FAMILLE DÉBAT « Les enfants doivent être pris au sérieux » Demain, la Conventiondes droits de l’enfantfêtera le 30 e anniversairedeson entrée en vigueur. Cette question restetoujours d’actualité, même ici. Le pointavecPhilip Jaffé, psychothérapeute et membreduComitédes droits de l’enfantdes NationsUnies. Comment vont lesenfants en Suisse, en 2019 ? La vaste majorité des enfants grandit dans de bonnes conditions avec des prestations scolaires etmédicales de qualité. Globalement, les enfants suisses sont heureux. Mais il existedes îlots importantsd’inquiétude. Parexemple,les taux de dépression sontplutôt hautset cela se reflète dans le nombre élevé de tentativesdesuicide et de suicides aboutis. Malgréladifficultédeparler du suicide des jeunes, nous devrions en permanence et àl’échelle nationale êtreen lutte contre cephénomène, comme on essaie deprévenir les accidents ou de réduirel’alcoolisme. Comment expliquer ce mal-être ? La société est en mutation : transformation de la famille,pressiondes parents, urbanisation, émiettement social et perte du contact avec lanature… On attend beaucoup plus des jeunes. Ils perdent deleur innocence trop rapidementaucours de leur développement. Philip Jaffé Psychothérapeute et membre du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies TEXTE MÉLANIE HAAB On parle beaucoup des troubles de l’attention, troubles DYS, etc. Ya-t-il effectivement plus d’enfants avecdes troubles qu’autrefois ? Les taux ont doublé en vingt ans. Une partie de l’augmentation est dueàl’amélioration des capacités àposer un diagnostic. Mais elle est également causée par une forme d’intolérance sociale auxturbulences normales de l’enfance, cesenfants se retrouvant « soignés » sans une bonne indication médicale. Le Comité des droits de l’enfants’inquiète d’ailleurs du nombre élevé d’enfants suisses qui sont soignés avec des médicaments psychotropes, dontlaRitaline. Parce qu’ils perturbent la classe ? En un motunpeu réducteur, oui ! Dans notre société, onvoudrait plutôt des enfants sages qui neperturbent pas et qui nefont pas trop de bruit. En même temps, les enfants aujourd’hui sonttrop sédentaires, passent trop de temps devant des écrans. Ils ne se défoulent plus suffisammentsur le plan physique, le contact avec lanature est réduit, le temps du jeu libreégalement. En milieu urbain et semi-urbain, leur périmètre d’exploration autonome s’est ratatiné. Les enfants sont plutôt confinés dans desespaces quileurs sontdédiés. La Suisse n’aratifié la Convention qu’en 1997.Pourquoi ? Page 99 LES 10PRINCIPAUX DROITS DE L’ENFANTLedroit d’être protégé contre toute forme de discrimination en raison de sa race, de sa religion, de son origine ou de son sexe.Ledroit d’avoir un nom et une nationalité.Ledroit àune alimentation suffisante et saine.Ledroit d’être soigné et de bénéficier de soins et de traitements adaptésàl’âge.Ledroit àl’éducation.Ledroit d’être nourri, logé et de grandir dans de bonnes conditions.Ledroit de jouer,derire, de rêver.Ledroit d’accéder àl’information, d’exprimer son avis et d’être entendu.Ledroit d’être protégé de la violence et de l’exploitation.Ledroit àune protection spéciale pour tous les enfants réfugiés et/ouhandicapés. 96 Coopération N°47 du 19 novembre 2019 PHOTOS GETTY IMAGES,DR |