URBAN par Kardiatou Sy ÔTE CAZUR Pierre Theunissen, dès le départ de sa quête artistique, s’est inventé un modèle de vie. « Créer pour lui et rester loin des modes », c’est sa philosophie. At the beginning of his artistic quest, Pierre Theunissen invented a model of life for himself. « Create for that and stay right away from fashions, » is his philosophy. Venu à la sculpture un peu par défi envers son père, très strict, il lui restait ensuite à se prouver à lui-même que cet art était une vocation. Cela semble chose faite. Pierre Theunissen revendique son travail physique d’artisan au service d’une pensée et se veut obstinément libre : « Je travaille toujours dehors, je déteste les ateliers ». Depuis le 17 février, le Centre d’Art La Malmaison nous invite à découvrir le travail de Theunissen, né en Allemagne en 1931 et installé dans la région cannoise depuis 1958. Ceux qui ont découvert le premier volet de l’exposition l’hiver passé ont pu admirer une rétrospective des œuvres de l’artiste de 1958 aux années 70. Période qui laisse une large place aux sculptures sur palmiers. Matériau peu utilisé en général parce que trop fibreux et trop peu constant, il a su séduire Theunissen qui, sans cesse à la recherche existentielle de la matière, aime voir évoluer ses œuvres. Un travail assez voluptueux avec des formes douces qui contrastent avec les lignes plus abruptes de ce second volet de l’exposition qui présente l’œuvre de l’artiste de 1980 à 2008. Theunissen explique lui-même ce changement comme une désillusion, « les années 70 étaient un hommage à la femme, à l’amour ». De façon plus générale c’est sa réflexion sur le monde qu’il entend mener à travers son œuvre. Pourtant, comme l’explique si bien Robert Butheau, « les bourgeons de béton, les totems qu’il présente ont conservé FOCUS les rendez-vous du mois/what to do this month Pierre Theunissen qui expose à Cannes jusqu’au 26 avril prochain revendique son travail physique d’artisan au service d’une pensée et se veut obstinément libre. La sculpture, l’empreinte d’une vie Sculpture, the imprint of a life une volupté, qui n’est plus celle du bois, une sensualité qui n’emprunte plus ses racines à la nature, une volupté brutale, instantanée, davantage formelle, car le ciment n’a pas de passé. Il traduit en béton les désirs de l’artiste. C’est un matériau soumis, qui répond à toutes ses pulsions. Le bois interroge, le ciment soupire. Le bois se défend, résiste, le béton épouse. » -/Having takenup sculpture somewhat to defy his very strict father, Pierre Theunissen then had to prove to himself that this art formwas a vocation. He appears to have done so. Theunissen maintains his manual work is that of a craftsman at the service of thought and insists on being obstinately free : « I always work outdoors, I detest studios. » From 17 February the Centre d’Art La Malmaison invites us to discover the work of this sculptor born in Germany in 1931 and who has lived in the Cannes region since 1958. Those who saw the first part of this exhibition last winter could admire a retrospective of the artist’s work from 1958 to the 1970s, a period during which he produced a considerable number of palmwood sculptures. This material is generally rarely used because too fibrous and unstable but it won over Theunissen, whose constant existential exploration of matter means he likes to see his pieces evolve. These were rather voluptuous works in soft shapes, in contrast to the more abrupt lines seen in this second part of the exhibition presenting the artist’s work from 1980 to 2008. Theunissen himself explains the change as a disillusion : « The 1970s were a homage to women and love. » Speaking more generally, it is his thoughts on the world that he strives to pursue through his oeuvre. Pierre Theunissen, Sculptures/peintures/œuvres sur papier - 1980-2008, jusqu’au 26 avril 2009, Centre d’art La Malmaison, 47 La Croisette à Cannes. mars 2009 www.cotemagazine.com URBAN FOCUS 91