COTE Genève n°22 novembre 2008
COTE Genève n°22 novembre 2008
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°22 de novembre 2008

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : Les Editions COTE

  • Format : (237 x 300) mm

  • Nombre de pages : 172

  • Taille du fichier PDF : 17,8 Mo

  • Dans ce numéro : numéro spécial égoïste.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Ego sum. La morale traditionnelle a fait de l’égoïsme un vilain défaut. Elle lui préfère l’esprit de sacrifice. Moyennant quoi, on nous apprend à faire notre devoir, à se dévouer à ses proches et à autrui. La vie sociale prend le pas sur l’individu. Dans les sociétés totalitaires, c’est intolérable  : on a le goulag. Dans les sociétés libérales, ça peut finir par être étouffant. Tout va si vite, les contraintes sont si fortes qu’on a besoin de décompresser. Soit on verse dans l’égoïsme conquérant du carriériste sans foi ni loi, qui écrase les autres pour réussir. Soit on débranche, on fait un retour sur soi. On se ressource, comme on dit, on essaie de trouver un équilibre, une harmonie personnelle qui va forcément rejaillir sur nos rapports aux autres. C’était un peu la logique de la philosophie antique qui recherchait le bonheur de l’individu. Cela passait par un bon usage des plaisirs, dont l’épicurisme était une variante. Être épicurien, c’est à l’origine optimiser le parti bénéfique que l’on peut tirer de l’instant, en se défiant des excès de la passion et du désir. À l’époque moderne, l’épicurien, c’est un homme de bon goût, qui apprécie les belles choses et savoure la vie avec art. C’est donc tout le contraire du boulimique et du goinfre qui se jettent avec avidité sur les richesses et font un usage nocif des plaisirs. Bref, l’épicurien moderne pourrait être le bon égoïste, qui réaliserait un équilibre harmonieux entre le plaisir, la sensualité et la sagesse que les Anciens plaçaient au centre de la méditation philosophique. Raffiné. Cet homme idéal se défie donc des excès. Il pratique un art de vivre qui témoigne d’une totale maîtrise de soi. Hédoniste, il excelle à tirer le meilleur de l’existence. Raffiné, il fuit la vulgarité. Son goût est éduqué. Il sait prendre son temps, se fait plaisir sans se faire violence. Il connaît ainsi cette forme douce de la satiété qui apaise les sens et procure la paix intérieure. Sa règle vestimentaire, c’est l’élégance. Sa règle alimentaire, la gastronomie sans excès. Sa règle esthétique, la beauté sans artifice. Ce qui ne veut pas dire qu’il verse dans la convention. Il sait reconnaître la nouveauté et l’apprécier. Donc ouvert. Le souci de soi, le bon usage de l’égoïsme débouchent ainsi sur autrui. Paradoxal, si l’on songe que, traditionnellement, l’égoïsme est présenté comme le contraire de l’altruisme. Et pourtant, savourer l’existence en se maîtrisant, en contrôlant ses passions, c’est le meilleur moyen de s’ouvrir la voie de l’autre. De le respecter et de partager avec lui le plaisir de bien vivre. Cela peut paraître idéaliste, mais le bon « égoïsme » emporte aussi des valeurs de convivialité et de partage. Seul, il peut mener vers cette autre valeur célébrée par la pensée antique  : l’amitié. soi SELF CONCERN Le SOUCI DE L’ÉGOÏSME N’EST PAS FORCÉMENT UN VILAIN DÉFAUT. À CONDITION D’EN FAIRE BON USAGE. MODE D’EMPLOI. -/EGOISM ISN’T NECESSARILY AN UGLY DEFECT PROVIDED IT’S WELL UTILIZED. HERE’S HOW TO DO IT. Par Michel Franca Ego sum. Traditional morality has made egoism an ugly defect, preferring the spirit of self-sacrifice that therefore teaches us to do our duty and strive to help our loved ones and others. Social life takes precedence over the individual. Totalitarian societies take this to intolerable lengths, ending in the gulag, whereas in liberal societies we can endup feeling stifled  : everything moves so fast and the constraints are so strong that we need to let off steam. Soeither we embrace the all-conquering egoism of the out-and-out careerist who crushes others under foot in order to succeed, or we switch off, look inwards, recharge our batteries as they say, by trying to find a personal equilibrium and harmony that will necessarily influence our relations with others. This is similar to the logic of the ancient philosophers who sought individual happiness through the correct utilisation of pleasure, one variant being Epicureanism. In those days being an Epicurean meant making the most of the beneficial aspects to be found in every moment while mistrusting excesses of passion and desire. In modern times the epicurean is a man of good taste who appreciates fine things and savours life artfully, quite the opposite, therefore, of the insatiable and greedy who throw themselves avidly on wealth and overindulge in pleasures. In fact the modern epicurean could be the good egoist achieving a harmonious balance between the pleasure, sensuality and wisdom that the Ancients placed at the hub of their philosophical meditations. Refined. This ideal man therefore mistrusts excesses and practises an art of living that testifies to total self control. A hedonist, he excels at getting the best out of life ; being refined, he flees vulgarity. His taste is educated. He knows how to take his time and give himself pleasure without damaging himself. He is therefore acquainted with that gentle formof satiation that soothes the senses and procures inner peace. His dress code is elegance ; his food code is gastronomy without excess ; his aesthetic code is beauty without artifice. But that doesn’t mean he’s a stickler for convention, he knows how to spot what’s new and appreciate it. And open-minded. Self concern and a correct utilisation of egoism therefore leads to others – paradoxical when you think that traditionally egoism is presented as the opposite of altruism. Yet savouring existence by remaining in control of oneself and one’s passions is the best way to open a path to others, respect them and share the pleasures of living well with them. That may seem idealistic but "good" egoism also carries the values of conviviality and sharing so can lead to that other value celebrated by ancient philosophy  : friendship. novembre 2008 www.cote-magazine.ch ÉGOÏSTE SPECIAL EGOIST 61



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