CNRS Le Journal n°270 jan/fév 2013
CNRS Le Journal n°270 jan/fév 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°270 de jan/fév 2013

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 8 Mo

  • Dans ce numéro : Les OGM de la discorde

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Mit lAURE CA ! lLOCE L• 10 octobre dernier, jour de l'annonce du prix Nobel de littérature, il avait mis UJX bouteille de chamJXl8nc au fn1is. au cas où.• Du rumeurs ammien dtpuis qlle.lques semaines sw rme b-etttl,eUe auribution à Mo Yan », nKOntc Noël Dutrah en nous accueillnt d..'lnS son bui'Cau mai'Scillais. u sein de l'lnst itut ck recherche s1.1r l'Asie (lrnsia}'dont il C'St le directtur. l'mscignantcherchrur en l ; a.ngue et lit tératur'('chinoi se spécialiste de la littt rature contemporaine et traducteur de plushur$ ouvrages de l'écrivain, ne cache pas son excitation lorsque la nouvdle t"$1 tombée : • lmagiuez. c'est mo, deuxiime Nobel, apris celui rie Gao Xingjian, en 20()0 ! • JI n'en tire pour tant nulle gloire, si cc n'est celk d'avoir eu le flair de dire oui ; \une propos.ition du St-uil, un beau ; our de 199'9. c Contmiffmtnl à Cao Xingjitm. qut j'ai CO"IIfltiiCt tl traduFre UJIIS Mite ur d a/or$ q.ue r JOtuu: m: s'itttlresJtlit d lui ttl Franu. je n'ai pasdko1nYrl Mo Yan. Quallflotz m'a prop< » /Le Pay$ de J'akool, sou prcmitr ouvmge pub/il iti, j'avais déjà. d'tu x ou trois traductiom sur le fu. Raisonnablement, j'au mis dt1 re/11ser, • 28'Portrait CHJ
N°270 I janVIEr-février 2013 Portrait | 29 w tombe alors sur un prospectus de la méthode Assimil couvert de mystérieux idéogrammes et n’a de cesse d’en percer le secret. Son bac en poche, il part étudier le mandarin à l’université de Provence – son professeur n’est autre que le traducteur officiel du président de la République ! –, puis à Paris. En 1975, il est le troisième étudiant de France à décrocher le CAPES de chinois : il devient professeur de lycée à Bordeaux, puis à Lyon. Mais la Chine, Noël Dutrait ne la découvre vraiment que quelques années plus tard, grâce à un stage de deux mois proposé aux jeunes professeurs. « C’était en 1979, et ça a été une vraie claque, se souvient-il. Le pays sortait à peine de la Révolution culturelle. L’un de nos professeurs chinois a fondu en larmes quand nous l’avons invité au restaurant. C’était la première fois qu’il était autorisé à sortir avec des étrangers ! » En 1982, on lui propose un poste d’assistant à l’université de Provence. Un an plus tard, il soutient sa thèse sur le thème de la littérature de reportage chinoise et devient dans la foulée enseignant-chercheur. Son nouveau statut lui ouvre grand les portes de la Chine. « À partir de là, j’ai eu la chance de m’y rendre régulièrement, jusqu’à trois ou quatre fois par an ! » Il « Ce n’est pas moi qui ai découvert Mo Yan [Nobel 2012]. En revanche, j’ai commencé à traduire Gao Xingjian [Nobel 2000] alors qu’il n’avait pas d’éditeur. » © E. FRANCESCHI poURCNRSLEjoURNAL mène une belle carrière universitaire. Il devient professeur des universités et assume de nombreuses responsabilités : directeur du département de chinois, d’UFR et même vice-président de l’université. Ses voyages lui permettent de poursuivre simultanément ses recherches sur la littérature contemporaine chinoise. « À la fin de la Révolution culturelle, on a assisté à une véritable explosion des œuvres de fiction. Les Chinois n’en pouvaient plus des livres de propagande. Ils ont découvert les romans étrangers et se sont mis à écrire avec frénésie ! » Il hante les librairies de Chine à la recherche des nouveaux talents et y découvre des auteurs comme A Cheng ou Gao Xingjian, notamment. Littérature en vogue En 1988, le festival « Les belles étrangères », organisé par le ministère de la Culture, fait venir des écrivains chinois en France. L’événement marque le début d’un véritable engouement pour cette littérature dans l’Hexagone. Le sinologue ne cessera plus d’enchaîner les conférences et les colloques ; il multiplie les articles et ouvrages de recherche, tel son Petit précis à l’usage de l’amateur de littérature chinoise contemporaine 2, et se lance avec passion dans la traduction. « J’ai commencé à traduire des textes pour moi, afin d’être sûr de les comprendre intimement », précise-t-il. Quand les commandes d’éditeurs commencent à affluer, la traduction devient une aventure de couple. « Ma femme, rewriteuse et correctrice dans l’édition, était titulaire d’une licence de chinois. Je faisais le premier jet car j’étais meilleur qu’elle en chinois, elle repassait derrière moi car elle était meilleure en français, puis nous faisions ensemble une dernière lecture à voix haute… » la confiance des Écrivains Son activité de traducteur lui permet de nouer des relations privilégiées avec les écrivains, qu’il rencontre régulièrement, en France ou en Chine. « Il y a quelques années, Mo Yan nous a emmenés visiter Gaomi, la ville où il situe tous ses romans. Lors d’une soirée arrosée, j’ai vraiment eu l’impression de me retrouver dans son roman Le Pays de l’alcool ! » Gao Xingjian, dont il a assuré la plupart des traductions françaises, a quant à lui insisté pour que le traducteur espagnol de La Montagne de l’âme travaille depuis la version française des Dutrait… Le sinologue ne se lasse pas des nouveaux défis. Nommé il y a un an à la tête de l’Institut de recherche sur l’Asie, il a désormais pour mission de faire travailler ensemble littéraires, anthropologues, historiens, sociologues… Un beau challenge ! « Je ne sais pas si je vais encore avoir le temps de traduire des romans », s’inquiète celui qui se verrait bien ne faire plus que cela, une fois la retraite venue. 1. Unité CNRS/Aix-Marseille Université. 2. Paru en 2002 aux Éditions Philippe Picquier, et réédité en version augmentée en 2006. Contact : Institut de recherche sur l’Asie, Marseille Noël Dutrait > noel.dutrait@univ-amu.fr



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