est plus fine, plus intelligente. Les commerçants en firent un usage intensif au point qu’elle contribua à l’essor des por ts et des grandes villes de la Méditerranée. » Déchue par l’avènement de la vapeur puis du moteur, la voile latine connaît aujourd’hui un r egain auquel nos voisins transalpins ne sont pas étrangers. C’est d’ailleurs grâce à ces tifosi que Joël eut la révélation et s’enfer ma dans son garage du Mont-Bor on pour, sur la base d’un pointu, r essusciter ce rite maritime. « Les Italiens ne se contentent pas de restaurer des reliques, mais en font de véritables voiliers de compétition. Ils ne sont pas moins de deux cents à par ticiper chaque année à un cir cuit de régates qui passe par la Resquilhada de V illlefranche et par Saint-Tropez, un rassemblement printanier où ils assur ent le spectacle. » La renaissance de ce fringant coursier des mers, souvent immor talisé par les peintres, valait bien un ouvrage. C’est chose faites grâce à Joël Thevenot qui nous fait partager son aventure et sa passion pour le patrimoine méditerranéen, à travers un récit initiatique richement illustré de photos (signées Jean-Charles Dusanter) et d’aquarelles réalisées par l’auteur lui-même. juillet - août 2009 www.cotemagazine.com A big family with the wind in its sails And what a fascinating aspect it is ! This little craft that has been plying our waters for c enturies s tarted o ut a s a b asic to ol f or c oastal f ishing. " As a round h eret he deep waters are very close to the shore, most pointus only had oars. It was along the Toulon coast that the first pointus were equipped with an Arabic-type triangular sail of around 20m², the lateen sail ; its use was introduced by the Catalans and became widespread in Marseille." But the extended family of lateen sails, the predecessors of which first appeared in the 9th century, was to be found throughout the Mediterranean, on small Marseille boats, bigger Catalan craft, lighters, tartans, dhows, feluccas and the like. This atypical sail was also used on the Portuguese caravels that sailed off to make great discoveries, for its efficacy when tacking to windward (against the wind) has never been equalled. "The small mast and large expanse of canvas mean you can set the sail in many different ways. The lateen sail is more responsive, more intelligent. Traders used it so much that it actually contributed to the development of the Mediterranean's ports and cities." After losing favour on the advent of steam then petrol engines, the lateen sail is now regaining popularity, in Italy especially, in fact it was thanks to the Italians that Joël had h is r evelation and s hut h imself a way i n h is M ont-Boron g araget o e quip a pointu with a lateen sail. "The Italians don't just restore old craft, they turn them into competition yachts. There are no less than 200 of them taking part every year in a regatta circuit that takes in the Villefranche Resquilhada and Saint-Tropez, a springtime event where they put on a wonderful show." The rebirth of these delightful craft, often immortalised by painters, well deserved a book, so Joël Thevenot wrote it so we can share his adventures and passion for Mediterranean heritage through an account beautifully illustrated with photographs taken by Jean-Charles Dusanter and watercolours by the author himself. « Carnet de Voiles Latines », 112 pages/25 euros. Editions Gilletta• Nice Matin |