CORINNE REINSCH ECOGLAMOUR ! On connaissait la femme chocolat, voici la femme champagne, vêtue de 1200 muselets à l’instar de celle que Paco Rabanne habilla en mailles de métal. Mais derrière l’apparente légèreté de cette parure de corps, qui pour sa styliste est « l’aboutissement d’un long travail », se cache une créatrice qui a développé sa pratique non pas dans les écoles mais au contact de l’autre, une grande voyageuse aussi attachée aux racines qu’à la défense de la planète. Native de la Moselle et cadette de trois sœurs, Corinne se souvient d’avoir été, dès son enfance « la tête haut perché dans les arbres ou les mains dans la terre » Et si elle quitte à dix-huit ans le pays, c’est pour d’autres jeux de piste ! À Bordeaux, tout en suivant des études littéraires, elle travaille chez un antiquaire. Elle commence à collectionner boutons et galons qu’elle inclut d’abord à des céramiques. « L’idée m’est venue ensuite de mêler matériaux recyclés, végétaux et pierres précieuses pour monter des bijoux ». Sa première collection lui vaut de collaborer à Paris avec Olivier Lapidus, puis d’exposer en 1993 au Salon des indépendants : « Le Grand Palais, le grand départ ! » Profitant d’un poste d’ambassadrice d’artistes dans la vallée luxembourgeoise, Corinne expose dans les châteaux classés et vend ses créations à une clientèle fortunée. Une clientèle qu’elle retrouve en 2001 sur la Riviera, cette fois dans les palaces où elle propose ses créations en fonction des collections de mode présentées. Avec le nouveau millénaire, son travail rencontre la customisation, le recup’art (elle réalise un arbre à bijou à l’Arboretum du Roure) et l’écocitoyenneté. L’amazone des temps modernes n’a pas surfé sur les modes, mais devancé la vague sans l’ombre d’une préméditation ! « Je travaille à l’instinct, au contact de la matière. Les questions, je me les pose après ! ». Car, son langage, elle le puise dans le trésor de pirates accumulé dans son atelier niçois. Des milliers de noyaux de fruit et graines (certaines cultivées dans son jardin), larmes de job, queues de poire, orchidées séchées, drisses, bout de pneu, plumes, filin de pêche, crin de cheval, passementerie, tesson de verre, lapislazuli, etc. Un inventaire de Prévert, non ! Une matière première que la couturière connaît sur le bout des doigts et « assemble pour raconter des histoires ». Car ces bijoux de corps personnalisables, évolutifs et plurifonctionnels, sont tous porteurs de sens et d’émotions, « comme des ornements tribaux, ils ont une valeur symbolique ou sentimentale ». Des valeurs humanistes qui ont conduit Corinne Reinsch à fonder Artsens, une association d’artistes organisant des ateliers et des ventes au bénéfice de causes humanitaires. « C’est ainsi qu’en récoltant des bouchons pour France Cancer j’ai pu réunir des tonnes de muselets. La seule chose qu’ils ne peuvent pas recycler », commente celle qui réinvente le glamour du XXI e siècle. Un nouveau chic aussi sophistiqué et sensuel que peut l’être la nature, à mille lieues du bling-bling, car pour cette créatrice « Tout homme porte en lui un précieux grain de sable ». Une robe en muselets de champagne, c’est l’une des douze parures de corps créées à base de végétaux ou objets détournés par Corinne Reinsch. Une styliste qui a fait sauter les bouchons et les ponts pour fusionner mode, art plastique et développement durable. -/A dress of champagnecork wire is among the 12 body adornments created from subverted plants and objects by Corinne Reinsch, a stylist who mixes fashion, sculpture and sustainable development. Par Olivier Marro - Photo Jean-Michel Sordello/P. A. We know about the chocolate woman but now here’s a champagne woman dressed in 1200 champagne-cork wires, harking back to the lady Paco Rabanne clothed in metal mesh. But behind the apparent light-heartedness of a body adornment that for its stylist represents « the culmination of considerable work » lies a creator who has developed her artistic practice not in schools but through her contact with others, a great traveller as committed to roots as to protecting the planet. Corinne, who was born in Moselle, remembers a childhood spent « perched in the tops of trees or with my hands in earth » and when she left home at 18 it was to continue treasure hunting ! In Bordeaux she studied literature while working for an antique dealer. She began collecting buttons and braiding that she initially included in ceramic pieces. « Then I had the idea of mixing recycled materials, plants and precious stones to make jewellery. » Her first collection led to a collaboration with Olivier Lapidus in Paris then to exhibiting at the 1993 Salon des Indépendants in... « Le Grand Palais, starting at the top ! » Taking advantage of a job promoting artists in the Luxembourg valley, Corinne exhibited in listed châteaux and sold her creations to a wealthy clientele. In 2001 she connected with that same class of clientele on the Riviera, this time in luxury hotels where she proposed creations that went with the fashion collections presented. With the new millennium her work moved into customisation, salvage art and ecoresponsibility, including creating a jewellery tree at the Arboretum in Le Roure. This modern-day Amazon hasn’t surfed the trends, she’s preceded them without a shadow of premeditation ! « I work by instinct, through contact with the materials. Only after do I ask myself any questions ! » For she draws her artistic language from the treasure trove she’s accumulated in her Nice studio : thousands of fruit stones and seeds (some grown in her garden), pear stalks, dried orchids, feathers, fishing line, horsehair, passementerie, bits of glass, lapis lazuli etc. Raw materials that this craftswoman knows like the back of her hand and « assembles to tell stories », for every piece of her personalisable, evolvable, multipurpose body jewellery is imbued with meanings and emotions, « like tribal decorations they have a symbolic or sentimental significance ». Humanist values that have led Corinne Reinsch to setup Artsens, an association of artists that organises workshops and sales in aid of humanitarian causes. « So it was through collecting corks for France Cancer that I gathered masses of cork wire, » explains the woman who is reinventing 21st-century glamour. A new chic as sophisticated and sensual as only nature can be, for this artist believes : « Every human being carries a precious grain of sand inside them. » Corinne Reinsch exposera à Mougins pour le salon du Bijou d’art les 9 et 10 mai. -/Corinne Reinsch is exhibiting at the Bijou d’Art show in Mougins on 9 and 10 May. www.bijouxcorin.com mars 2009 www.cotemagazine.com PORTRAIT OPTIMIST 33