CULTURE ESSENTIELS 24 Baselitz toujours sur le front… par Mireille Sartore L’artiste photographié dans son atelier par son épouse Elke. Georg Baselitz, « La direction juste vers l’étoile d’or », 2007 (Série Remix). A droite, « Un peintre moderne », 2007 (Série Remix). En France, la dernière rétrospective consacrée à Georg Baselitz eut lieu en 1996 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. À l’hiver 2008, sa galerie parisienne Thaddaeus Ropac lui consacrait une exposition à l’occasion de son 70 e anniversaire. Avant ? Après ? À peu près rien… Ce qui vient confirmer le profond et durable dédain du public français à l’égard de l’art allemand et donc pour Baselitz, estimé pourtant par Gilles Altieri qui l’expose ce mois-ci dans « son » Hôtel des Arts de Toulon, « comme l’un des monuments de la peinture des cinq dernières décennies. » Le simple envoi de quelques catalogues d’exposition et d’une vidéo du lieu a fini de convaincre le néo-expressionniste allemand qui a reçu « très sympathiquement » le directeur varois dans sa maison près de Munich, tout juste achevée par le duo suisse Herzog & de Meuron (auteurs du Tate Modern Museum à Londres et du stade de Beijing). Un jeune peintre de 71 ans Le « vieux rêve » d’Altieri d’exposer Baselitz enfin réalisé, le thème de la rencontre s’est imposé comme une évidence : « montrer uniquement les œuvres exécutées au cours de la dernière décennie par un jeune peintre de 71 ans à l’esprit farceur », explique Gilles Altieri, également curateur. « Depuis son entrée fracassante sur la scène de l’art en 1963 avec deux toiles condamnées par la justice pour indécence publique, dont La grande nuit foutue représentant un homme visiblement en train juin 2009 www.cotemagazine.com c PHOTOGRAPHE ELKE BASELITZ de se masturber, l’artiste n’a jamais dérogé à ses objectifs : bousculer l’ordre établi, choquer le bon goût, s’attaquer aux icônes de l’art. » Dans les années soixante, l’homme peint des œuvres sombres aux matières épaisses, « presque bourbeuses », représentant des forêts, des paysages désolés, sans considérations esthétiques. Plus tard, la couleur fait son apparition mais le peintre impose sa singularité en disposant les motifs à l’envers « qui immédiatement le distingue de tous les autres artistes et assure sa célébrité internationale. » A partir de 1995, le « peintre matiériste par excellence » change de « méthode » bien décidé à engager une nouvelle bataille – l’artiste a subi le nazisme et le régime communiste de la RDA où il est né. Profondément allemand (« ce à quoi je ne pourrai jamais échapper »), Baselitz fouille dans son enfance et l’histoire de son pays pour y puiser de nouvelles inspirations. Sa peinture se délaye, devient « aussi mince que de l’eau, sans contours » semblable à des aquarelles. « Il réinterprète également ses tableaux les plus célèbres du tout début – dont la série Remix qu’on pourra voir chez nous. » Georg Baselitz fera spécialement le déplacement le jour du vernissage, le vendredi 12 juin à 18h30. 236 boulevard Général Leclerc, Toulon. Du mardi au dimanche, de 11 h à 18h. Tél. 04 94 91 69 18 - www.hdatoulon.fr'D.R. Du 13 juin au 27 septembre, l’Hôtel des Arts de Toulon crée l’événement en accueillant Baselitz et ses œuvres récentes. Baselitz battles on From 13 June to 27 September, Toulon's Hôtel des Arts headlines with Baselitz and his most recent artworks. The last French retrospective on Georg Baselitz was in 1996 at the Musée d’Art Moderne in Paris. In winter 2008 the artist's Paris gallery gave him an exhibition to mark his 70th birthday. What else ? Well virtually nothing... which just goes to prove the French public's deep and lasting disdain for German art and therefore for Baselitz himself, nonetheless esteemedby Gilles Altieri who this month devotes an exhibition in « his » Hôtel des Arts in Toulon to the artist he considers "one of the most important painters of the last fives decades." A young painter aged 71 Altieri's "old dream" of exhibiting Baselitz having come true, it was immediately evident that the theme should be meetings and the exhibition should « display only works produced during the last decade by a young painter of 71 with a mischievous nature, » explains Altieri, who's also curating the exhibition. « Since Baselitz burst onto the art scene in 1963 with two paintings condemned by the courts for public indecency – one being The Big Night Down the Drain depicting a man quite obviously masturbating – he's never departed from his objectives ofupsetting the established order, shocking good taste and attacking the icons of art. » In the 1960s the artist produced sombre works in thick, « almost muddy », paint, depicting forests and desolate landscapes devoid of aesthetic considerations. Later colour made its appearance but the painter demonstrated his singularity by placing his subjectsupside down, « which immediately distinguished him from all other artists and guaranteed him international fame ». From 1995 this "painterly artist par excellence » changed his method with the firmintention of engaging in a new battle devolving from the fact he had been subjected to Nazism and the Communist regime in the GDR where he was born. Profoundly German – "from which I can never escape" –, Baselitz delved into his childhood and his country's history to draw new inspirations. His paint thinned down until it became « as liquid as water, without contours », similar to watercolours. « He also reinterprets his most famous pictures « from his earliest years, including the Remix series that we're showing ». Baselitz himself is coming to attend the vernissage on Friday 12 June at 6.30pm. |