Des objets en bois et de l’ameublement Vincent Loiret Que dire des objets en bois ? Qu’ils ont toujours existé, ou presque. Nous imaginons souvent à tort, du fait de leur conservation, que les silex étaient les premiers outils fabriqués par l’homme. Mais l’homme a sans nul doute commencé par utiliser le bois, plus tendre à la mise en œuvre. Et puis les objets en bois ont toutes les formes possibles, ou presque, et il y en a partout. Il en existe en définitive de toutes sortes : pour la cuisine, pour le travail, pour les loisirs, pour la maison… Il y a même des chaussures en bois, des vélos en bois, et il est sûrement possible, en cherchant un peu, de trouver des vêtements en bois. La question de l’ameublement, évoquée en titre, pourrait nous engager à parler dès à présent des meubles en bois, mais le problème n’est pas du tout là ! Avec l’avènement du plastique et des matériaux composites, le statut des objets en bois a muté. Ils sont peu à peu devenus le symptôme d’une forme de propreté qui siérait à la bonne morale. Certains pays, tels les pays nordiques, sont traditionnellement et culturellement plus liés à ces objets. Mais en France ? Les objets en bois y sont devenus une image. Le bois serait écologique, sain, bien. C’est beau. Ces objets en bois sont-ils cependant si bons, si justes ? Une forme d’usurpation n’est-elle pas en train de se jouer ? Si les années 1980 ont été le vaste terrain de jeu d’un optimisme euphorique, les années 1990 ont en revanche vu s’installer une crise générale : les promesses d’un troisième millénaire radieux s’y sont révélées de plus en plus ternes. La pollution, l’épuisement des matières premières et des ressources énergétiques ont commencé à être évoqués avec inquiétude. L’époque s’engage alors à réfléchir plus sérieusement à l’écologie. Le plastique ne fait plus bonne figure. Le bois, la pierre et le métal deviennent des matériaux nobles, synonymes de durabilité. À un moment où tout le monde est en recherche de valeurs sûres, s’opère un retour à la nature. Quelques designers se sont rapidement immiscés dans cette brèche. De toute évidence, les objets en bois seraient plus propres que les objets en plastique. On commence alors à fabriquer tout et n’importe quoi à partir de ce matériau. Et puis l’on se rend compte que les objets en bois sont aussi synonymes de déforestation, que le bois utilisé est souvent exotique et exploité dans des conditions fort éloignées d’un développement durable. De plus, c’est un matériau lourd et qui, lorsqu’il vient de loin, n’est ni économique, ni écologique. 22 |