CNRS Le Journal n°270 jan/fév 2013
CNRS Le Journal n°270 jan/fév 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°270 de jan/fév 2013

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 8 Mo

  • Dans ce numéro : Les OGM de la discorde

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 16 - 17  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
16 17
©fOLCher/GEODEVA/IRD-CNRS © CampagnegeODEVA IRD-CNRS 08 MArégraphe. Appareil enregistrant les variations du niveau de la mer. 16 09 10 repère géodésique. Marqueur dans le sol qui sert à repérer un point de la Terre et à suivre son mouvement. scientifique, « nous avons eu la chance de pouvoir installer des marégraphes sur deux hauts-fonds, situés à l’aplombde la trajectoire de satellites altimétriques et sur deux plaques distinctes. C’est une configuration idéale pour mesurer les mouvements verticaux relatifs des deux plaques. » Un important réseau de stations GPS et sismologiques permanentes a également été installé 4 dans l’archipel, et les chercheurs ont passé des mois à localiser les séismes et à recalculer la position de la quarantaine de repères géodésiques déjà présents au Vanuatu depuis le milieu des années 1990. « En complétant les mesures et les analyses réalisées depuis 1999 par Stéphane Calmant à l’IRD, nous sommes parvenus à mettre en évidence 5 un mouvement vertical sous-marin de quelques millimètres par an », indique Valérie Ballu. Un faible mouvement, que personne n’était jamais parvenu à observer dans un environnement sous-marin, où que ce soit dans le monde. Et la preuve, pour les | En images cnrs I LE JOURNAL scientifiques, d’une accumulation de contraintes, annonciatrice d’un puissant séisme dans le siècle à venir. « Il ne s’agit pas de minimiser les effets liés au changement climatique, tient à signaler Valérie Ballu. Mais de prendre conscience de l’ensemble des aléas auxquels un environnement est soumis. » 1. « Comparing the role of absolute sea-level rise and vertical tectonic motions in coastal flooding, Torres Islands (Vanuatu) », PNAS, 9 août 2011, vol. 108, n°32,pp. 13019-13022. 2.unité CNRS/upmC/Université Paris-Diderot-Paris-VII/Université de La Réunion. 3. Unité CNRS/Université de La Rochelle. 4.financé grâce à l’Agence nationale de la recherche (ANR), le Centre national d’études spatiales (Cnes) et l’Institut national des sciences de l’univers (Insu). 5. « Using altimetry and seafloor pressure data to estimate vertical deformation offshore : Vanuatu case study », Advances in Space Research, publié en ligne le 13 juin 2012. Contact : Littoral, environnement et sociétés, La Rochelle Valérie Ballu > valérie.ballu@univ-lr.fr 08 Grâce à des marégraphes, les chercheurs suivent l’évolution de la hauteur d’eau de part et d’autre de la frontière entre les plaques australienne et pacifique. 09 Des bouées GPS placées à l’aplombdes marégraphes permettent de déterminer les variations du niveau de la mer. Combinées avec celles des marégraphes, ces données serviront à déduire les mouvements verticaux des plaques tectoniques. 10 Le Vanuatu est aussi soumis à des risques volcaniques. Sur l’île Tanna, les habitants vivent sous la menace permanente du volcan Yasur, capable de formidables explosions. 11 Les chercheurs contribuent à sensibiliser les populations aux risques qui les menacent. Un rôle indispensable pour mettre en place des plans de prévention adaptés. 11 À voir sur le journal en ligne : la suite du reportage photo au Vanuatu. © T. VERGOZ/CNRS PhOTOThèque © IRD-CNRS
N°270 I janvier-février 2013 Décryptage | 17 Par grégory fléchet Pour décrire le monde, les physiciens des particules disposent d’une théorie : le modèle standard. Cette Bible recense toutes les particules élémentaires et la manière dont elles interagissent. Au fil des années, une « nouvelle physique » est apparue pour pallier les manques de ce modèle. Les physiciens ont ainsi développé des concepts comme la super symétrie, inventé des particules comme les « nouveaux bosons de jauge massifs » ou la « 4 e génération de fermions » … Mais cette nouvelle physique est-elle démontrable ? Les derniers résultats obtenus au LHC (Grand collisionneur de hadrons), à Genève, ne plaident pas en sa faveur. Ce que l’on vient de montrer Le 12 novembre 2012, un phénomène rare a été observé par les physiciens menant l’expérience LHCb (qui explore comment a été créé l’Univers), à laquelle participent plusieurs équipes du CNRS : ils ont identifié une désintégration de particules appelées « mésons B étranges ». Selon le modèle standard, les mésons B étranges ont 3,5 chances sur 1 milliard de produire une paire de muons lorsqu’ils se désintègrent. Or, « grâce aux données collectées en 2011 et à la moitié de celles accumulées en 2012, nous avons pu mesurer qu’une telle désintégration avait 3,2 chances sur 1 milliard de se produire », indique Laurent Serin. Bien que cette mesure expérimentale nécessite encore d’être affinée, elle n’en demeure pas moins très proche de la valeur prédite par le modèle standard. Ce résultat conforte donc un peu plus la solidité de celui-ci, déjà appuyé par la découverte, en juillet 2012, d’une nouvelle particule qui pourrait bien être le fameux boson de Higgs décrit par ce même modèle 1. Ce que cela implique « Si les derniers résultats du LHC illustrent la difficulté de mettre en défaut le modèle standard, ils ont aussi permis Physique des particules Les derniers résultats du LHC confortent la théorie du « modèle standard ». Laurent Serin analyse leur impact sur la « nouvelle physique ». La nouvelle physique prise à revers © CERN/LHCb Team Muon. Particule élémentaire de charge négative ayant les mêmes propriétés physiques que l’électron mais dont la masse est 207 fois plus grande. SPIn. Propriété quantique pouvant prendre des valeurs entières (0,1,2…) ou demi-entières (1/2, 3/2…) selon les particules. d’éliminer certaines hypothèses issues de la nouvelle physique, celles sans le boson de Higgs par exemple », souligne Laurent Serin. D’autres théories restent en course, comme la supersymétrie, mais les scientifiques du LHC doivent apporter la preuve expérimentale de leur validité. Leur stratégie ? Scruter les effets possibles de ces théories dans des phénomènes encore jamais observés : « De tels effets peuvent être révélés en mesurant des déviations par rapport au modèle standard de phénomènes très rares comme la désintégration repérée par LHCb, précise le physicien. L’autre stratégie consiste à explorer des domaines d’énergie encore non atteints par les expériences du LHC dédiées à l’observation de nouvelles particules. » Ce qu’il reste à découvrir D’ici peu, les équipes du LHC parviendront à caractériser la nature précise du boson repéré le 4 juillet 2012. « L’exploitation des données statistiques générées par les expériences Atlas et CMS au cours des trois dernières années devrait permettre de confirmer que son spin est bien de valeur 0 », assure Laurent Serin. Si tel est le cas les scientifiques auront alors montré que cette particule s’apparente de plus en plus au boson de Higgs du modèle standard. © CNRS Audiovisuel PMA laurent serin Ce spécialiste de la physique des particules est directeur adjoint scientifique à l’IN2P3 du CNRS. Il y supervise notamment les moyens de calcul nécessaires à l’exploitation des données provenant des expériences du lhc (Grand collisionneur de hadrons). Le fonctionnement du LHC a été interrompu depuis peu afin de consolider les connexions des aimants supraconducteurs, et reprendra à l’horizon 2015. Les faisceaux de protons qui y entrent en collision atteindront alors un niveau d’énergie deux fois plus élevé qu’en 2012. Cette montée en puissance pourrait permettre de produire et de visualiser de nouvelles particules de très haute masse. Et peutêtre, cette fois, de remettre en cause le modèle standard au profit d’une nouvelle physique à très haute énergie. 1. Lire l’article « Enfin le boson de Higgs ? », CNRS Le Journal n°268,pp. 6-7. q L’expérience lhcb a mis en évidence la désintégration du méson B étrange en une paire de muons (lignes violettes), donnant raison au modèle standard. Contact : Institut national de physique nucléaire et de physique des particules, Paris Laurent Serin >lserin@admin.in2p3.fr



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :