mon 5 majeur l'invitée 4 janvier 1965 La date d’anniversaire d’Yvan. Je suis très anniversaire. J’aime les naissances. 2 mars 1991 La mort de mon père. C’est quand même une date que je ne peux plus jamais oublier. Je préfèrerais me souvenir de son anniversaire, mais non, c’est la date de sa mort. 1997/2002/2011 La naissance de mes trois enfants. Vous avez travaillé avec Beck, Air et aujourd’hui Connan Mockasin. Au cinéma, vous avez été dirigée par Michel Gondry, Todd Haynes, Patrice Chéreau ou encore Lars von Trier. Vous estimez-vous chanceuse ? Oui, bien sûr. Qu’avez-vous de plus que les autres pour susciter autant de désir chez ces artistes ? Je n’ai pas l’impression d’avoir quelque chose de plus que les autres. C’est juste que c’est un métier où il y a énormément de prétendants et peu à pouvoir le faire. C’est uniquement une question de chance. C’est pour cette raison que je m’estime chanceuse. Mais je ne dis pas que j’ai des qualités que d’autres gens n’ont pas. Et ça ne m’intéresse pas de mieux me connaître ou d’avoir un avis sur moi. Ça n’avance pas à grandchose. Lorsque j’ai fait Antichrist, je ne savais pas pourquoi Lars m’avait choisie. Je ne savais pas ce qu’il avait vu de moi. Je ne savais pas ce qu’il connaissait de moi. Lui avez-vous demandé ? Non, je n’ai pas osé. Pour le coup, je me disais juste que j’avais de la chance d’être là. Le personnage était anonyme. Enfin, il n’avait pas de prénom. Moi, je débarquais en Allemagne. Tout était très étranger et très lointain. Et maintenant, savez-vous pourquoi Lars von Trier vous prend pour son nouveau projet, The Nymphomaniac ? Non, je ne sais pas du tout. L’histoire de cette femme qui raconte sa vie sexuelle fait déjà beaucoup parler d’elle pour son côté sulfureux et ses scènes explicites… Il a fait exprès d’en parler. Déjà, lui donner ce titre-là, ça a du sens. Ce n’est pas gratuit. Mais, même moi, ça me fait peur. On vous imagine discrète. Alors quelle idée vous passe par la tête pour vous mettre autant en danger chez Lars von Trier ? Effectivement, je suis discrète. Je me demande même quelle idée m’anime pour monter sur scène. Je me le 18 H CommeauCinema.com le mag H mai-juin 2012 H N°26 demande car ce n’est pas dans ma nature. Comme tous les gens timides, il y a une part de moi-même qui a vraiment envie de se pousser. Ma timidité m’a toujours énervée. J’ai du mal à l’assumer. Et donc, tout ce qui me fera sortir de moi, ou me provoquera, m’attire. J’ai envie de me surprendre là où je ne m’attends pas. On peut alors parler de défi à relever… Inconsciemment, oui. Mais ensuite, je ne défie pas gratuitement. Il faut que je sois portée par quelque chose qui, à mon sens, vaille le coup. Lorsqu’en 2009, vous recevez le Prix d’interprétation féminine pour Antichrist, à quoi pensez-vous ? J’ai appris que j’avais le prix lorsque j’étais à Paris. C’était tellement joyeux. Cette euphorie a duré du coup de fil à la remise des prix le lendemain. J’ai un peu plané. C’était très excitant. À cet instant, mesurez-vous tout le chemin accompli pour arriver à ce Prix d’interprétation ? Pas du tout. Il y avait juste le truc de devoir monter sur scène et de ne pas savoir quoi dire. Ce n’est pas une chose facile. Y a-t-il une Charlotte Gainsbourg actrice et une Charlotte Gainsbourg chanteuse. Ou est-ce la même personne ? Je crois que je suis exactement la même. Néanmoins, mes préoccupations sont différentes. Sur scène, j’ai vraiment un leitmotiv que je suis obligée de me rappeler : faire ça pour le plaisir. Je repousse mes angoisses et me lâche plus. Au cinéma, je m’attache davantage aux détails. Je suis plus obsessionnelle et me laisse aller à ma vraie nature. Avec la musique, non. Il faut que j’oublie pour aspirer à d’autres horizons. La musique a quelque chose d’un tout petit peu plus planant. Le 16 mai, vous jouez au Razzmatazz à Barcelone. Trouverez-vous quand même le temps de regarder la cérémonie d’ouverture ? |