CULTURE ESSENTIELS 22 Jordí Colomer au Jeu de Paume Par Mireille Sartore Le paysage urbain modifie le comportement humain. Un artiste, Jordí Colomer, en a fait le fil conducteur de son œuvre. Dans le cadre du Mois de la Photo 2008, le Jeu de Paume parisien l’expose jusqu’au 4 janvier 2009. Short-circuiting the city The urban landscape modifies human behaviour. Jordí Colomer makes this the leitmotiv of his work and as part of the 2008 Mois de la Photo festival the Jeu de Paume museum in Paris is exhibiting his work until 4 January 2009. novembre 2008 www.cotemagazine.com COURTESY DE L’ARTISTE/ADAGP, PARIS, 2008 Jordí Colomer présente « Anarchitekton Bucarest », 2003. Extrait vidéo Courtesy Galerie Michel Rein, Paris. Jordí Colomer, « Papamóvil », 2005. Extrait du diaporama. Un homme court dans les rues de Barcelone, Bucarest, Brasilia, Osaka brandissant des maquettes d’immeubles, des sculptures ambulantes, des « étendards grotesques, des provocations utopiques » qui constituent les exactes répliques des constructions alentour. Une maquette de la Papamobile, le véhicule spécialement conçu pour les déplacements du pape, traverse des rues, parcourt de grandes cités anonymes, « produisant par sa présence et son irréalité une sorte de court-circuit dans l’environnement quotidien ». Anarchitekton (2002-2004) et Papamóvil (2005-2008) sont quelques-unes des installations vidéos de l’artiste catalan Jordí Colomer qui sont présentées au Jeu de Paume, dans le cadre de l’exposition que lui consacre la directrice (et compatriote) Marta Gili, en parallèle de la rétrospective réservée à la photographe américaine Elisabeth Miller. L’occasion de découvrir un artiste majeur de la scène artistique contemporaine internationale qui partage sa vie entre Barcelone – sa ville d’origine – et la France, avec qui l’artiste entretient des rapports privilégiés depuis le début de sa carrière dans les années quatre-vingt. À Nice, Jordí Colomer fut l’un des artistes résidents de la Villa Arson en 2002 et participa notamment cet été à la grande exposition – périlleuse mais réussie – consacrée à la performance (Ne pas jouer avec les choses mortes). Lucidité critique et humour « Dans nombre de ses installations vidéo où l’architecture et la ville contemporaine apparaissent comme une toile de fond fictive, explique-t-on au musée de la Concorde, Jordí Colomer s’interroge sur la façon dont l’urbanisme influence le comportement humain tout en explorant l’omniprésence et les inconvénients du modernisme dans le paysage urbain. » Né en 1962, l’artiste représenté aujourd’hui en France par la galerie Michel Rein a d’ailleurs commencé par étudier l’architecture à Barcelone. Une voie qu’il abandonnera cependant très vite car les outils de l’architecture ne lui permettaient pas d’aborder la vie réelle de l’être humain, expliquait-il dans un entretien accordé à William Jeffett. Avec beaucoup de lucidité critique et d’humour, Jordí Colomer nous met face à nos contradictions, rejouant des « fragments de réalité, des situations transitoires » à travers le prisme de l’art. Tantôt mélancolique, tantôt drôle, son œuvre nous parle de toute manière, et c’est le plus important. Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Paris 8 e Tél. 01 47 03 12 50. www.jeudepaume.org A man runs through the streets of Barcelona, Bucharest, Brasilia and Osaka brandishing models of buildings, walking sculptures that are exact replicas of the constructions allaround. A model of the « Popemobile », the vehicle specially designed for the Pope, drives around big anonymous cities, « its presence and unreality producing a sort of short-circuit in the everyday environment ». Anarchitekton (2002-04) and Papamóvil (2005-08) are two of the Catalan Jordí Colomer’s video installations on show at the Jeu de Paume until 4 January 2009, an opportunity to discover a major artist on the international contemporary art scene who divides his time between his home city of Barcelona and France, with which he’s had a special relationship since the beginning of his career in the 1980s. Critical lucidity and humour « In many of his video installations in which architecture and the contemporary city appear as a fictional backdrop, Jordí Colomer questions the way in which urban planning influences human behaviour while also exploring modernism’s omnipresence and disadvantages in the urban landscape, » the museum at Concorde explains. The artist born in 1962 and now represented in France by the Michel Rein gallery in fact started off studying architecture in Barcelona but very rapidly abandoned that path because architecture’s tools did not allow him to tackle the real life of human beings, as he explained in an interview with William Jeffett. With considerable critical lucidity and humour, Jordí Colomer confronts us with our contradictions by replaying « fragments of reality, transitory situations » through the prism of art. Sometimes melancholic, sometimes droll, his work most certainly speaks tous and that’s the most important thing. COURTESY DE L’ARTISTE/ADAGP, PARIS, 2008 |