CNRS Le Journal n°270 jan/fév 2013
CNRS Le Journal n°270 jan/fév 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°270 de jan/fév 2013

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 8 Mo

  • Dans ce numéro : Les OGM de la discorde

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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© R. HARRIS/SPL w 8 Géophysique Depuis 2000 ans, le champ magnétique de la Terre a perdu 30% de son intensité. Deux études nous éclairent sur ces phénomènes d’instabilité. par Gaëlle LahorEAU Qu’il fait bon vivre sur Terre, protégé des particules et des rayons mortels de l’espace grâce à l’atmosphère et au champ magnétique de notre planète… Toutefois, le magnétisme terrestre peut varier considérablement. Il lui arrive ainsi de faiblir, comme on l’observe actuellement : depuis 2000 ans, il a perdu près de 30% de son intensité. Plus embêtant, il lui arrive de disparaître quasi totalement, et même de s’inverser : cela se traduit par une permutation des deux pôles magnétiques, Nord et Sud. De quoi perdre la boussole ! Coup sur coup, deux laboratoires viennent de livrer des études éclairantes sur ces phénomènes. Le Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege) 1 s’est penché sur l’ « excursion de Laschamp », survenue il y a 41 000 ans. Il s’agit d’une inversion qui a échoué. À l’époque, le champ magnétique a fortement faibli avant de disparaître temporairement. Les pôles magnétiques se sont très brièvement inversés, mais ont très vite repris leur position normale. « Or, nos résultats indiquent que le taux de perte de magnétisme que nous enregistrons actuellement est du même ordre que celui qui a précédé la disparition du champ magnétique terrestre avant l’excursion de Laschamp, explique Nicolas Thouveny, | Actualités cnrs I LE JOURNAL La Terre va-t-elle perdre son champ magnétique ? excursion. Phénomène d’instabilité du champ magnétique terrestre où les pôles magnétiques s’inversent avant de revenir à leur position initiale. directeur du Cerege et responsable du projet Mag-Orb 2, financé par l’Agence nationale de la recherche. Si aucun rebond n’intervient, le champ magnétique sera réduit de moitié d’ici à 1000 ans et s’annulera d’ici à 2 000 ans. Un flux excessif de rayons et particules cosmiques pénétrera alors dans l’atmosphère avec de possibles impacts sur la biosphère, la santé humaine et les technologies. » Pour leur étude, les chercheurs se sont appuyés sur des mesures de béryllium 10, un isotope produit dans l’atmosphère lors de réactions provoquées par l’impact de particules cosmiques. Leurs travaux, publiés dans Journal of Geophysical Research 3, montrent que la disparition temporaire du champ magnétique lors de l’excursion de Laschamp s’est accompagnée du doublement de la production de béryllium 10, et ce partout sur la planète. À l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP) 4, ce sont dix inversions « réussies », enregistrées dans des coulées volcaniques, qui ont intéressé les chercheurs. Alors que la durée de ces processus était estimée à une dizaine de milliers d’années, l’équipe parisienne, associée à l’Institut de géophysique et de pla nétologie d’Hawaï, révèle que le basculement des pôles n’excède pas 1000 ans et que cette étape est encadrée par deux autres phases d’une durée maximum de 2 500 ans, pendant les- Le noyau terrestre vu w Du haut de leur orbite, certains satellites permettent déjà de deviner ce qui se passe à l’intérieur du noyau liquide de notre planète, en mesurant en permanence le champ magnétique à la surface du globe. Des chercheurs viennent peut-être de trouver un autre moyen d’ « observer » ce noyau : les satellites gravimétriques, qui mesurent cette fois la gravité. Qui dit mouvement de métaux en fusion dans le noyau, dit variation de masse, et donc in fine variation de pesanteur sous nos pieds. Encore fallait-il le montrer ! Une équipe franco-allemande a réussi : elle a mis en évidence une connexion étroite entre les variations de quelles le champ magnétique a été très faible et très instable. « La rapidité du basculement par rapport aux deux autres phases suggère des mécanismes différents qu’il reste à comprendre. Ces caractéristiques sont de nouvelles contraintes pour les modèles de la dynamo terrestre », souligne Jean-Pierre Valet, coauteur de l’étude publiée dans Nature 5. En laissant pénétrer dans l’atmosphère des particules et des rayons dangereux, ces affaiblissements du champ magnétique ont-ils provoqué par le passé des extinctions d’espèces ? Les données actuelles ne permettent pas encore d’apporter de réponses.
N°270 I janvier-février 2013 de l’espace pesanteur et celles du champ magnétique observées sur une zone centrée sur l’Afrique, entre 2002 et 2010. « Ce lien persiste après retrait des autres effets influençant la gravité, principalement dus au cycle de l’eau. Cela suggère donc une origine liée au noyau », souligne Isabelle Panet, chercheuse associée à l’Institut de physique du globe de Paris et coauteur de l’étude publiée dans la revue Pnas 1. G.L. 1. Pnas, 20 novembre 2012, vol. 109, n°47,pp. 19 129-19 133. Contact : Isabelle Panet >isabelle.panet@ign.fr 1. Unité CNRS/IRD/Aix-Marseille Université/Collège de France. 2. Le projet Mag-Orb, lancé en 2009, est consacré à l’étude des séquences d’inversions et excursions du champ magnétique terrestre, pour comprendre ses variations. 3. Journal of Geophysical Research, 8 novembre 2012, vol. 117. 4. Unité CNRS/UPMC/Université Paris-Diderot/Université de La Réunion. 5. Nature, 4 octobre 2012, vol. 490, n°7418,pp. 89-93. Contacts : Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement, Aix-en-Provence Nicolas Thouveny > thouveny@cerege.fr Institut de physique du globe de Paris, Paris Jean-Pierre Valet > valet@ipgp.fr q Vue d’artiste du champ magnétique terrestre. Par Éloïse Layan Actualités | Biologie Le mamba noir s’attaque à la douleur w Sa morsure est mortelle. Et pourtant, le mamba noir pourrait donner naissance à une nouvelle classe de médicaments antidouleur. Dans un article publié dans la revue Nature 1 en octobre, l’équipe d’Éric Lingueglia au sein de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC) 2 a révélé les propriétés analgésiques de peptides isolés à partir du venin de ce serpent. « Nous les avons baptisés « mambalgines » : « mamba » en référence au reptile, et « algine » en référence à l’effet antidouleur », explique le chercheur. Une spécificité de cette équipe est de travailler sur les venins et d’isoler les toxines animales capables de bloquer les canaux ioniques ASIC, impliqués dans la transmission du signal douloureux. L’étude a duré environ cinq ans. En tout, ce sont plus de 50 venins qui ont été passés au crible avant de retenir celui du mamba noir. Après des tests in vitro, des expériences menées sur des souris ont mis en évidence les propriétés antidouleur des peptides inhibiteurs des canaux ASIC. La mambalgine pourrait même être plus intéressante que la morphine. En effet, elle ne présente pas certains des effets secondaires du célèbre analgésique. Ainsi, pour un effet antidouleur similaire, l’injection de mambalgine À voir sur le journal en ligne : le film sur le mamba noir. q Dans le venin de ce serpent, les chercheurs ont trouvé des molécules aux propriétés analgésiques. 9 w n’est pas suivie de dépression respiratoire (une baisse de la fréquence respiratoire). Autre avantage : le phénomène de tolérance (l’accoutumance qui entraîne la diminution des effets) est moindre. Éric Lingueglia se dit confiant quant à la transposition à l’homme, « même s’il faut rester prudent », et indique que la société Theralpha, à Sophia-Antipolis, travaille déjà sur le développement de la molécule. Mais surtout, c’est « un outil pharmacologique qui permet de disséquer le rôle des canaux ioniques dans la douleur ». L’étude a ainsi démontré l’implication de sous-types particuliers de canaux ASIC dans la nociception, notamment le canal ASIC1b. La mambalgine, en plus d’être un candidat médicament, a révélé de nouvelles cibles, sur lesquelles se concentrer pour identifier de nouveaux analgésiques. 1. Nature, 25 octobre 2012, vol. 490, n°7 421,pp. 552-555. 2. Unité CNRS/Université de Nice-Sophia-Antipolis. Contact : Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire, Valbonne Éric Lingueglia > lingueglia@ipmc.cnrs.fr Nociception. Perception des stimulus à l’origine de la douleur. © J.-F. Trape



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