PROJET DECORATION 76 mai - juin 2011 www.cotemagazine.com -/BLANK TABLE table Vierge aveC Le ConCept Joyn, ronan et erwan BourouLLeC, éLus Créateurs de L’année au saLon maison & oBJet 2011, BouLeversent Le ConCept d’aménagement d’espaCe professionneL. « Si vous arrivez à une idée juste, il se peut qu’elle dépasse le cadre initial que vous lui avez donné. » Rolf Feldbaum, directeur de Vitra n’avait pas tort. En faisant appel à Ronan et Erwan Bouroullec pour concevoir un concept d’aménagement professionnel, il allait bouleverser le secteur en proposant une approche originale, inédite et qui, aujourd’hui, fait référence en la matière. Son nom : Joyn, un système ouvert et flexible capable de s’adapter aux environnements d’utilisation les plus divers, travail individuel, d’équipe, conférence… « Rolf Feldbaum a fait appel à nous car, travaillant à deux, nous n’avions aucune expérience des grands espaces de travail ni aucune connaissance de ce métier. Il souhaitait un œil neuf et une certaine fraîcheur. Tout en nous demandant de concentrer nos recherches sur un projet qui correspondait à nos attentes, c’est-àdire à une petite structure. Nous n’imaginions pas alors que Joyn équiperait un jour le siège de la BBC à Londres, la bibliothèque publique de Seattle conçue par Rem Koolhaas ou encore la filiale de RTL à Hambourg », explique Erwan Bouroullec. Par alexandre benoist pLateforme CoLLeCtive déspéCiaLisée Les propositions des deux frères se multiplient rapidement : tables, chaises, grands pots de fleur, boîtes aux lettres… En résumé, tout ce qui leur apparaissait à même de figurer dans un lieu de travail, toujours avec l’idée de considérer l’espace dans son ensemble. Après trois ans de recherche, leur projet se centre sur le bureau. Il sera collectif et déspécialisé : « L’avantage d’une table collective est qu’elle libère de l’espace. De plus, quand nous nous sommes mis à étudier le marché, nous avons trouvé que les meubles de travail étaient souvent formels et systématiques. Il y avait un bureau pour la secrétaire, le directeur, le dessinateur technique, c’est-à-dire une classification de la manière dont on devait travailler. Cela semblait proposer une ergonomie parfaite, mais cette perfection devenait plus un carcan qu’un berceau. » Joyn est née de ce constat. Une simple plateforme collective, un item vierge conçu comme une feuille blanche que l’on va « remplir » selon les besoins, en proposant un certain nombre de fonctionnalités définies par des accessoires – séparations, boîtes, sousmain – dont la qualité principale est la légèreté, c’est-à-dire facile à mettre en place, à déplacer, à enlever. territoriaLité évoLutive Mais légère aussi d’un point de vue culturel. « Volontairement, ces éléments ne ressemblent pas à quelque chose d’incroyablement technique. Dans l’inconscient collectif, on peut les imaginer dans une maternelle ou un atelier de bricolage. Cela permet de dédramatiser les objets à utiliser dans un open space où il existe cette peur de mal faire face aux autres et de créer cette territorialité nécessaire à toute activité au sein d’un espace collectif. Une territorialité non figée, utile pour renforcer la cohésion d’une équipe. Quelle que soit sa taille, pour 4 ou 6 personnes, Joyn n’est jamais définitive. Un stagiaire arrive ? Il suffit de déplacer un panneau ou une boîte pour l’intégrer au groupe de travail. Sans oublier un facteur essentiel, celui d’éviter le stress de « la place vide » si un collaborateur quitte l’entreprise… Conçue en 2003, Joyn n’a pas cessé d’évoluer et propose, aujourd’hui, des éléments de micro-architecture comme la cabane (JoynHut), une structure faite de bois et de textile permettant de dégager un espace « protégé » dans l’espace afin que les collaborateurs puissent s’isoler ou se consacrer à des tâches spécifiques. |