ESSENTIELS ART 20 Windsor, l’art à tous les étages Par Hélène Jourdan-Gassin Les chambres de cet hôtel niçois ont été décorées par des artistes. La dernière, qui vient d’être inaugurée, est signée Oliver Nottellet. Windsor, art on every floor The guestrooms in this Nice hotel have all been decorated by artists. The latest one, just inaugurated, is the work of Oliver Nottellet. En 1998, François Morellet avait imaginé ce Rayon de sommeil jaune qui traverse la chambre de part en part pour finir dans la salle de bains. Jack Kerouac n’y a pas écrit On the Road, Bob Dylan n’y a pas composé Sara, Andy Warhol n’y a pas recruté les Chelsea Girls de son film, pourtant on ne peut qu’évoquer le mythique Chelsea Hôtel de New York en découvrant les vingt-sept chambres d’artistes (1) de l’hôtel Windsor de Nice. À l’exception de Raymond Hains jadis, les plasticiens aujourd’hui ne résident plus au Windsor, mais y ont conçu, à la demande de Bernard Redolfi et aujourd’hui d’Odile Payen-Redolfi, héritiers de cet hôtel de famille, de très singulières chambres d’artistes. À l’occasion du vernissage de la dernière chambre créée par Oliver Nottellet (2), dont les lignes jaunes et noires redessinent l’espace intérieur autour d’un mobilier de Pierre Paulin, Odile Payen nous a parlé de sa conception très particulière de l’aménagement de l’hôtel et de sa collaboration avec les artistes. Abandonner un métier dans la finance et laisser à temps partiel Paris, mari, enfants pour diriger à Nice, en plein cœur de la ville, cette belle bâtisse fin XIXe, entourée de son exotique jardin, n’est pas chose facile, mais offre à cette jeune femme l’occasion de découvrir, en parallèle aux artistes créateurs des premières chambres, de nouveaux plasticiens auxquels elle a demandé d’aménager d’autres espaces. Odile rencontre les artistes soit directement, soit par l’intermédiaire de leur galerie et élabore avec eux la conception artistique d’une chambre. Elle insiste sur le caractère personnel avril 2009 www.cotemagazine.com Aïcha Hamu a installé ses lianes de pop-corn dans le hall de l’hôtel. de la relation commanditaire/artiste, chaque fois différente selon le tempérament de la personne. Une fois le projet accepté, il est rémunéré sur honoraires. Pour réaliser la prochaine chambre Odile a choisi de mettre en avant le talent de Samta Benyahia, une plasticienne algérienne, une façon aussi de souligner que parmi les artistes intervenants, les femmes, un peu oubliées jusqu’alors, trouvent leur place. Si l’aménagement des couloirs (Gottfried Honegger, Andrée Philippot-Mathieu, Ben prochainement) ou de l’ascenseur (Ultra Violet), fonctionne comme celui des chambres, le hall, lui, est réservé aux accrochages et installations de jeunes artistes travaillant dans la région. Actuellement, Aïcha Hamu (3) en a pris possession avec un enchevêtrement de lianes de pop-corn, un clin d’œil à l’exubérante végétation du jardin alors qu’aux murs, sous le titre de Shake, de beaux dessins à la mine de plombdonnent par leur « tremblement », leur décalage, une autre lecture des visages volés aux photothèques du web sous le mot clef de « portrait bourgeois ». Et les clients de l’hôtel, alors ? Ils peuvent être de vrais connaisseurs (on vient spécialement passer une nuit dans les ors de Claudio Parmiggiani), des curieux heureux de baigner dans cette atmosphère artistique, des indifférents sur lesquels, cependant, le charme du lieu opère. 11 rue Dalpozzo, Nice - www.hotelwindsornice.com (1) Glen Baxter, Robert Barry, Ben, Samta Benyahia, Basserode, Jean-Pierre Bertrand, Noël Dolla, Joël Ducorroy, Peter Fend, Gotscho, Raymond Hains, Gottfried Honegger, Jean Le Gac, Jean Mas, François Morellet, Olivier Mosset, Oliver Nottellet, Henri Olivier, Charlemagne Palestine, Claudio Parmiggiani, Philippe Perrin, Présence Panchounette, Claude Rutault, Lila Van Der Stocker, Felice Varini, Claude Viallat, Lawrence Wiener. (2) Galerie martinethibaultdelachâtre, Paris. (3) Galerie Catherine Issert, Saint-Paul. Oliver Nottellet vient de signer cette chambre aux lignes jaunes et noires. Jack Kerouac may not have written On the Road here, or Bob Dylan composed Sara or Andy Warhol recruited Chelsea girls for his film, yet when you visit the 27 artist guestrooms in Hôtel Windsor, Nice, you simply can’t help thinking of New York’s mythical Chelsea Hotel. With the exception of Raymond Hains in the past, today’s artists don’t live at the Windsor but they have created some highly unusual artist guestrooms for it at the request of first Bernard Redolfi and now Odile Payen-Redolfi, who inherited this family hotel. At the official opening of the latest guestroom, decorated by Oliver Nottellet whose yellow and black lines reconfigure its interior around Pierre Paulin furnishings, Odile Payen talked to COTE about her very individual views on how the hotel should look and her collaboration with the artists. It hasn’t been easy for Odile to giveup a career in finance and abandon Paris, husband and children half the time in order to run this lovely late-19th-century building set in an exotic garden in the heart of Nice. But it has given her the opportunity of becoming better acquainted with the artists who decorated the first guestrooms and of discovering new artists whom she’s asked to apply their creative talents to other parts of the hotel. Odile finds her artistseither through direct contacts or via their galleries ; she then works out the artistic conception of her guestroom with her chosen artist and once a project is finalised the artist receives a fee. For the next guestroom Odile has chosen to highlight the talent of Algerian artist Samta Benyahia. Artists have also decorated the corridors (Gottfried Honegger, Andrée Philippot-Mathieu, Ben in the near future) and lift (Ultra Violet) but the foyer is reserved for exhibitions of pictures or installations by young artists working in our region. Right now Aïcha Hamu has taken it over with a tangle of popcorn creepers, a nod towards the garden’s exuberant vegetation, brought indoors. So what kinds of people stay here ? Anyone from real connoisseurs, through the merely curious, happy to immerse themselves in this artistic atmosphere, to the totally indifferent on whom this place nevertheless works its charm. |