COURTESY FRAC BOURGOGNE, COURTESY GALERIE CHEZ VALENTIN, COURTESY GALERIE YVON LAMBERT, COURTESY GALERIE NATHALIE OBADIA, COURTESY MATHIEU MERCIER ÔTE URBAN C ART Par Hélène Jourdan-Gassin « Trivial Abstract » -/ « Trivial Abstract » AZUR Étienne Bossut, Néon, 1986 ; Étienne Bossut, Pile, 1997 ; Bertrand Lavier, Fagor, 1990 ; Pascal Pinaud, Mât, 2007 ; Mathieu Mercier, Glad, 2003. JUSQU’AU 24 MAI 2009, VILLA ARSON, 20 AVENUE STEPHEN LIÉGEARD, NICE TÉL 04 92 07 73 84 La galerie carrée de la Villa Arson, au volume impressionnant, est traditionnellement dévolue aux projets in situ. Pascal Pinaud en a pris possession tant comme artiste que comme commissaire d’exposition puisqu’il a invité à ce Trivial Abstract quinze artistes (1) dont les gestes l’ont marqué par leur simplicité et leur radicalité. Cet engagement, Pinaud le conçoit comme un challenge qui demande à l’ancien étudiant qu’il était et au professeur qu’il est aujourd’hui d’être à la hauteur de l’histoire de la Villa. Aussi bien par l’architecture de l’espace, un hexagone ouvert sur six salles, que par la rencontre des œuvres, Pinaud agit comme catalyseur d’une interrogation qui est d’abord la sienne sur l’abstraction, mais qu’il souhaite aussi déclencher chez le visiteur, qui peut se livrer à un jeu de pistes, à une déambulation propice à la flânerie. Sont-ce ces papiers Lumifol et ces cercles de néon coloré de John M. Armleder qui occupent les murs du sas d’entrée avec, au centre, une sculpture de César ou encore les tapis moelleux de l’îlot central qui ont suggéré à Pascal Pinaud ce mot de Trivial accolé à Abstract ? Croisement ou vulgarité, nous sommes libres de donner à l’adjectif le sens qui nous convient en découvrant ce vaste cabinet de curiosités où les œuvres s’accordent ou sont en dissonance, où l’abstraction, le ready made, le design, la sculpture se mêlent dans un parasitage continu des genres. -/Villa Arson’s square gallery is traditionally used for in situ projects. Pascal Pinaud has taken possession of it as both artist and exhibition curator since he’s invited 15 artists (1), whose work has made an impact on him through its simplicity and radicalism, to take part in Trivial Abstract. Pinaud sees this exercise as a challenge demanding that he, as a former student and today a teacher at the art centre, livesup to the Villa’s history. As much through the architecture of the exhibition space – a hexagon opening onto six rooms – as through the interaction between the artworks, Pinaud acts as a catalyst inciting questionings, his own on abstraction to start with but which he also wants to stimulate in visitors by encouraging them to discover the exhibition as if they were following a leisurely treasure hunt. Is it John M Armleder’s Lumifol papers and coloured neon circles on the walls of the airlock entrance with a César sculpture in the middle, or might it be the soft carpets in the central area, that led Pinaud to place Trivial before Abstract ? Whether crossover or vulgarity, we are free to interpret the adjective as we wish by discovering this vast cabinet of curiosities in which the works are in or out of tune with each other and abstraction, ready made, design and sculpture mingle in a continuous inter-interference of genres. (1) John M. Armleder, Étienne Bossut, Pascal Broccolichi, César, Jiri Georg Dokoupil, Noël Dolla, Nicolas Floc’h, Sandrine Flury, Philippe Gronon, Bertrand Lavier, Stéphane Magnin, Emilie Maltaverne-Thierry Chiapparelli, Mathieu Mercier, Pascal Pinaud, Ludovic Sauvage. les rendez-vous du mois/what to do this month ADRIAN SCHIESS Adrian Schiess, Hiver, 2005, jet d’encre sur toile. Adrian Schiess au musée Fernand Léger Adrian Schiess JUSQU’AU 1 ER JUIN 2009, MUSÉE NATIONAL FERNAND LÉGER, CHEMIN DU VAL DE POME, BIOT - TÉL. 04 92 91 50 30 Cerné par l’enfermement sémantique que pratiquent la critique et l’institution par rapport à son œuvre : est-elle monochrome, abstraite, conceptuelle, une installation ou je ne sais quoi encore, Adrian Schiess dit : « Le tableau est ouvert, comme une phrase de Roland Barthes, qui essayait de laisser les mots ouverts à la signifiance. De la même façon, mes tableaux restent ouverts et indéfinis, absurdes, virulents, violents, inachevés… ». Une chose est sûre, il est question de peinture, qu’il s’agisse des plaques au sol, des tableaux sur aluminium, sur toile de tergal ; de ce qu’enfin Odile Biec, directrice du Centre d’art Le Parvis, coproducteur de cette exposition avec le musée Fernand Léger, appelle « peintures sans peintures ». De ces œuvres faites à partir d’une photographie agrandie un peu plus de vingt fois et reproduite par impression jet d’encre sur toile, Schiess reconnaît qu’elles l’ont énormément surpris, au point de se dire que ce qu’il cherchait… il l’avait enfin trouvé ! L’artiste dit encore : « Pour moi, les tableaux sont la possibilité de montrer sur un support traditionnel un processus artistique sans fin et indéfini (…). À la surface du tableau s’installe toujours quelque chose qui ressemble à une image, mais qui en fait est une mémoire, une accumulation de temps, un échec (…) ». Les titres qu’il donne à ses œuvres : Hiver, Mimosas, Printemps… ont, eux aussi, à voir avec la mémoire, avec sa part sentimentale, avec le temps réel, ce mystère auquel aucun de nous ne sait échapper. -/Of his semantic imprisonment at the hands of critics and institutions regarding his work – is it monochrome, abstract, conceptual, installation or whatever ? –, Adrian Schiess says : « A picture is open, like a sentence by Roland Barthes who tried to leave the words open to interpretation. In the same way my pictures remain open and undefined, absurd, virulent, violent, unfinished. » One thing is certain, we are dealing with painting, whether in the formof plaques on the floor, pictures on aluminium or Tergal canvas, or what Odile Biec, director of Centre d’Art Le Parvis which is coproducing this exhibition with the Fernand Léger museum, calls « paintings without paint ». Schiess admits that his artworks created by scalingup photographs to more than 20 times their size then reproducing them on canvas by inkjet printing surprised him enormously, so much so that he told himself that what he was seeking, he’d at last found ! The artist also says : « On the surface of the picture, something that resembles an image always establishes itself but in fact this is a memory, an accumulation of time, a failure [...]. » The titles he gives his works – Winter, Mimosa, Spring – are also connected with memory and its sentimental role, and with real time, that mystery from which none of us knows how to escape. avril 2009 www.cotemagazine.com ART URBAN 105