ÔTE URBAN C SORTIR Par Alexandre Benoist - Photo Jean-Michel Sordello « Voulez-vous une cigarette ? » Commence l’entretien ainsi. En toute simplicité, Nicole Spitz donne le ton. La directrice générale de l’Hôtel Negresco est comme ça, pas de chichi, pas de cinéma. Pourtant elle aurait de quoi bomber le torse comme un major. C’est d’ailleurs à ce titre qu’elle sort, en 1965, de la réputée Ecole hôtelière de Strasbourg. Trois ans plus tard, elle est alors âgée de 27 ans, elle devient au Negresco la plus jeune gouvernante générale de France et, en 1997, la première femme à occuper le poste de directrice générale d’un palace. Décorée de l’Ordre National du Mérite en 1982, huit ans plus tard, elle est élue personnalité de l’année. En 2007, elle crée, en collaboration avec le Ministère de l’Education Nationale, la classe « Gouvernant(e) des Services hôteliers » et, dans la même année, un MOF Gouvernantes Générales. Un parcours brillant ! Pourtant, Nicole Spitz cultive une élégance discrète et une humilité sincère. Le devant de la scène ce n’est pas pour elle. « Je suis une besogneuse. Et je me sens bien de l’autre côté de la barrière. Les paillettes, ce n’est vraiment pas pour moi ! » Ouverte à tous et à toutes les idées AZUR Nicole Spitz, être à l’écoute Nicole Spitz, a receptive ear Entière, franche, sensible, la directrice générale de l’Hôtel Negresco a érigé ses valeurs humaines en véritable éthique de management. Consistent, frank and sensitive, the Hôtel Negresco's director has turned these human values into a veritable management ethic. Timide, Nicole ? Non, être proche du personnel, voilà ce qui lui plaît. Et voilà sa faille. Car Nicole Spitz ne fait pas partie de cette génération de directeurs « sans foi ni loi » issus des écoles de commerce et rompu au seul management des lignes comptables. « Je suis sensible à l’être humain et j’ai toujours cherché à créer quelque chose d’attachant avec mes collaborateurs. Et s’il m’arrive d’être injuste, je ne me sens pas bien dans mes baskets ». Trop sensible, peut-être, mais c’est ce qui fait sa force et sa réussite. « Je suis à l’écoute de tout le monde et ouverte à toutes les idées. Si je ne suis pas d’accord, je ne refuse jamais d’emblée par principe, il faut juste me prouver que j’ai tort. » Si elle a raison ? Alors, là, pas de pitié. Le ou les collaborateurs perd(ent) sur le champ… une tablette de chocolat ! « Au lait avec des noisettes, j’adore ça, et c’est devenu l’objet des paris entre nous. Mais il m’arrive de perdre… » Si son péché mignon est connu, on sait aussi ce qu’elle déteste. Le mensonge, l’hypocrisie et, surtout, que l’on remette sa parole en doute. « J’aurais dû être gangster car j’attache beaucoup d’importance à la parole donnée. Malheureusement, aujourd’hui, il y a toute une nouvelle génération qui ne fonctionne que par l’écrit. Je n’ai pas été élevée comme cela. C’est peut-être la conséquence de mon éducation à l’Allemande, mais je suis entière, quand je dis quelque chose, je m’y tiens. C’est une question d’éthique, sinon je ne pourrais pas me regarder dans la glace ». -/"Would you like a cigarette ? " is how the interview starts. Straightaway Nicole Spitz sets the tone : no fuss, no posturing. Yet she could be forgiven for expressing more than a certain amount of pride given her achievements. In 1965 she graduated top of her class from Strasbourg's reputed catering school, three years later, at just 27 years old, she became France's youngest executive housekeeper, at the Negresco, and in 1997 the first woman to occupy the post of managing director of a luxury hotel. Awarded the national order of merit in 1982 andeight years later namedwoman of the year. In 2007 she initiated the Hotel Services Housekeeper qualification in collaboration with the national education minister and that same year introduced a MOF award for executive housekeepers. What a career ! Yet Nicole Spitz cultivates discreet elegance and sincere humility. Not for her the limelight. Open to everyone and all ideas portrait du mois/this month’s portrait Nicole Spitz : « Créer quelque chose d’attachant avec ses collaborateurs. » So is Nicole Spitz shy ? No, she just likes being in close contact with her staff for she doesn't belong to that generation of go-getting directors trained in business schools and only expert at managing accounts. "l'm sensitive to human beings and l've always sought to develop real attachments with my employees. And if ever I do act unjustly, I simply don't feel good about myself." Too sensitive perhaps, but that's what makes her strong and successful. "I listen to everyone and l'm open to all ideas. If I don't agree, on principle I never refuse straight off ; I just have to be shown proof that l'm wrong." And if she's right ? Well then she's pitiless and her employee(s) immediately forfeit... a bar of chocolate ! "Milk with hazelnuts, I adore it and it's become the stake in bets between us. But I do lose sometimes..." Her little weaknessis known to all, but so is what she hates : lies, hypocrisy and most of all having her word doubted. "I attach a lot of importance to giving my word. Unfortunately today there's a whole new generation that has to have everything written down. That's not how I was broughtup. Maybe it's the result of my Germanicupbringing but l'm consistent, when I say something I follow through. It's a question of ethics, otherwise I couldn't look myself in the eye." Nice, 37 Promenade des Anglais - Tél. 04 93 16 64 00 juin 2009 www.cotemagazine.com GOING OUT URBAN 145