METIER D’ART ESSENTIELS 32 Essentiel/Spotlight PAR RAPHAEL BOUJENAH ©chanel Ne creusez pas inutilement votre mémoire, vous n'avez probablement jamais entendu ce mot auparavant. N'essayez pas non plus d'en deviner la signification par déduction ou étymologie, vous êtes vraisemblablement dans une impasse. La baudruche dont il est question n'a pas grand-chose à voir avec les ballons qui font la joie de nos chères têtes blondes dans les fêtes foraines ou goûters d'anniversaires. Il s'agit d'une membrane d'origine naturelle que l'on dispose entre le flacon et le bouchon d'une bouteille de parfum pour la rendre hermétique, qu'on enroule ensuite d'un fil de coton perlé pour la maintenir, avant que de la sceller d'un cachet en cire. Mais qui est ce "on" qui effectue ces opérations semblant les vestiges d'un autre temps ? "On", ce sont les huit dernières baudrucheuses (le correcteur automatique d'orthographe est affolé par ce mot, et n'a rien de mieux à me proposer que "baudruche usée"…) Chanel, à l'œuvre dans l'usine de parfums de la marque à Compiègne près de Paris. A l'époque où le bouchon à vis n'existait pas encore, au XVIIème siècle, les pharmaciens (alors des apothicaires) avaient recours au baudruchage (là, le dictionnaire me propose "baudruche âgée"… Décidément, même les signes insistent sur l'ancienneté du métier !). Au XIIIème siècle, c'est au tour des parfumeurs de s'emparer du procédé. En 1921, Chanel lance son premier parfum, le cultissime No 5, et les baudrucheuses s'affairent. Aujourd'hui, la marque aux 2 C est l’une des dernières à avoir conservé cette tradition, qui a attisé la curiosité des chalands lors de la démonstration à laquelle nous avons assisté sur le stand Chanel chez Manor à Genève, en septembre dernier. Allez, avouez, pour une fois vous aurez appris un nouveau mot grâce à COTE Magazine, hein ? décembre 2009 - janvier 2010 www.cotemagazine.com BAUDRUCHEUSE un métier séculaire à la pointe de la mode AN ANCIENT SKILL AT THE FOREFRONT OF FASHION ©chanel ©chanel You willalmost certainly never have heard of the word… The baudruche is the skin of the bladder, but a baudrucheuse is not – as you might imagine – a maker of traditional, natural balloons, haggis pouches (or similar…). For our purposes, the baudruche is a small piece of natural bladder placed between the glass neck of a perfume bottle and its stopper, creating a tight fit, after which it is wound round with waxed cotton thread, then closed with a wax seal. Theeight ladies responsible for this delicate task (chez Chanel, s'il vous plait…) are based at the brand's perfume factory in Compiègne, near Paris. They are, alas, among the last of their kind. Back in the 17th century, when screw tops were unknown, apothecaries used the technique (le baudruchage) to seal their flasks and phials. In the 18th century, perfumiers discovered its uses and made it their own. In 1921, Chanel launched her first perfume, the ultracult No. 5. Today, the brand with the interwined Cs is one of the last to preserve the tradition, attracting interested onlookers at Chanel's stand at Manor in Geneva, in September 2009. As ever, dear reader, trust COTE magazine to do its utmost to improve your wordpower and expand your general knowledge… |