PORTRAIT 16 Chinaski Contes de la folie ordinaire Tales of ordinary madness Jean-Louis Rougier met les mots en musique sous l’alias de Chinaski depuis près de douze ans. Et s’il chante toujours le désenchanté avec la même passion, sa dernière tournée Noces de Zinc risque d’enivrer les générations de Brel à Bashung. En trois albums, il s’en est passé de drôles d’histoires sous le crâne rasé de Chinaski. Et si le soleil niçois renvoie parfois d’étranges UV qui ne donnent pas qu’un teint hâlé, l’alchimiste du verbe, après avoir fait en 2003 sa « toilette intime », lance sa crème de beauté ! Mais avant de parler de Rides (le premier titre du nouveau LP) Jean-Louis Rougier, né en 1964 de parents qui tenaient une épicerie à Saint-Roch, a passé une licence de droit et œuvré dans divers groupes tout en faisant divers boulots. Paradoxe : en 1997, lorsqu’il prend le micro pour chanter en français, il convoque l’ami américain, l’alter ego de l’écrivain sulfureux Charles Bukowski. Alors Chinaski, éthyliquement incorrect ? « Avec ce pseudo, j’ai tendu la perche ! », commente ce dévoreur de romans de Stevenson à Philip K. Dick, qui avoue avoir traversé l’envers du paradis pour parler de « ceux qu’il croise dans la rue, de la vie cachée derrière les fauxsemblants ! ». Et pour exprimer toutes ces nuances du gris mieux vaut ne pas l’être soi-même. « Depuis que je vis en couple avec des enfants, je n’écris plus dans les bars. L’alcool, si ça décoince, ce n’est pas avec ça que l’on fait carrière ! » Et c’est vrai que sa peinture au couteau n’a jamais été aussi éloquente ! Époux dézingués, amours de supermarché, en suivant les faux pas de tous ces beautiful losers qui cherchent en vain l’éclaircie, Chinaski met à jour ces lézardes du quotidien d’où filtre parfois l’échappée belle. Entre excès et nostalgie, ses Noces de Zinc déroulent leur « bestiaire humain » à la Fellini. Un cinéaste qui le renvoie à ses racines italiennes qui font de ses albums ce petit bal perdu où Nino Rota dirigerait les Stranglers sur fond d’électrorock et de chanson française. Celle de l’autre génération : Bashung, Noir Désir, Arno. Mais de la madeleine de Proust à celle de Brel, la reconnaissance se fait attendre ! « Aurais-je manqué une correspondance ? », se demande parfois Jean-Louis dont le groupe, qui a vendu son premier opus à 3 000 exemplaires, affiche 300 concerts des Francofolies au Printemps de Bourges avec de reluisantes premières parties : Bashung, Higelin, Arthur H, Houellebecq. Qu’importe le flacon, l’ivresse demeure : « parallèlement au groupe, je vais revenir à un format duo électro pour avoir plus de liberté et tourner plus facilement », renchérit sans se démonter l’auteur compositeur niçois qui n’a pas dit son dernier mot ! Prochains concerts : 11 avril au Forum Jacques Prévert à Carros, 17 avril à l’Espace Magnan à Nice et le 1 er mai au Casino de Beaulieu-sur-Mer. avril 2009 www.cotemagazine.com Par Olivier Marro - Photo Pep Karsten Jean-Louis Rougier, alias Chinaski, has been setting words to music for almost 12 years now and his latest, Noces de Zinc, tour is likely to intoxicate every generation from Brel to Bashung. There’s some crazy stuff happening under Chinaski’s shaved skull, so far at least three albums’worth ! Jean-Louis Rougier was born in 1964 to parents who ran a grocery shop in Saint-Roch (Nice) ; he graduated in law, played in various groups and did a variety of jobs. Paradoxically, when in 1997 he seized the mike to start singing in French, he chose to do so under an American name, that of decadent writer Charles Bukowski’s alter ego. So is this Chinaski alcoholically incorrect too ? « The pseudonym is a come-on ! » states the man who devours novels from Stevenson to Philip K Dick and admits to having been through dark times before being able to write of « passers-by in the street, lives hidden behind pretences ! » But to express all those nuances of grey, better not to be grey oneself : « Since I’ve been living with a partner and children, I no longer write in bars. Alcohol may break your inhibitions down but it’s not the way to a career ! » True, his trenchant word painting has never been so eloquent. Through washed-out couples, supermarket love affairs and the mistaken steps of beautiful losers seeking a break in vain, Chinaski reveals the cracks in everyday life through which a ray of sunshine sometimes filters. Poised between excess and nostalgia, his Noces de Zinc (Zinc Wedding) album rolls out a « human bestiary » reminiscent of Fellini, a filmmaker who sends him back to his Italian roots that turn his albums into stray bullets evoking Nino Rota leading the Stranglers against a backdrop of electric rock and French auteur music of the Bashung, Noir Désir and Arno generation. But he’s still waiting for real recognition. « Did I miss a connection ? » wonders Jean-Louis sometimes. After all, his band sold 3000 copies of its first disc and has played 300 concerts including the Francofolies and Printemps de Bourges festivals and supported some big stars : Bashung, Higelin, Arthur H, Houellebecq. Whatever, the enthusiasm remains : « Alongside the band I’m going to forman electric duo to give me more freedom and be able to play gigs more easily, » states the Nice singer songwriter without batting an eyelid. We haven’t heard the last from him by a long way ! |