AMAZONS AMAZONES 74 art PAR MIREILLE SARTORE Révolution au Musée ! En mai 2009, le centre Pompidou qui abrite la première collection européenne d’art moderne et contemporain – et l’une des deux premières au monde – inaugurait sa troisième présentation thématique autour des artistes femmes de sa collection – un petit ratio de 16% sur la totalité, convient-il de rappeler… Rebaptisés elles@centreprompidou, le quatrième et une partie du cinquième étage du musée, soit 6 000 m2, accueillent ainsi depuis cette date (1) près de cinq cents œuvres réalisées par deux cents figures de l’art exclusivement féminines, dont l’histoire s’écrit ici en sept chapitres. On y trouve notamment les Pionnières qui accompagnent tous les avant-gardes et les évolutions techniques, la section très explicite Feu à volonté, faisant référence aux célèbres Tirs de Niki de Saint Phalle et qui relate du féminisme, et aussi Corps Slogan évoquant de la représentation du corps, de ses stéréotypes, et notamment celui du genre. Scandale pour les uns – un ghetto de plus pour ces dames ? – ou bien au contraire une réécriture formelle de l’histoire de l’art qui ne peut, bien entendu, s’envisager sans la production féminine, prolixe, continue et déterminante. ces dames exclues des classes de nu Séparer la création des femmes de celles de ces messieurs a-t-elle véritablement un sens ? A priori non si l’on se positionne sur un plan purement artistique, le seul critère légitime de comparaison tolérable quand on adopte le principe de parité ! Ainsi la magnifique Peinture (1956-1957) de l’Américaine Joan Mitchell (1925-1992) exposée à Beaubourg est tout simplement… magnifique, ne possédant aucune spécificité féminine, tout comme les œuvres abstraites de l’incontournable Sonia Delaunay (1885-1979) ou les photographies de Gisèle Freund (1908-2000), première femme à intégrer la prestigieuse agence Magnum. Camille Morineau, commissaire de l’exposition elles@centrepompidou, s’est engagée dans cette mission jamais entreprise – « décrire l’histoire de l’art de [notre] siècle avec « elles » seules – parce que c’est enfin possible : il y a en effet assez d’artistes femmes aujourd’hui pour réécrire cette histoire, et « le faire » est un minimum : le point de vue est celui des œuvres dans les collections. Ajouter le critère du « genre » est simplement inédit. » février - mars 2010 www.cotemagazine.com LE FRONT DE L’ART The art front AVANT LES ANNÉES 60-70, LES FEMMES N’ÉTAIENT QUE DES FEMMES QUI PRATIQUAIENT LEUR ART. GRÂCE AUX MOUVEMENTS FÉMINISTES, ELLES SONT DEVENUES DES ARTISTES. -/UP UNTIL THE 1960S/70S FEMALE ARTISTS WERE SEEN AS JUST WOMEN WHO "PRACTISED" ART. THANKS TO THE FEMINIST MOVEMENTS THEY BECAME ARTISTS IN THEIR OWN RIGHT. Shirin Neshat, Speechless, 1996. Art & Féminisme, collection Thèmes et Mouvements, Phaidon 2005, 39,95 € www.phaidon.com © SHIRIN NESHAT |