w 12 Les noyaux aromatiques livrent leurs secrets wCette image est une prouesse : jamais on n’avait pu voir de si près les liaisons chimiques d’une molécule si complexe. Celles-ci, représentées en vert, relient 13 noyaux « aromatiques », des cycles composés ici de 6 atomes de carbone formant des hexagones. elles sont observées de si près qu’il a même été possible de déterminer les densités locales en électrons ! « Cet exploit technologique va permettre d’obtenir de nombreuses informations quant aux propriétés des molécules polyaromatiques. Notamment, celles des rubans de graphène qui, demain, pourraient équiper les processeurs | Actualités cnrS I Le JOURNAL de nos ordinateurs », explique andré Gourdon 1, coauteur de ces travaux publiés le 14 septembre dans la revue Science 2. Pour réaliser cette performance, l’équipe européenne a équipé la pointe d’un microscope d’un « mouchard » : une molécule de monoxyde de carbone dont l’atome d’oxygène est naturellement attiré par les électrons, mais aussi repoussé lorsqu’il s’en approche de trop près. des « approches » réalisées à – 270 °C, afin d’obliger la molécule à ne pas bouger pendant la pose. g.L. 1. du centre d’élaboration de matériaux et d’études structurales (Cemes)/Unité cNRS. 2. Science, 14 septembre 2012, vol. 337, n°6100,pp. 1326-1329. Contact : Centre d’élaboration de matériaux et d’études structurales, toulouse André Gourdon > andre.gourdon@cemes.fr Génétique Syndrome Cornelia de Lange : un nouveau gène identifié Par SebastiáN eScalón wUne nouvelle étape est franchie dans la compréhension du syndrome Cornelia de Lange, cette maladie génétique rare qui affecte, en moyenne, une naissance sur 30 000 en Europe. Peu connue, elle se caractérise par de sévères anomalies du développement entraînant des malformations de la face, du crâne, des extrémités supérieures et du cœur, ainsi que des retards de croissance et des atteintes neurologiques. Grâce à une collaboration internationale à laquelle ont pris part des chercheurs de l’Institut génétique et développement de Rennes (IGDR) 1, un nouveau gène responsable de ce syndrome vient d’être découvert. Appelé HDAC8, il code une enzyme qui régule l’activité d’un complexe protéique essentiel au processus de développement : la cohésine. En effet, lors de la division cellulaire, la cohésine permet à la cellule mère de transmettre de manière fidèle les chromosomes aux deux futures cellules filles. © E. WatRIN/IGDR q Le gène découvert a des effets sur la cohésine. Celle-ci joue un rôle lors de la division cellulaire pour que les chromosomes (visibles ici) de la cellule mère soient fidèlement transmis aux cellules filles. Elle est aussi indispensable pour réparer les dommages de l’ADN et intervient dans la régulation de nombreux gènes. Cette découverte 2 est une avancée majeure pour la génétique associée au syndrome de Cornelia de Lange. Car HDAC8 est le cinquième gène identifié dont les mutations causent cette maladie. Il constitue un nouveau marqueur génétique à analyser chez les populations à risque. Il permet ainsi de dépister q En vert : les liaisons chimiques d’une molécule aromatique de nanographène. le syndrome lors du diagnostic préimplantatoire réalisé pour les procréations médicalement assistées. Néanmoins, les chercheurs ont encore du pain sur la planche : chez 40% des individus atteints, on ne connaît toujours pas l’origine génétique de la maladie. Mais ces travaux dépassent largement le cadre de cette pathologie. « D’un point de vue fondamental, ces recherches nous permettent d’en savoir plus sur les mécanismes moléculaires qui soustendent les fonctions de la cohésine, explique Erwan Watrin, chercheur à l’IGDR. Cette dernière est nécessaire au maintien de la stabilité du génome : son dysfonctionnement entraîne une instabilité génétique et peut causer des cancers. » 1. Unité CNRS/Université Rennes-I. 2. Nature, août 2012, vol. 489, n°7415,pp. 313-317. Contact : Institut de génétique et développement, rennes Erwan Watrin > erwan.watrin@univ-rennes1.fr © IBM RESEARCH – ZURICH |