PHOTOS GETTYIMAGES, DR un magasin de tricot lausannois. Grâce aux vidéos en ligne, àInstagram et àl’immense bibliothèque du réseau social Ravelry,oùles internautes partagentleurs modèles, le tricot est devenu accessibleettendance. » Cette mère dedeux enfants qui aradicalement changé de carrière en2015, pour se consacrer à son hobbydevenupassion, organise régulièrement des « apéros-tricot » –hors période de pandémie bien sûr. Lesuccès de ces rendez-vous est tel, qu’elle doit systématiquement refuser du monde. Les participantes sont toutes des femmes (un groupe d’hommes ne s’y est inscrit qu’une seule fois), entre20et40ans, débutantes ou non. L’organisatriceleursertunapéro, lesguide et les conseille surleurs ouvrages respectifs. Pendantdeuxheures, lestricoteusessefocalisentsur leur projet,laissant soucis et téléphones portables au vestiaire. + La patience, essentielle « C’est une activité relaxante, très méditative », explique Julie Chanel dont lecalme et le timbre de voix ne font queconfirmer les dires. Des études scientifiques lui donneraient aussi raison. Selon une recherche de l’Université d’Arizona (Etats- Unis), par exemple, letricot réduirait le stress. Tout comme d’autres activités manuelles d’ailleurs. Le fait de se concentrer sur une seule chose àla fois, de déconnecter (digital detox) etdecréer quelque chose de ses propres mains, jouerait un rôle important dans notrebien-être. Pour en ressentir les bienfaits, cette plénitude dont parlent actuellement tant delivres, blogs et magazines spécialisés, il faut maîtriser les bases toutd’abord. Ce quel’onnenousdit pas, parcontre, c’est que nous nesommes pas tous égaux devant l’agilitédes doigts et la patience.Cette dernière qualitéest en effet essentielle pour atteindrelenirvana de la maille.Selon JulieChanel, tricotern’est passi facile : « Il yabeaucoup de paramètres àprendreen compte lorsque l’on débute.Comprendrecomment tenir son fil, son aiguille,savoirquelle maille on va tricoter… Il yaénormémentd’informations àgérer en même temps. » Mais bonne nouvelle,lapatience et la persévérance s’apprennent aussi. Commentdébuter ? Aylin abeaucoup appris avec Carole Jaquesqui tientlaboutique Page 20 T Morgane Mathieu (34 ans) sortson troisième livre sur le tricot avec des modèles pour débutants et avancés. ENTRETIEN AVEC MORGANE MATHIEU, « TRICOPATHE » Du fil au vêtement Qui vous aappris àtricoter ? Ma baby-sitter,quand j’étais toute petite, puis je m’y suis remise àl’école d’art. AParis, avec mes copines de Design Textile,onseretrouvait pour tricoterdans des cafés entre deux cours. Pourquoi cet artisanat ? Même si c’est une activité chronophage, j’aime son caractèreimmédiat : lorsqu’on a uneidée, on peut toutdesuite empoigner les aiguilles et se lancer. C’est très satisfaisant parcequ’on voit le projet évoluersousnos yeux, un bout de fil devenir un vêtementfonctionnel. Le tricot est aussi très pratique,onpeuttricoter où on veut, quand on veut, tout enfaisant autre chose (papoter entre amis, écouter un podcast, regarder un film ou lire unlivre pour les plus habiles). Etes-vous « tricopathe » ? Oui je croisbien ! (rires) Mais je ne sais pas si ça compte puisque c’est un travail plus qu’un loisir. Je serais plutôt tricopathe/workaholic... En vivez-vous ? Oui, c’est mon activitéprincipale. Les premières années, je faisais pas mal de projets en parallèle et je suis passée par l’étape des petits jobs, mais j’arrive aujourd’hui à vivredutricot. « Je peux pas, j’ai tricot ! », Morgane Mathieu du blog Trustthe Mojo, Ed.Dessain &Tolra/Larousse 2020, 30 fr., en vente chez Coop (uniquementdanscertains magasins) Coopération N°50 du 7décembre 2020 19