PORTRAIT 18 Par Olivier Marro - Photo Jean-Michel Sordello/P.A. Il s’apprête à exposer un projet photographique ambitieux, sa vision de l’Europe à travers 11 villes. Le directeur associé de l’agence OPS2 partage sa vie entre communication et reportage. Mais qu’est-ce qui fait courir David ? Curieux, avide d’ailleurs, David Bosmorin, né à Nice en 1967, entame un parcours d’étudiant en communication aux USA (Michigan), qui s’achève quatre ans plus tard à Montréal avec un mémoire sur « les stratégies de contenus adaptés aux nouveaux médias ». À l’orée des années 90, le multimédia tisse sa toile. David part à sa rencontre en Europe puis en Inde où il pilote plusieurs projets avec des équipes de développement informatique. Au regard de la technologie du moment, déjà une aventure en soi qui élargit son champ de vision. Durant trois ans, il acquiert les bases managériales, avec une soif inextinguible d’autonomie qui lui offrira la liberté de ton qui est aujourd’hui sa signature. OPS2 Sa rencontre avec Didier Palla donne naissance, en 2002, à l’agence OPS2 au sein des Studios Riviera. « J’avais un besoin urgent de créer, mais dans un cadre structuré ». À cette époque naît aussi l’idée d’un road-movie européen. « L’Europe monétaire fut une prise de conscience. Elle révéla une méconnaissance de nos voisins qu’il fallait combler, un devoir de citoyen » explique-t-il avant de rajouter : « En matière de multimédia, je saturais et le besoin de maîtriser une discipline à part entière s’est fait sentir ». Alors, David revient à ses premières amours. « Dès 4 ans je taquinais la photo, à 10 ans avec un Polaroid offert par ma marraine, à 18 ans avec le Pentax de mon père ingénieur à IBM ». Tout en posant l’identité de l’agence, il planche sur l’image du vieux continent en mutation. Un parcours artistique qui s’étendra sur six ans, « cinq ans de voyage, pour couvrir une quinzaine de destinations, plus un an de fabrication ». Un défi à la mesure de celui qui, professionnellement, en relève d’autres au point que OPS2 devient l’une des rares agences azuréennes à détourner de la capitale autant d’appels d’offres institutionnels que privés. Car le binôme opère, David se concentrant sur la stratégie de développement grâce à son potentiel créatif. Europa : signe des temps Cette expertise lui permet parallèlement de finaliser le projet Europa. Un parcours fait d’itinérance et d’exploration subjective au sein d’une Europe multiculturelle où « il se sent partout chez lui ». L’homme d’action qui s’est nourri de rencontres a accumulé, pays après pays, une matière première qu’il recompose comme un puzzle. Rites consuméristes, codes urbains et architecturaux, sous les signaux des villes communicantes ; le patrimoine surgit par le détail. « J’ai gommé le spectaculaire – mon métier m’a appris à faire la différence – et canalisé le ressenti dans une forme cohérente. Le carnet de voyage est devenu une œuvre abstraite avec son propre langage. L’anti-tourisme de papa ! », avoue en riant ce baroudeur qui, derrière sa barbe savamment entretenue, s’avère aussi un homme de réflexion, un esthète qui creuse son sillon. Au final, 11 villes sont mises en scène, dans des caissons rétro éclairés. Berlin, Gênes, Copenhague, Rome, Vienne, Londres, Stockholm, Lisbonne, Séville, Dublin et Athènes surgissent de la nuit comme un story board à la Wenders pour se révéler dans leur unité communautaire comme dans leurs spécificités culturelles. Une installation qui investira du 3 au 13 juin le MUSEAV à Nice pour prendre ensuite la route de Vienne et de Barcelone. Quant à son géniteur, toujours sur le départ, il pense déjà à sa prochaine escale ! juin 2009 wwww.cotemagazine.com David Bosmorin Euro homme, heureux homme ! Euro-man, happy man ! He's preparing to exhibit an ambitious photography project : his vision of Europe through 11 cities. The co-director of the OPS2 public relations agency divides his time between work and photojournalism. So what makes David tick ? Curious, avidly so even, David Bosmorin (born Nice 1967) began studying public relations in the USA (Michigan) and graduated four years later in Montreal with a thesis on "strategies for content adapted to the new media". In the early 1990s multimedia was spreading its tentacles. David went off to explore it in Europe, then India where he piloted several projects with systems development teams. This immersion in the latest technology proved to be a real adventure that broadened his field of vision. Over three years he acquired managerial skills, plus an unquenchable thirst for the autonomy that would give him the freedom of approach that is today his signature. OPS2 Then he met Didier Palla and in 2002 they setup OPS2 together in Studios Riviera. "I desperately needed to be creative, but within a structured framework." This was also when the idea for a European'road movie'surfaced. "Single-currency Europe was a wake-up call. It revealed a lack of knowledge of our European neighbours that had to be rectified, as a civic duty," he explains, adding : "I was feeling bogged down in multimedia plus a need to thoroughly master one discipline was growing." So David returned to a first love. "From four years old I dabbled in photography, at 10 with a Polaroid given tome by my godmother, at 18 with the Pentax belonging to my father, an IBM engineer." So while establishing his agency's identity he also studied the image of a mutating old continent, an artistic process that would last six years, "five years travelling to photograph around 15 cities, then a year putting it all together". A challenge rightup the street of a man who in his job regularly takesup others, so successfully that OPS2 is now one of the few Riviera agencies to snatch so many public and private contracts from under Parisian noses. Europa : sign of the times This expertise additionally enabled him to finish his Europa project, an overview builtup from moving around and subjectively exploring a multicultural Europe in which he "feels at home everywhere". Country after country, our man of action fed on his encounters and accumulated a raw material that he recomposed like a jigsaw. Consumer rites, urban and architectural conventions, communication signals between cities... the heritage emerged in the detail. "I banished the spectacular – my profession has taught me to tell the difference – and channelled my impressions into a coherent form. The travelogue became an abstract work with its own language. The antithesis of normal tourism ! " laughs the wanderer with the neatly trimmedbeard who proves to be a thinker and aesthete too. The end result is 11 cities'staged'in backlit light-boxes : Berlin, Genoa, Copenhagen, Rome, Vienna, London, Stockholm, Lisbon, Seville, Dublin and Athens risingup from the night like a Wenders storyboard to reveal both their unifying features and their cultural specificities. David's installation is on show from 3 to 13 June at the MUSEAV, Nice, and will then travel to Vienna and Barcelona. Its creator is again on the starting blocks, already thinking about his next challenge ! |