FEMMES ARTISTES CREATIVE WOMEN 86 Le chic et l’art, c’est une vieille histoire d’amour. Qui dure toujours. Les couturiers sont aussi des artistes. Et les artistes sont passés maîtres dans la science du look, qui leur rappelle les codes de leur art. Composition, palette, matériaux, etc., leurs exigences sont les mêmes. Ce qui explique qu’entre eux, le dialogue est permanent. Yves Saint Laurent, qui a rejoint récemment le paradis des couturiers, n’hésitait pas à mettre les chefs-d’œuvre de la peinture en couture. Sa robe Mondrian a fait référence, tout comme ses vestes Van Gogh. Jean-Charles de Castelbajac reproduisait, quant à lui, les œuvres de Malevitch et de Basquiat, sur des ensembles qui devaient beaucoup au Pop Art. Il y a du constructiviste chez Courrèges et du sculpteur chez Paco Rabanne. Les fluidités d’Armani ne sont pas sans rappeler les évanescences chères aux préraphaélites et les patchworks d’Emilio Pucci font songer aux bigarrures psychédéliques. Elsa Schiaparelli sollicitait Dali et Cocteau pour affûter ses robes fatales et les ferveurs gitanes de Christian Lacroix ont l’intensité passionnée des toiles de Goya. Que dire enfin des défilés de Viktor & Rolf dont la scénographie sophistiquée rappelle les installations ou les performances chères à l’art contemporain. Quant à la galeriste, Chantal Helenbeck, elle convoque couturiers et artistes pour créer ensemble des collections de robes et d’accessoires. LE CHIC DU VERNISSAGE Où porter son bel ensemble trendy ? Le vernissage, moment cardinal de la vie artistique, est un lieu tout indiqué. On peut y voir et surtout, y être vue. D’où le désir d’y paraître sous ses plus beaux atours. Histoire de se faire plaisir tout en démontrant que l’on a du goût. Et ceci, que l’on joue la carte du grand classicisme mondain (tenue dandy de rigueur avec ses variantes les plus extravagantes) ou le joker du franchement décalé, qui est sans doute, l’atout majeur de l’arty attitude dans sa version ultracontemporaine. À moins que, pris d’une ardeur vintage, on renoue avec la bohème, chère à un XIX e siècle, revu et corrigé par la vague hippie des seventies. LE CHOC DU LOOK R La collectionneuse WOMEN COLLECTORS ELLE COLLECTIONNE LES ŒUVRES D’ART. ELLE AIME LES BEAUX VÊTEMENTS. ET À L’OCCASION, LES JEUNES ARTISTES QU’ELLE RÊVE DE LANCER. THESE LADIES COLLECT WORKS OF ART AND LOVE BEAUTIFUL CLOTHES, PLUS ON OCCASION THE YOUNG ARTISTS THEY DREAM OF LAUNCHING. Le vernissage, c’est le terrain de chasse de la collectionneuse. Elle y participe parce que l’art, c’est sa passion, mais aussi parce que, souvent, elle est un animal mondain. Son rêve, c’est de flairer la nouveauté qui annonce l’avenir et va, bientôt, dans un an, deux ans, voire plus, exploser la cote. Et si elle ne le fait pas, c’est tant pis et ce n’est pas grave car si elle collectionne, c’est avant tout pour enrichir son jardin secret ou son cabinet des curiosités. Pour le reste, elle a le choix : donner la priorité à l’art en cultivant l’anonymat, ou ajouter le plaisir du paraître à celui de collectionner. Auquel cas, elle va soigner son look car c’est un excellent passeport vers le succès. Médiatique, mondain et même amoureux. En étant belle et en le faisant savoir par le costume, elle a toutes les chances de plaire et de séduire, trouvant ainsi à faire d’une pierre deux coups en associant la joie de collectionner les œuvres, à celle, non moins agréable, d’engranger les conquêtes. septembre-octobre 2008 www.cote-magazine.ch R Chic and art, a long-standing love affair that’s still continuing. Couturiers are artists too and artists are past masters in the science of looks, which reminds them of the codes of their art: composition, palette, materials etc – the demands are the same. Which explains why there’s an ongoing dialogue between the two. Yves Saint Laurent, who recently left us for the couturiers’paradise, never hesitated at turning masterpieces of art into couture: his Mondrian dress became a reference, just like his Van Gogh jackets. Jean-Charles de Castelbajac reproduced works by Malevich and Basquiat on outfits that owed a lot to Pop Art. Courrèges was something of a Constructivist and Paco Rabanne a bit of a sculptor. Armani’s flowing fabrics are more than a little reminiscent of the floatiness embraced by the Pre-Raphaelites while Emilio Pucci’s patchworks make you think of multi-coloured psychedelia. Elsa Schiaparelli called on Dali and Cocteau to hone her fatal frocks while Christian Lacroix’s gypsy fervour has the intensity of Goya’s paintings. And what about those Viktor & Rolf fashion shows, their sophisticated scenic design so similar to the installations and performances dear to contemporary art ? As for gallerist Chantal Helenbeck, she convokes couturiers and artists to create together collections of dresses and accessories. CHIC VERNISSAGE So where do you wear your lovely trendy outfit ? The vernissage, cardinal moment in art life, is the perfect place. There you can see and more importantly be seen, hence the desire to look your very best, for your own pleasure but also to show you have taste. This works whether you go for total socialite classicism (classy outfit de rigueur along with its most extravagant variations) or frankly offbeat, the latter undoubtedly the major asset of arty attitude in its ultra-contemporary version. Unless, overwhelmedby vintage ardour, you reconnect with your inner bohemian, that 19th-century favouriteupdated and revisited by the hippie vogue of the Seventies. SHOCK LOOKS Vernissages are the collectors’hunting ground. The females of that species attend because art is their passion but also because they are usually social animals. Their dream is to sniff out the novelty that heralds the future and will soon, in one, two or more years, top the sales charts. If it doesn’t that’s too bad but it doesn’t matter since above all they collect in order to enrich their secret gardens or cabinets of curios. Other than that they may choose to prioritise the art by cultivating anonymity or add the pleasure of being known to that of collecting, in which case they take great care over their looks since these are an excellent passport to success – in the media, society and even love. By being beautiful and showing it off through their clothes they have every chance of pleasing and seducing, thereby killing two birds with one stone by combining the joy of collecting artworks with the no less agreeable one of notchingup conquests. |