ILLUSTRATION CAROLINE RUTZ,ALIAS CARO Pleurercomme uneMadeleine Contrairement àceque l’on pourrait penser,iln’y apas de rapportavec l’irrésistible pâtisserie bosselée évoquée par Marcel Proust. Dans une première variante de l’expression, datant du XIII e siècle, on disait : faire la Madeleine,ausens de montrer du regret. Les larmes sont arrivées plus tard. En effet, c’est depuis le début du XIX e que l’on pleure comme une Madeleine,c’est-à-dire àchaudes larmes, en abondance. L’expression vient de la Bible : elle évoque la pécheresse repentie qui inonda de ses pleurs les pieds du Christ. Tomberdansles pommes Parmi les quatre langues nationales, seul le français possède une expression pour désigner le fait de s’évanouir.Les chercheurs ont longtemps cru que les pommes de cette expression venaient d’une déformation du mot littéraire pâme,signifiant syncope, évanouissement. De nouvelles hypothèses évoquent toutefois une évolution de l’expression du XIX e siècle : être dans les pommes cuites,qui signifiait être très fatigué. Etre haut comme troispommes Il est amusant de constaterque la hauteur d’un enfant est désignée par trois fromages en allemand (Dreikäsehoch). Il faut dire que certains objets étaient décrits au XVII e siècle de façonhumoristique en nombre de fromages. En français, ce sont les pommes qui sont employées dans l’expression. En romanche, les enfants peuvent être affectueusement qualifiés de culs-au-sol,enréférence àleurpetite taille –comme si àcause de leurs jambes si courtes, leurs fesses touchaient le sol (tgilgiun-plaun) ! En italien enfin, c’est un sou de fromage (alto come un soldo di cacio) qui est de mise… Pédaler dansleyogourt Employée en Suisse romande, l’expression signifie que l’on rencontre des difficultés empêchant d’avancer dans une tâche. En France, on dit plutôt pédaler dans la choucroute ou dans la semoule.Mais dans tous les cas, on retrouve l’idée de faire du surplace,celle d’un mouvement rendu vain par le milieu alimentaire. Dans leur Dictionnaire des expressions et locutions, Alain Rey et Sophie Chantreau soulignent que l’incongruité est réalisée par « le rapprochement des pieds et de la substance comestible ». 20 Coopération N°49 du 1er décembre 2020 |