DESIGN GÉNÉRATION 30/39 110 Al’heure où certains font de la « beaugossité » leur fonds de commerce en marketant leur image pour exister, Noé Duchaufour- Lawrance ne se contente pas de refléter les travers d’un monde en recherche d’icône. Alors oui il est beau gosse. Look de mannequin et sourire ravageur, il séduit. Mais on ne devient pas, à 32 ans, créateur de l’année 2007 au Salon Maison & Objet si l’on n’a rien de plus à dire. Un sens qui va donner corps à l’image papier glacé. En 2002, la scène internationale le découvre. Il réalise en tant que directeur artistique l’architecture intérieur du restaurant le Sketch à Londres. « Si je sortais d’une école d’architecture, je n’avais ni la formation ni les compétences en la matière. Mais on m’a fait confiance. Les propriétaires étaient prêts à prendre des risques en misant plus sur la personnalité que sur un CV car ils voulaient un projet ni formaté ni dicté d’avance ». La Noé’s touch fait mouche et sa carrière est lancée avec, comme signature, une écriture basée sur la forme et son pouvoir de séduction grâce à des lignes fluides, aériennes et organiques. Une évidence pour ce fils de sculpteur qui, avant d’intégrer la section Mobilier des Arts Décoratifs de l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art, a lui aussi été formé à la sculpture sur métal. « Tout commence par un questionnement esthétique. Grâce à l’émotion visuelle qu’il procure, un objet vous parlera directement sans que l’on soit obligé de l’utiliser pour comprendre ce qu’il véhicule ». Ensuite vient la fonction, la création d’une nouvelle gestuelle, un nouveau confort, une nouvelle ergonomie. Un langage formel qu’il applique tous azimuts, vases, ensemble de bureau pour Longchamp, ligne de mobilier pour Ceccotti ou Zanotta, luminaire pour Baccarat, flacon de parfum pour Paco Rabanne. Mais aussi lifting du restaurant Senderens à Paris et de Sénéquier à Saint-Tropez, le Maya Bar à Monaco, les salons business class d’Air France. Difficile à suivre ? Non, libre tout simplement. « Aujourd’hui, le design dépasse les frontières et correspond aux besoins des hommes de s’affranchir des codes ». Ouverture sur tous les champs créatifs, mais aussi lucidité sur un phénomène qui s’est emballé. « Il n’y a plus la place à la profusion d’objets, et le temps est venu de privilégier l’économie de création. Quand j’ai sur ma table une trentaine de projets, je me demande à quoi tout ça sert. Et puis l’envie est trop forte, j’arrête d’intellectualiser et me je remets au travail sinon je n’existe pas ». Une situation schizophrénique qui pourrait bien trouver une solution. Rompre avec l’univers des marques et sa pensée globale, qui étrique le langage car destiné au plus grand nombre, pour se concentrer « sur des petites histoires qui ont du mal à exister face aux grands. Travailler et échanger avec sincérité avec des gens passionnés par ce qu’ils font ». mai 2009 www.cotemagazine.com NOÉ DUCHAUFOUR- LAWRANCE QUESTIONNEMENT ESTHÉTIQUE Lignes fluides, aériennes et organiques pour le Bureau Manta (Ceccotti). À 34 ans, il est l’un des créateurs les plus en vue de sa génération. Une approche personnelle du design basée sur l’émotion de la forme comme vecteur de fonction. -/At 34 he is one of the highest-profile designers of his generation. A personal approach to design, based on emotion of formas vector of function. AESTHETIC SEARCHINGS At a time when some do business out of their good looks by marketing their image in order to exist, Noé Duchaufour-Lawrance isn’t content to reflect the vagaries of a world constantly seeking icons. Yes, he’s a handsome guy : catwalk looks, devastating smile, totally seductive. But the 2007 Salon Maison & Objet doesn’t hail you as designer of the year at 32 if you’ve nothing else to offer. The international scene discovered him in 2002. As artistic director he created the interior architecture of Sketch restaurant in London. "Although I’d just left architecture school, I had neither the training nor the skills in that field but the owners put their faith in me. " The Noé touch caught on and his career was launched, with as his signature an interpretation based on formand its powers of seduction by using fluid, feather-light, organic lines. An obvious choice for this sculptor’s son who before studying in the furnishings department of the École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art’s decorative arts section had himself trained in metal sculpture. "Everything starts from aesthetic searchings. Then comes function, the creation of a new body language, a new comfort, new ergonomics. This formal language Noé applies all over the place, to vases, a desk set for Longchamp, furniture lines for Ceccotti and Zanotta, a light fitting for Baccarat, a perfume bottle for Paco Rabanne, Open to all creative fields but no less lucid about a phenomenon taken too far : "Profusions of objects no longer have their place and the time has come to focus on economy of creation. When I have 30 projects piled on my table I wonder what good all that does. Then my enthusiasm takes over, I stop intellectualising and get down to work again. Otherwise I don’t exist." |