cnrs I LE JOURNAL w 10 | Rubrique Actualités Géophysique Pourquoi les planètes perdent-elles leur atmosphère ? Par Grégory Fléchet w Dans le système solaire, les planètes disposant d’une atmosphère voient celle-ci s’étioler inexorablement. Mais pour quelles raisons ? Les mécanismes fondamentaux expliquant cette perte sont encore en partie mystérieux. Une équipe internationale menée par des chercheurs de l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble (Ipag) 1 apporte aujourd’hui un nouvel éclairage sur le phénomène. Leur étude 2 s’est focalisée sur Mars, Vénus, la Terre ainsi que sur Titan, l’un des satellites de Saturne. Elle met pour la première fois en cause le rayonnement solaire ultraviolet dans la raréfaction de leur atmosphère. « Le vent solaire qui affecte constamment chacune d’elle est, depuis plusieurs années, considéré comme le principal responsable de cet échappement atmosphérique, mais il ne peut expliquer à lui seul la totalité du phénomène », rappelle Jean Lilensten, planétologue à l’Ipag. Grâce à une modélisation des processus qui conduisent à l’échappement atmosphérique au cours du temps, les scientifiques sont parvenus à simuler précisément l’action du rayonnement solaire ultraviolet. Leur analyse confirme que ce rayonnement ultraviolet provoque, dans l’atmosphère supérieure des trois planètes et du satellite, la formation d’ions qui s’échappent en plongeant dans le champ magnétique porté par le vent solaire. Dans le cas de Mars et de Vénus, vent solaire. Flux de plasma constitué d’ions et d’électrons éjectés à 450 km/s de la haute atmosphère du Soleil. l’étude montre que ce rayonnement est capable d’arracher deux électrons au dioxyde de carbone (CO 2) qui compose l’essentiel de leur atmosphère. Ainsi doublement chargée, la molécule de CO 2 est instable et se scinde en deux ions positifs, principalement CO + et O +, qui se repoussent mutuellement à une vitesse moyenne de 6 km/s. Une vitesse suffisante pour permettre au gaz d’échapper à l’attraction de Mars (mais pas à celle de Vénus, huit fois plus massive) et de se disperser ensuite dans l’espace. La part de responsabilité du rayonnement solaire ultraviolet est marginale dans l’érosion des atmosphères denses de Vénus et de la Terre. Elle était aussi marginale, il y a 3,6 milliards d’années, dans la fuite de l’atmosphère de Mars qui était cent fois plus importante qu’aujourd’hui. Mais, pour Mars, l’impact du rayonnement solaire n’a cessé de croître : « À mesure que le réservoir atmosphérique se vidait, le phénomène a naturellement pris de l’ampleur », souligne Jean Lilensten. Selon les calculs des chercheurs, l’ensemble des mécanismes à l’œuvre sur la planète rouge pourrait provoquer la disparition presque complète de son atmosphère d’ici à 2 milliards d’années. 1. Unité CNRS/Université Joseph Fourier. 2. Icarus, janvier 2013, vol. 222, n°1,pp. 169-187. qL’atmosphère de Mars pourrait disparaître d’ici à 2 milliards d’années. Contact : Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble Jean Lilensten > jean.lilensten@obs.ujf-grenoble.fr © nasa archéologie i Le port antique qui alimentait Rome en blé a été localisé. Il est situé au nord-ouest de la cité d’Ostie, sur la rive gauche de l’embouchure du Tibre, révèle une équipe franco-italienne dirigée par un chercheur du CNRS. Les carottages menés dans la région démontrent qu’à sa fondation, entre le iv e et le ii e siècle avant J.-C., le bassin était profond de 6 mètres : la profondeur d’un grand port maritime. virologie i L’efficacité d’un gel microbicide pour bloquer l’infection par le virus du sida a été démontrée chez un modèle primate par des chercheurs du CEA, de l’université Paris-Sud et du CNRS. Dans ce gel, de petits peptides piègent le virus en mimant la molécule CD4, l’un des récepteurs qui permet au VIH d’entrer dans les cellules cibles de l’organisme. Il s’agit d’une démonstration de principe, préalable indispensable avant tout essai clinique. biologie i Non contentes de percevoir la gravité, les plantes savent aussi reconnaître leur propre courbure et la rectifier. C’est ce que montrent pour la première fois des chercheurs de l’Inra et du cnrs. Ces travaux permettent de mieux comprendre comment les arbres forestiers peuvent rester droits au fil des ans et offrent de nouvelles pistes pour l’amélioration génétique de la forme des troncs, notamment. astronomie i Les anneaux des planètes auraient pu donner naissance à la grande majorité des satellites naturels dans le système solaire. Déjà testé sur Saturne et sa kyrielle de lunes, ce modèle proposé par deux chercheurs français vient d’être étendu avec succès aux autres planètes géantes comme Uranus et Neptune. Il pourrait même expliquer la présence des satellites des planètes dites terrestres, comme la Terre ou Pluton. Plus d’actualités sur www2.cnrs.fr/presse/Santé Une molécule par Sebastián Escalón w De nouvelles pistes se dessinent pour traiter la schizophrénie. Car, si les hallucinations et les délires causés par cette maladie sont efficacement combattus par les neuroleptiques et antipsychotiques, ces médicaments ne traitent pas les troubles cognitifs. Or ceux-ci sont aussi très invalidants, comme les déficits de l’attention et les problèmes d’ordre relationnel. Cependant, une récente étude francobritannique, menée par les scientifiques de l’Institut de génomique fonctionnelle |