COTE La Revue d'Azur n°173 mars 2009
COTE La Revue d'Azur n°173 mars 2009
  • Prix facial : 3 €

  • Parution : n°173 de mars 2009

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : Les Editions COTE

  • Format : (240 x 300) mm

  • Nombre de pages : 116

  • Taille du fichier PDF : 18,6 Mo

  • Dans ce numéro : urbanisme, perspectives d'avenir

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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OPTIMISTE 26 Par Michel Franca LES VERTUS DE L’PTIMISME THE VIRTUES OF OPTIMISM mars 2009 www.cotemagazine.com IOANNIS KOUNADEAS
Stupides, les optimistes ? Peut-être moins qu’il n’y paraît. Pour mieux affronter les crises, ne faut-il pas commencer par positiver ? Are the optimists stupid ? Perhaps less than it seems. When it comes to dealing with crises isn’t it best to start by thinking positive ? Pas si Candide que ça. « Tout est pour le mieux dans les meilleurs des mondes possibles… » C’est la formule favorite du professeur Pangloss dans le Candide de Voltaire. Les catastrophes multiples qui s’abattent sur lui et son élève Candide n’y font rien. Le maître ponctue toutes ses mésaventures, même les plus atroces, par cette formule péremptoire, dont Voltaire se gausse pour professer une sagesse plus terre-à-terre, nourrie de prudence et de cautèle, qui postule que la meilleure façon d’assumer une existence, où la logique du mal et du bien nous échappe, c’est de « cultiver son jardin ». Les lendemains qui chantent. Candide ou pas, l’optimisme a la vie dure. Au XIX e siècle, il inspire toute la démarche moderne, qui nourrit une confiance sans limites dans le savoir humain. Le bonheur est au bout de la science. L’histoire va de l’avant, le progrès porte les hommes vers une société meilleure. Cette vision est défendue par les grands utopistes du XIX e siècle, comme Charles Fourier, mais aussi par les penseurs révolutionnaires dont KarlMarx, qui dessine à l’horizon de la fin de l’Histoire, les contours d’une société sans classes régie par le communisme qui consacrerait la formule magique du bonheur absolu : « À chacun selon ses besoins… ». Et puis vint la cata ! On sait ce qu’il est avenu de ces théories messianiques qui promettaient le Paradis sur Terre : elles ont conduit à plus de barbarie encore, à des massacres généralisés prenant la forme de génocides. Le règne de la raison et de ses conquêtes, loin de déboucher sur la fin du mal, accoucha des univers concentrationnaires, bâtis sur l’intolérance et la cruauté. Ce n’était pas la concorde et la prospérité qui étaient au rendez-vous du progrès technique, mais la misère et la tyrannie. En sortir ou pas. Devant le spectacle apocalyptique du XX e siècle, où le progrès a pris le visage de l’holocauste, de la guerre, de la bombe atomique, des génocides, de la famine et des catastrophes écologiques, peut-on jouer les Pangloss et répéter inlassablement : « Tout est pour le mieux » ? Certes, non. On ne saurait sombrer dans un optimisme aveugle et béat, mais encore moins dans le pessimisme le plus noir. Du strict point de vue de l’efficacité, « se rouler dans la boue n’est pas le meilleur moyen de devenir propre », comme le soulignait Aldous Huxley dans la préface du livre prophétique où il stigmatisait tous les dangers du « meilleur des mondes » annoncé par le scientisme. Traduction : pour lutter contre la crise, le premier conseil que l’on puisse donner, c’est de positiver, de refuser la fatalité du mal, et de se placer dans l’état d’esprit du philosophe Alain, lorsqu’il préconise d’associer le pessimisme de la raison, à l’optimisme de la volonté. L’anticrise… Ce n’est ni plus ni moins que la conclusion à laquelle aboutit un autre grand pourfendeur des utopies révolutionnaires, Albert Camus, dans Le Mythe de Sisyphe. Sisyphe, on le sait, était condamné à rouler sans cesse au sommet d’une colline, un rocher qui, une fois là-haut, retombait aussitôt vers le bas, précipité dans une chute irrémédiable par une terrible et injuste fatalité contre laquelle Sisyphe ne pouvait rien. Et pourtant, Sisyphe recommençait toujours inlassablement son labeur, suggérant à Camus le mot de la fin : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ». Ici commence peut-être cet optimisme dont nous avons besoin pour surmonter les crises. Rouler le rocher de la dépression vers le sommet d’une solution, qui, on le devine, ne sera que transitoire, appelant d’autres crises, dont pour sortir, il faudra à nouveau faire preuve de courage et d’optimisme. Ingenuous ? Not entirely. « All is for the best in the best of all possible worlds. » That is Dr Pangloss’s mantra in Voltaire’s Candide and the multitude of catastrophes that befall him and his pupil don’t undermine his conviction. At every misadventure, no matter how awful, Pangloss trots out his well-worn cliché... and Voltaire mocks. A brighter future. Ingenuous or not, optimism is ingrained. In the 19th century it inspired the modernism that nourished a limitless confidence in human knowledge. Science led to happiness, history forged ahead, progress bore man towards a better society. This vision was defended by the 19th century’s great utopians such as Charles Fourier but also by its revolutionary thinkers, among them KarlMarx who vaunted a classless society, under Communism, that would enshrine the magical formula for absolute happiness : « To each according to their needs. » Then disaster struck ! We all know what happened to those messianic theories that promised heaven on earth : they led to even greater barbarity, to generalised massacres in the formof genocides. Far from doing away with evil, the age of reason and its conquests gave birth to concentration-camp regimes founded on intolerance and cruelty. Pulling through... or not. Looking back on the apocalyptic spectacle of a 20th century in which progress donned the masks of holocaust, war, genocide, famine and environmental disaster, can we still play at Pangloss, tirelessly repeating « All is for the best... » ? Indeed not. To fight the present crisis, the first bit of useful advice is to refuse the inevitability of disaster and adopt the mindset of the philosopher Alain when he advocates partnering the pessimism of reason with the optimism of willpower. Overcoming the crisis. This was the conclusion reached by another great scourge of revolutionary utopias : Albert Camus in his Myth of Sisyphus. Sisyphus, as we know, was condemned to ceaselessly rolla rockup to the top of a mountain from whence it would immediately fall back down again. Yet time after time Sisyphus untiringly sets about his task, suggesting to Camus his final thought : « One must imagine Sisyphus happy... » Here perhaps is where the optimism we need to overcome crises begins : we have to roll the rock of depressionup to the summit of a solution that we can guess will only be transitory, to be followed by further crises, to overcome which we willagain have to show courage and optimism. mars 2009 www.cotemagazine.com OPTIMIST 27



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